On peut rajouter : augmentation des produits de première nécessité : 8%. On peut aussi enlever l'augmentation du SMIC.
L'édito de Bruno Donnet
Vous savez que j’ausculte régulièrement ici les bourdes, les loupés, bref… Les conneries qui se glissent… Parfois dans les journaux télévisés, mais, vous savez aussi que si je le fais, c’est parce qu’elles sont toujours… symptomatiques. En effet, elles signent généralement le manque de rigueur de leurs auteurs, la trop grande rapidité avec laquelle ils travaillent, leur manque de moyens, ou encore… de jugeote. Mais là, la toile sur laquelle je suis tombé est d’une toute autre nature car elle témoigne, non pas de la légèreté de celle qui l’a commise, mais de l’ineptie totale d’une décision politique !
Je vous raconte : mercredi, les JT avaient donc choisi de s’intéresser à l’augmentation maousse qui va s’abattre sur les prix des produits de première nécessité :
« Les prix du Crunch, du Nutella, des Chocapic et du Ricard pourraient bien exploser vendredi prochain »
Le 20 heures de France 2 en avait fait son ouverture et le 13 heures de TF1, son deuxième titre :
« + 8,4% la pâte à tartiner, + 8,6% le camembert. »
Une grosse augmentation des prix, en pleine période de grand débat sur le pouvoir d’achat… ça nécessitait… des explications :
« Tout vient de la loi alimentation votée en octobre dernier. »
Le 13 heures de TF1 a commencé à nous en donner. Et sur France 2, après qu’Anne-Sophie Lapix a exposé la grande nouveauté de la loi : "Cette loi interdit de vendre des produits sans aucune marge comme l’ont souvent fait les distributeurs pour attirer des clients."
La journaliste qui signait le reportage nous a précisé ce qu’elle stipulait au sujet des marges des distributeurs :
"à l’avenir, cette marge sera forcément égale ou supérieure à 10 %"
Voilà, interdiction de vendre à prix coûtant. Obligation de faire des marges au moins égales à 10%. On comprenait, parfaitement bien, que si les prix allaient grimper, c’était parce que les marges des hypermarchés étaient tenues d’augmenter. Et pourtant… Que nous a dit, dans son sujet, la Madame de TF1 ?
"Mais pour que ce ne soit pas le consommateur qui paye le plus, ce sont les grandes surfaces qui sont priées de réduire leurs marges."
Que les marges allaient baisser ! Elle n’a donc strictement rien compris à ce qu’elle était chargée de nous expliquer et nous a raconté absolument n’importe quoi. Mais est-ce que c’est si grave ? Eh bien la réponse est non. Pourquoi ? Parce que c’est la loi que nous ont pondu les cracks du gouvernement qui est totalement surréaliste. Surréaliste car elle repose sur un pari, hallucinant, qu’aucun mécanisme n’encadre et que France 2 a parfaitement résumé :
"Le pari du gouvernement : qu’avec cet argent récupéré, la grande distribution achète plus cher les produits aux industriels et qu’ensuite, les industriels rémunèrent mieux les producteurs."
Oui oui, vous avez bien entendu, c’est du billard à trois bandes, du ruissellement hypothétique, de la grande distribution vers les industriels, puis des industriels… vers les agriculteurs ! Comme si tous ces gens-là étaient des philanthropes et des amoureux transis du travail des éleveurs.
Alors voilà, à un moment où les français hurlent leurs problèmes de fin de mois, où les agriculteurs ne gagnent plus un radis, qu’une journaliste se soit dit : "nom d’une pipe, c’est pas possible, j’ai dû me gourer quelque part, des ministres n’ont pas pu être couillons au point de demander à Carrefour et Leclerc de s’en mettre encore plus dans les poches"… Je ne sais pas vous, mais moi, je trouve ça finalement assez rassérénant, car si comme je vous le disais en préambule, les bourdes sont toujours hautement symptomatiques, il arrive qu’elles témoignent non pas des troubles cognitifs des journalistes mais bel et bien de ceux dont ils sont chargés de nous parler.
N.D.L.R
Bruno Donnet conclut son lumineux article sur "les troubles cognitifs" des technocrates de Bercy.
Je serais beaucoup plus méchant que lui. C'est normal, Donnet travaille pour France Inter, je suis retraité. Donc, je peux (encore) m'exprimer plus librement que lui qui, c'est bien normal, doit songer à sa carrière et surtout à ses fins de mois.
En ce qui me concerne je ne peux pas croire une seconde que les têtes d’œufs de Bercy et celui qui les dirige soient stupides. On peut leur reprocher des tas de choses mais pas celle-là.
Ils ne pouvaient donc ignorer que les distributeurs et les producteurs ne baisseront pas leurs marges pour le bien des agriculteurs et des industriels, y compris agricoles. Ils savaient donc que les prix allaient fatalement et notablement augmenter. Ce qui n'a pas manqué de se produire.
Trois raisons expliquent l'apparente incohérence de cette loi alimentation :
1/ Elle a été votée avant le mouvement des gilets jaunes. Je suppose qu’aujourd’hui elle aurait beaucoup plus de mal à passer .
2/La technostructure qui nous gouverne, et en premier lieu son patron, Emmanuel Macron, se sont dit que les français ne comprendraient rien à cette salade et que ça passerait sans trop de douleurs. Et c'est ce qui se produit actuellement ; les gilets jaunes discutent maintenant du R.I.C et des 80 Km/h et cette augmentation des prix de presque 10 %, en ce moment, et alors que l'inflation ne dépasse pas 1,5-2%, ne les gêne pas plus que ça.
3/ Cette technique ressort de celle du "en même temps", chère à Macron. Sous le couvert d'une pensée soi-disant complexe, elle lui permet, depuis le début de son mandat, de faire exactement le contraire de ce qu'il dit. Et de s'afficher tranquillement comme étant de droite et de gauche, en même temps.
Pensée complexe ? Mon cul !
Désolé. Je suis rarement grossier sur ce site mais un tel foutage de gueule permanent me les brise menues.
Comme disait Chirac, qui était aussi tordu, mais moins hypocrite que Macron : plus c'est gros, plus ça passe ! Il disait aussi : les mensonges n'engagent que ceux qui les écoutent.
"En même temps" Macron a réussi, une fois de plus, à faire plaisir aux gros producteurs et aux distributeurs.
Quant aux conséquences désastreuses sur les agriculteurs et les consommateurs, les dindons de cette farce qui doit bien faire rire à Bercy, ça lui en touche une sans faire bouger l'autre.
Comme disait encore Chirac, un orfèvre en la matière.
P.S
Avec son "Grand débat", encore un foutage de gueule dans les grandes largeurs, Macron a réussi à remonter à 30% dans les sondages, alors qu'il stagnait aux alentours des 20%.
Comme quoi prendre les français pour des cons, ça continue de marcher !
Le lien vers l'édito de Brunot Donnet