
Introduction : Un modèle envié… mais en danger
La France est connue pour son système de protection sociale, qui couvre retraites, santé, chômage et famille. Ce système repose sur la solidarité : chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins. Pourtant, depuis 30 ans, ce modèle est fragilisé par des choix politiques qui ont détourné ses ressources. Cet article explique comment les mécanismes de financement ont été transformés, au risque de mettre en péril nos retraites et notre Sécurité sociale.
1. Comment fonctionne le financement de la protection sociale ?
Les cotisations sociales : le cœur du système
À l’origine, la protection sociale est financée par des cotisations prélevées sur les salaires :
Les employeurs versent environ 40 % du salaire brut.
Les salariés paient 20 % (prélevés sur leur bulletin de paie).
Ces cotisations alimentent quatre « branches » :
- Maladie (soins, arrêts de travail).
- Retraites.
- Famille (allocations, crèches).
- Accidents du travail.
Problème : Depuis les années 1990, les gouvernements successifs ont réduit les cotisations patronales pour « soulager les entreprises ».
2. Les caisses mystérieuses : FRR et CADES
Le FRR : une épargne pour les retraites
Le Fonds de Réserve pour les Retraites (FRR) a été créé en 1999 pour préparer le « papy-boom » (l’arrivée massive des baby-boomers à la retraite, nous y sommes). Son but ? Investir l’argent des cotisations pour le faire fructifier. Exemple : c'est comme si vous mettiez 100 € par mois sur un livret d’épargne pour vos vieux jours.
- Objectif initial : atteindre 150 milliards d’euros d'ici à 2030 !
- Réalité en 2024 : Le FRR ne dispose plus que de 20 milliards.
La CADES : le « rouleau à dettes »
La Caisse d’Amortissement de la Dette Sociale (CADES) est créée en 1996 pour rembourser la dette de la Sécurité sociale. Elle fonctionne comme un crédit :
- Elle emprunte de l’argent sur les marchés financiers.
- Elle le rembourse grâce à la CRDS (0,5 % prélevé sur tous les revenus) et une partie de la CSG (Contribution Sociale Généralisée, impôt sur les revenus).
Problème : La CADES devait disparaître en 2024… mais elle a été prolongée jusqu’en 2033, avec… une dette de 155 milliards d’euros !
3. Le cercle vicieux : baisse des cotisations = dettes = ponctions sur les retraites
Les exonérations patronales : un trou de 90 milliards par an
Depuis 30 ans, les gouvernements ont accordé aux entreprises des allègements de cotisations sociales :
- 1993 : Allégements pour les bas salaires (plan Balladur).
- 2003-2017 : Lois Fillon, pacte de responsabilité (Hollande), réformes Macron.
- 2018-19 : crise des gilets jaunes (mais, ça n'a rien à voir ? Ben, pour Macron, si.) On vous explique plus loin.
Résultat : Les entreprises versent 90 milliards d’euros de moins par an en cotisations.
Conséquence : La Sécurité sociale manque d’argent. Pour combler ce déficit, l’État a trouvé une solution…
Le détournement du FRR vers la CADES
Depuis 2010, le FRR (Fonds de réserve des retraites) doit verser 2,1 milliards par an à la CADES (Caisse d'Amortissement de la Dette Sociale) pour éponger la dette sociale.
Comparaison : C’est comme puiser dans votre épargne retraite pour rembourser un crédit à la consommation.
Observation : depuis 2010, et peut-être avant, mais, on n'osait pas le dire, la protection sociale est une dette ! Sauf que, la sécu comme les retraites sont, que je sache, financées par des contributions salariales et patronales. Et, que ce « pognon de dingue » (700 milliards) attire bien des convoitises de la part de tous les gouvernements.
- Montant total transféré : 30 milliards d’euros de 2011 à 2024.
- Manque à gagner : sans ces prélèvements, le FRR aurait 89 milliards en 2024 (source : Sénat).
4. Les conséquences pour les retraites et la démocratie
Les retraites en première ligne
Report de l’âge légal : les réformes (2010, 2023) allongent la durée de cotisation pour « sauver le système». Pourtant, les régimes de retraite sont excédentaires… si on ne compte pas les prélèvements pour la CADES !
Baisse future des pensions : le COR (Conseil d’Orientation des Retraites) estime qu’un retraité sur deux touchera moins de 1 200 € par mois en 2050.
Un hold-up démocratique
Aucun débat au Parlement : Les transferts FRR → CADES sont automatiques, sans vote annuel.
Les citoyens mis à l’écart : La gestion de la CADES est confiée à des technocrates (6 représentants de l’État sur 11 au conseil d’administration).
5. Le cas Macron : l’accélérateur du système
Les mesures « gilets jaunes » : un double prélèvement sur les retraites et les cotisations
En 2018, les 17 milliards d'euros de mesures sociales (prime d'activité, majoration du SMIC) ont été financés par une combinaison toxique pour le système social :
Comment les exonérations patronales ont alimenté le mécanisme ?
Le tour de passe-passe comptable :
Étape 1 : L'État reporte le versement du CICE (aide annuelle aux entreprises de 20 milliards/an).
Étape 2 : Ce report est comptabilisé comme une « économie » de 3,8 milliards pour le budget de l'État.
Étape 3 : En réalité, ce report crée une dette sociale supplémentaire, car le CICE était initialement financé par… la CADES !
Conséquence pour les citoyens :
Les entreprises gardent le bénéfice du CICE (baisse de leurs cotisations).
Les ménages paient deux fois :
Via le FRR (retraites futures sacrifiées).
Via la CRDS (0,5 % sur leurs revenus jusqu'en 2033).
Un rapport du Sénat résume : « Le choix de financer l’urgence sociale par la dette sociale constitue un hold-up intergénérationnel » (2020).
Le CICE : un cadeau aux entreprises
Le Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi (CICE), créé en 2013 (par Hollande devant, mais Macron derrière) a coûté 60 milliards d’euros aux caisses sociales. Transformé en baisse de cotisations en 2019, il coûte encore 20 milliards par an… sans créer d’emplois significatifs, ce qui était la condition (source : Cour des comptes).
Conclusion : Comment sortir de l’engrenage ?
Le système actuel repose sur trois injustices :
- Envers les retraités : leur épargne (FRR) sert à combler les déficits créés par des cadeaux aux entreprises.
- Envers les salariés : les cotisations salariales augmentent (CSG), tandis que les exonérations patronales profitent aux actionnaires.
- Envers les jeunes : ils devront cotiser plus longtemps pour des pensions plus faibles.
Solutions possibles :
- Arrêter les transferts FRR → CADES pour reconstituer le « bouclier retraites »
- Rétablir les cotisations patronales sur les hauts salaires et les dividendes.
- Un débat national sur qui doit financer la protection sociale : les salaires… ou l’impôt ?
Le saviez-vous ?
La CRDS (0,5 % sur tous vos revenus) devait servir à rembourser la dette sociale jusqu’en 2024. Elle a été prolongée jusqu’en 2033… sans que personne vous demande votre avis.
Lexique :
CSG : Contribution Sociale Généralisée, impôt prélevé sur tous les revenus.
CRDS : Contribution pour le Remboursement de la Dette Sociale.
CICE : Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi.
COR : Conseil d’Orientation des Retraites, organisme chargé des projections.
Cet article a été rédigé par Deep Research de Perplexity.ai; à partir des données de la Cour des comptes, du Sénat et du Conseil d’orientation des retraites (et des questions et remarques de Guy DERIDET).
N.D.L.R
Après tout cela, on ne peut que s'étonner que les entreprises passent leur temps à geindre qu'elles sont les plus taxées d'Europe. En théorie, peut-être, mais dans la réalité, certainement pas.
Quant aux déficits récurrents de la Sécu ou des retraites, vous savez maintenant d'où il vient.
Personnellement, j'ai découvert à la fin de la crise des gilets jaunes quand Micron a fini par lâcher les milliards et que j'ai appris que cela serait financé en grande partie par des exonérations patronales de Sécurité sociale. Apparemment, nous n'étions pas nombreux à être scandalisés par ce tour de passe-passe.
Calmer la colère des manifestants en leur prenant l'argent de leur Sécurité sociale pour le donner, de façon indirecte, aux entreprises, il fallait le faire quand même.
Ce qui n'empêche pas Micron de geindre, dès qu'il le peut, sur le « pognon de dingue » que couterait la protection sociale.
Quel cynisme ! Ce président, qui ne l'est plus dans les faits heureusement, est vraiment la pire des avanies qui soit arrivée à ce pays depuis des décennies.
Vous trouverez en fichier PDF joint à cet article des annexes instructives à l'attention de ceux qui s'intéressent à ce sujet.