
Ana Carolina Cordilha, chercheuse en économie, tire la sonnette d'alarme sur un phénomène grandissant et inquiétant : la « financiarisation » de notre protection sociale.
La Sécu et les Hôpitaux sur les Marchés : Comment ça Marche ?
Face aux déficits accumulés, l'État a créé des organismes spéciaux, comme la Cades (Caisse d'amortissement de la dette sociale), dont le rôle est de reprendre la dette de la Sécurité Sociale.
Pour ce faire, la Cades, mais aussi d'autres organismes comme l'Acoss et même directement les hôpitaux (publics et privés), empruntent massivement de l'argent en émettant des « titres » (des obligations) sur les marchés financiers. Des investisseurs (banques, fonds d'investissement, souvent étrangers) achètent ces titres, prêtant ainsi de l'argent à notre système de santé.
Le Prix Caché : Qui Paie Vraiment l'Addition ?
Cette stratégie a un coût, et pas des moindres. Pour rembourser ces emprunts et surtout payer les intérêts et commissions aux investisseurs, la Cades utilise des recettes dédiées, principalement issues de la CSG et de la CRDS – c'est-à-dire prélevées sur nos salaires et revenus.
Depuis 1996, selon les estimations d'Ana Carolina Cordilha, ce sont près de 79 milliards d'euros qui ont ainsi été transférés de la poche des contribuables vers le secteur financier, majoritairement international !
Pire encore, cette dépendance aux marchés change la donne. Les décisions concernant l'utilisation de l'argent de la Sécu ne sont plus seulement guidées par nos besoins de santé, mais également par la nécessité de rassurer les investisseurs et les agences de notation.
On craint qu'une « mauvaise image » fasse fuir les capitaux, quitte à potentiellement sacrifier des dépenses de santé jugées moins rentables ou plus risquées.
Pourquoi en est-on Arrivé Là ?
Contrairement aux idées reçues, le problème principal n'est pas une mauvaise gestion, mais un manque criant de recettes.
Ce « sous-financement » résulte de décennies de choix politiques qui ont allégé les charges des entreprises (via des exonérations de cotisations sociales) sans toujours compenser intégralement ce manque à gagner pour la Sécu.
La Cour des comptes elle-même estime que sans ces allègements, la Sécurité sociale n'aurait pas connu de déficit ces dernières années (hors période Covid).
Emprunter sur les marchés devient alors une solution de facilité pour continuer à faire tourner le système à court terme, sans remettre en cause ces politiques de fond.
Reprendre le Contrôle : Quelles Solutions ?
Face à cette dérive, que faire ? La chercheuse plaide pour plusieurs pistes :
Quelle « Catastrophe » Voulons-Nous Vraiment Éviter ?
Avec un déficit de la Sécu et une dette hospitalière qui continuent de grimper, la pression des marchés financiers risque de s'accentuer.
Si les décideurs craignent la « catastrophe » d'une mauvaise note par une agence de notation, ne devrions-nous pas, nous, citoyens, être bien plus effrayés par la vraie catastrophe : celle des urgences qui ferment, des lits supprimés, des déserts médicaux qui s'étendent et d'un système de santé à bout de souffle ?
Il est urgent de se poser les bonnes questions et de débattre collectivement de l'avenir de notre bien commun le plus précieux : la Santé. N.D.L.R : et, la Sécurité sociale !
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