
Introduction
Cet article a été réalisé avec la collaboration de l'intelligence artificielle Deep Research, de Perplexity.ai.
Nous sommes partis d'une analyse de la situation de l'enseignement supérieur public en France. J'ai ensuite demandé à l'IA. de comparer avec la situation de l'enseignement supérieur privé en France. La comparaison étant édifiante, j'ai demandé à l'I.A d'en tirer les conclusions. Non sans lui suggérer que cette différence considérable entre les universités publiques et les universités privées en France, n'était, à mon avis, certainement pas le fait du hasard. Non seulement l'IA a confirmé mon intuition, mais elle l'a parfaitement développé.
Voilà ce que j'appellerai une collaboration fructueuse 😉. C'est vraiment un plaisir de travailler avec une Intelligence artificielle désormais capable de réfléchir.
La situation de l'enseignement supérieur français n'a jamais été aussi alarmante qu'en ce début d'année 2025.
Alors que les universités françaises ont toujours su traverser les crises, elles font face aujourd'hui à un défi sans précédent qui menace leur existence même. Décryptage d'une crise systémique qui pourrait durablement redessiner le paysage universitaire français.
Une crise financière historique
Les chiffres sont implacables et témoignent de l'ampleur de la catastrophe. Le budget 2025 de l'enseignement supérieur a subi une coupe drastique d'un milliard d'euros par rapport à 2024, passant de 31,8 milliards à 30,9 milliards d'euros d'euros. Cette réduction budgétaire intervient dans un contexte dans lequel 80 % des universités affichent déjà de réelles difficultés financières.
La situation est d'autant plus critique que les établissements doivent simultanément faire face à des surcoûts massifs liés à des mesures salariales et aux hausses des prix de l'énergie, sans compensation financière de l'État. Le gouvernement a également imposé aux universités une augmentation de leur contribution au compte d'affectation spéciale des pensions, alourdissant encore davantage leur charge.
Face au danger cette situation, la réponse du ministère se résume à renvoyer les universités à leur trésorerie cumulée (2,5 milliards d'euros à l'échelle nationale), ignorant que ces fonds sont déjà engagés sur des opérations ciblées et contractualisées. Comme le soulignent les présidents d'université, cette trésorerie ne peut être réorientée vers des dépenses courantes comme les factures d'électricité ou les salaires.
Des conséquences concrètes et dramatiques
Les effets de cette crise budgétaire se font déjà sentir sur le terrain. Des plans de retour à l'équilibre sont votés dans plusieurs établissements, entraînant une réduction du nombre de formations, des ressources documentaires, des travaux dirigés et le non-remplacement du personnel partant à la retraite. Camille François, enseignant en sociologie à Paris VIII, témoigne que le budget de son laboratoire va être amputé de plus de la moitié.
Pour lui, cette situation est non seulement grave, mais profondément injuste : « C'est important d'avoir une population qui est qualifiée, qui va à l'université, qui enseigne dans de bonnes conditions. On préempte l'avenir.”
Les bibliothèques universitaires sont également touchées. Solweig, bibliothécaire universitaire, explique : « Si on a moins de personnel, c'est plus compliqué d'ouvrir. On a, dans certains endroits, moins d'argent pour acheter des ressources pour les étudiants. C'est un gros souci.” Elle observe aussi la fermeture de formations sans raison apparente : « Il y avait une formation X ou Y dans telle université avec 100 places ; eh bien, il n'y en a plus que 50. Ou s'il y avait 50 places, il n'y en a plus du tout. »
Une mobilisation qui s'amplifie
Face à cette situation catastrophique, le monde universitaire se mobilise. Le 3 décembre 2024 a marqué une étape importante avec une journée nationale de mobilisation intitulée
« Universités en danger ».
Cette mobilisation, initiée par France Universités, a conduit une délégation de présidentes et présidents à obtenir un rendez-vous en urgence auprès du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.
La contestation s'est poursuivie en 2025. Dès la fin des vacances de février, des assemblées générales ont été organisées dans une vingtaine d'universités. Le 11 mars 2025, plusieurs centaines de personnes, dont des enseignants et des étudiants, ont manifesté à Paris, Rennes et Toulouse contre les coupes budgétaires, à l'appel d'une large intersyndicale.
Alexis, militant au Poing Levé à Paris 8, témoigne de cette mobilisation croissante : « Cette semaine, nous étions une centaine en AG. C'est un début. La semaine prochaine, on fera le tour des salles de cours pour faire débrayer les élèves et on ira manifester. »
Un modèle universitaire en mutation forcée
Cette crise financière s'inscrit dans une évolution plus profonde du modèle universitaire français. Historiquement caractérisé par un pilotage central fort et une faible autonomie des établissements, le système évolue vers une autonomie contrainte par des restrictions budgétaires.
Camille François alerte sur les conséquences à long terme : « Cette »casse' de l'université publique sert aussi à venir grossir le marché des formations privées, qui sont bien souvent de moins bonne qualité et obligent les étudiants à s'endetter pour les suivre. Cette casse matérielle est aussi symbolique en termes d'image, de réputation de l'université.
Anne Roger, secrétaire générale du Snesup-FSU, souligne que l'université fonctionne déjà sur un mode dégradé, avec des personnels qui compensent le manque de moyen en redoublant d'efforts. C'est très insidieux et de l'extérieur, on ne voit pas forcément le niveau réel de la dégradation.
Quelles solutions pour sortir de la crise ?
Face à cette situation critique, plusieurs pistes peuvent être envisagées pour sauver l'enseignement supérieur français :
- Un refinancement d'urgence : selon les organisations syndicales, 8 milliards d'euros seraient nécessaires à l'enseignement supérieur et la recherche publique pour remplir ses missions.
- Une réflexion sur la transition numérique : sans remplacer l'enseignement présentiel, certaines innovations technologiques pourraient permettre d'optimiser les ressources disponibles
- Une analyse fine des dépenses : identifier les postes budgétaires qui n'ont pas d'impact direct sur la qualité de l'enseignement et de la recherche pour réallouer les ressources
- Un renforcement de la coopération internationale : dans un contexte de mondialisation de l'enseignement supérieur, développer des partenariats stratégiques pourrait ouvrir de nouvelles perspectives.
L'avenir incertain de l'université française
L'université publique française, pilier de notre modèle républicain et vecteur d'ascension sociale, traverse aujourd'hui l'une des crises les plus graves de son histoire. Comme le rappelle Camille François, aujourd'hui, l'université publique, c'est celle qui accueille, dans une large majorité, les enfants d'origine populaire ou de petites classes moyennes qui ont de bons résultats au lycée et qui veulent prolonger leurs études supérieures.
La question qui se pose désormais est celle de la survie même de ce modèle. Les décisions budgétaires prises dans les prochains mois seront déterminantes pour l'avenir de l'enseignement supérieur français. Entre restriction budgétaire et nécessité de maintenir un enseignement de qualité accessible à tous, l'équation semble impossible à résoudre sans un changement radical de paradigme.
La crise actuelle pourrait bien marquer un tournant historique dans l'histoire de l'université française. Reste à savoir si ce tournant sera celui d'un renouveau ou celui d'un déclin irrémédiable.

Alors que l'enseignement supérieur public français traverse une crise financière sans précédent, le secteur privé connaît une expansion remarquable. Cette situation paradoxale mérite d'être analysée pour comprendre les dynamiques à l'œuvre dans notre système éducatif.
Pendant ce temps, l'enseignement supérieur privé connaît une croissance exponentielle. Depuis la réforme de 2018 sur l'apprentissage, le secteur privé lucratif a explosé, porté par la création massive de centres de formation d'apprentis (CFA)
Cette expansion repose sur plusieurs facteurs :
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La suppression des barrières à l'entrée pour la création d'écoles privées
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Un financement public massif via l'apprentissage
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L'absence de régulation stricte du secteur
Le groupe Galileo Global Éducation illustre parfaitement cette tendance, se présentant comme « le premier groupe mondial d'enseignement supérieur indépendant avec plus de 200.000 étudiants dans le monde».
Le contraste entre les deux secteurs est saisissant sur le plan financier :
D'un côté, les universités publiques doivent fonctionner avec des budgets en baisse constante. Le PLF 2025 annonce une stabilisation des crédits à 18,53 milliards d'euros après plusieurs années de hausse, mais cette apparente stabilité masque des réalités plus complexes, notamment la non-compensation de l'augmentation de la contribution au Compte d'affectation spéciale (CAS) Pensions.
De l'autre côté, les établissements privés bénéficient d'un « financement à guichet ouvert » via les aides à l'apprentissage. Ces subventions publiques sont essentielles à leur modèle économique, au point que ces écoles « ne pourraient survivre sans ces aides publiques.»
Cette situation révèle une incohérence flagrante dans la politique de l'État français. Comme le souligne Mathis d'Aquino, chercheur à Sciences Po Bordeaux, l'État se retrouve dans « une position intenable de grand financier du privé et de grand désengagé du public ».
Cette contradiction est d'autant plus frappante que la qualité des formations privées est parfois remise en question. Face à ces critiques, le ministère de l'Éducation a récemment annoncé une inspection interministérielle « pour une plus grande transparence du fonctionnement des établissements d'enseignement supérieur privés à but lucratif ».
Cette évolution pose plusieurs questions fondamentales :
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L'accessibilité à l'enseignement supérieur : alors que l'université publique accueille majoritairement les étudiants d'origine populaire ou des classes moyennes, la privatisation croissante risque d'accentuer les inégalités sociales.
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La qualité de l'enseignement : le chaos normatif avec « pas moins d'une trentaine de labels dans le supérieur » complique l'évaluation objective des formations privées.
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L'avenir de la recherche : contrairement aux universités, les établissements privés à but lucratif sont rarement impliqués dans la recherche fondamentale, essentielle au progrès scientifique.
La situation actuelle semble donc favoriser un transfert progressif de l'enseignement supérieur du public vers le privé, avec des implications profondes pour l'avenir de notre système éducatif et de notre société.

La Grande Braderie Nationale : comment Macron Organise Méthodiquement le Transfert du Public vers le Privé.
La situation actuelle de l'enseignement supérieur français n'est que la partie émergée d'un iceberg bien plus vaste. Depuis 2017, nous assistons à une transformation profonde et systématique de notre modèle social, où les services publics sont progressivement transférés vers le secteur privé.
Cette évolution n'est pas le fruit du hasard ou d'une simple contrainte budgétaire, mais bien celui d'une vision politique cohérente portée par Emmanuel Macron depuis son arrivée au pouvoir.
À travers cet article, nous allons analyser comment cette doctrine s'applique à l'enseignement supérieur et s'étend à l'ensemble des secteurs économiques et sociaux français.
Lorsque Emmanuel Macron plaide pour une « transformation systémique » de l'enseignement supérieur, ses mots ne sont pas anodins. Ils traduisent une conception qui, selon certains analystes, signifierait en gros « la fin du service public d'enseignement supérieur ». Cette vision s'inscrit dans une idéologie plus large qui considère que l'État doit se recentrer sur ses fonctions « essentielles » et s'inspirer des méthodes de gestion du secteur privé pour gagner en efficacité.
Cette conception n'est pas nouvelle chez l'actuel président. Déjà comme ministre de l'Économie sous François Hollande, Emmanuel Macron déclarait que le statut de la fonction publique « n'était plus adéquat » et remettait en question l'emploi à vie pour certaines missions.
Il questionnait ouvertement la pertinence d'avoir des fonctionnaires pour certaines tâches : « Je ne sais pas justifier que quelqu'un qui travaille dans la cybersécurité dans une PME soit un contractuel en CDD et que quelqu'un qui travaille, par exemple, dans mon ministère dans le développement économique, doit être un fonctionnaire".
Cette approche révèle une vision fondamentalement différente du service public, non plus comme un pilier du modèle social français, mais comme un secteur devant se plier aux logiques marchandes et concurrentielles.
L'enseignement supérieur constitue un exemple particulièrement frappant de cette transformation. Sous couvert de modernisation et d'adaptation aux « besoins des métiers », l'université généraliste est progressivement transformée en « simple école professionnelle spécialisée ».
Cette mutation répond à une logique d'employabilité immédiate plutôt qu'à une mission de formation intellectuelle et citoyenne de haut niveau.
Cette évolution s'accompagne d'un désengagement financier de l'État, créant un vide que le secteur privé est invité à combler. Ce n'est pas simplement une question de réduction de dépenses publiques, mais bien une restructuration profonde du paysage de l'enseignement supérieur français, où le secteur privé gagne progressivement du terrain.
Ce transfert s'opère selon plusieurs mécanismes :
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La réduction des budgets des universités publiques
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L'encouragement au développement de partenariats public-privé
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La promotion de l'autonomie des établissements (qui masque souvent leur mise en concurrence)
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L'alignement des formations sur les attentes immédiates du marché du travail
Cette transformation s'inscrit dans une stratégie plus globale qui vise à réformer l'État selon des principes inspirés du secteur privé, au nom de l'efficacité et de la modernité.
La méthode appliquée à l'enseignement supérieur n'est pas isolée. Elle s'inscrit dans une démarche plus large de transfert du public vers le privé qui touche l'ensemble des secteurs économiques et sociaux français.
Dès son arrivée à Bercy en 2014, Emmanuel Macron avait déjà annoncé une cession de 10 milliards d'euros d'actifs publics.
À son tableau de « ventes », on compte notamment les aéroports de Toulouse, Lyon et Nice, mais également des participations dans des entreprises stratégiques comme Safran, spécialisée dans l'aéronautique militaire.
Cette politique s'est poursuivie une fois à l'Élysée. Emmanuel Macron a notamment engagé la privatisation de la Française des Jeux, effectivement réalisée en 2019, et celle d'Aéroports de Paris, qui n'a été suspendue qu'en raison de la crise sanitaire.
Cette vague de privatisations est d'autant plus préoccupante que, comme le souligne un article, « la France a déjà abandonné aux investisseurs privés la plupart des sociétés industrielles, financières et commerciales qu'elle contrôlait ».
Les futures privatisations concerneront donc « forcément des entreprises qui assument directement des missions de service public ».
Le cas des transports publics illustre parfaitement cette tendance. La loi d'orientation des mobilités, par exemple, accompagne l'ouverture à la concurrence des lignes de bus de la RATP, prévue pour 2024.
Cette privatisation partielle risque de créer un système à deux vitesses, où le secteur privé se concentrera sur les lignes rentables, laissant au service public la charge des lignes moins fréquentées, compromettant ainsi l'égalité d'accès à la mobilité.
Pour mettre en œuvre cette vision, Emmanuel Macron s'est entouré de personnes partageant cette approche. Son gouvernement, formé après son élection, a été caractérisé par la présence de nombreux ministres et conseillers issus du secteur privé.
Ce gouvernement, rebaptisé « société civile », est en réalité composé d'anciens hauts fonctionnaires « ayant déjà servi sous des gouvernements de gauche et de droite, sous Sarkozy, Hollande, ou la Ville de Paris, mais partis poursuivre leur carrière dans le secteur privé ».
Cette « nouvelle aristocratie » soulève une question quant à sa capacité à tenir « à distance suffisante les anciens amis, anciens employeurs, anciens actionnaires ».
Cette composition gouvernementale illustre parfaitement la conception macronienne de l'État, qui doit s'inspirer des méthodes du privé et intégrer des personnes issues de ce secteur pour se transformer. Il s'agit là d'un véritable « partenariat public-privé» au sommet de l'État.
Face aux crises successives (mouvement des Gilets jaunes, pandémie de COVID-19, tensions internationales), la doctrine initiale a connu quelques ajustements tactiques, sans pour autant être fondamentalement remise en question.
Ainsi, Martin Vial, directeur général de l'Agence des participations de l'État, reconnaissait en 2021 que « la doctrine du gouvernement en termes de privatisations a évolué avec la crise sanitaire, notamment pour protéger la souveraineté économique et l'environnement ». Cette évolution se traduit par une attention plus grande portée à la « souveraineté économique, qui va au-delà de la souveraineté nationale ou de la défense».
Cependant, ces ajustements semblent davantage relever d'une adaptation aux circonstances que d'une remise en cause profonde. La politique de privatisation reste un axe majeur, simplement modulé en fonction du contexte et des résistances rencontrées.
Le plan France 2030, présenté en octobre 2021, illustre cette approche hybride. S'il prévoit « un investissement public et privé » pour répondre aux « grands défis de notre temps », la logique de fond reste celle d'un État qui intervient pour favoriser l'émergence « des futurs champions technologiques de demain», dans une perspective où le secteur privé joue un rôle prépondérant.
Le budget 2025, qui prévoit "un déficit en baisse à 5,4% du PIB", est souvent invoqué pour justifier les restrictions budgétaires imposées au secteur public. La nécessité de "redresser les finances publiques" sert d'argument pour réduire le périmètre de l'État et transférer certaines activités au secteur privé.
Toutefois, cette contrainte budgétaire semble appliquée de manière sélective. Si les universités publiques voient leurs moyens diminuer, d'autres secteurs bénéficient d'investissements importants. Par exemple, le plan France 2030 prévoit des investissements massifs dans certains domaines jugés stratégiques. Cette sélectivité révèle que la contrainte budgétaire, bien que réelle, n'explique pas à elle seule les choix politiques effectués. Elle sert plutôt de catalyseur à une transformation plus profonde de notre modèle social et économique.
L'analyse des politiques menées depuis 2017 révèle que le transfert progressif de l'enseignement supérieur du public vers le privé n'est pas une simple contradiction ou un effet collatéral de contraintes budgétaires. Il s'agit bien d'une volonté délibérée, inscrite dans une vision politique cohérente qui vise à transformer l'ensemble des secteurs économiques et sociaux de notre pays.
Cette transformation s'appuie sur une conception de l'État qui doit se recentrer sur ses fonctions « essentielles » et adopter les méthodes du secteur privé. Elle se traduit par un transfert progressif de nombreuses activités traditionnellement assurées par le service public vers le secteur privé, au nom de l'efficacité et de la modernité.
Loin d'être le fruit du hasard ou d'une simple contrainte extérieure, cette évolution relève d'un projet politique assumé, même si ses implications profondes pour notre modèle social sont rarement explicitées dans le débat public.
Ce constat invite à une réflexion collective sur l'avenir que nous souhaitons pour nos services publics et, plus largement, pour notre modèle de société.