Lors du discours de politique générale de Michel Barnier, les députés insoumis ont multiplié les invectives et les perturbations. Pour notre chroniqueur, l'écrivain Jérôme Leroy, même si le comportement de ces députés est condamnable, la nomination de Bruno Retailleau à Beauvau, dans un pays qui a dit majoritairement non à l'extrême droite, incarne merveilleusement le glissement de la France dans l'illibéralisme, c'est-à-dire un pays où l'on ne tient pas compte des élections.
Je lis, ici ou là, que les députés insoumis continuent à avoir un comportement de mauvais élèves dans l'enceinte de l'Assemblée. On l'a bien vu lors du discours de politique générale de Michel Barnier. Il faut dire que Michel Barnier, si on tient à filer la métaphore scolaire, illustre parfaitement, par anticipation, les ravages de l'avancement de l'âge du départ en retraite pour les profs enseignants en zone difficile : débit monocorde, voix faiblarde, usée, indifférence réelle ou feinte au brouhaha généralisé d'une classe devenue inattentive au bout de cinq minutes.
UN GLISSEMENT (TRÈS) DROITIER
Le prof était manifestement trop vieux, il ne tenait pas son monde. Il y a un âge pour tout. On dit que Michel Barnier aime sa Savoie natale. Pourquoi n'est-il pas, plutôt, en train de randonner sur les sommets, de respirer le bon air, de profiter de la neige tant qu'il y en a, parce qu'à la vitesse avec laquelle se déplument les glaciers au temps du réchauffement climatique, ça ne va plus durer très longtemps, les sports d'hiver. Pas plus que ne vont durer la démocratie, l'humanisme et la décence avec un Bruno Retailleau, qui rappelle l'époque où on appelait encore les CPE, les conseilleurs d'éducation, des surveillants généraux.
Bruno Retailleau, paradoxalement, a un avantage. C'est le seul, dans cette période, qui ne cache pas son jeu : il incarne merveilleusement le glissement de la France dans l'illibéralisme, c'est-à-dire un pays où l'on ne tient pas compte des élections, où l'on s'acharne sur des boucs émissaires, les immigrés, sans distinction, tiennent ce rôle, où l'on explique que l'État de droit est une vieille chose qui protège les méchants, qu'il faut changer les règles, que ce qui serait bien, ce serait un État Nouveau, comme au temps de Salazar au Portugal.
On sent bien que Bruno Retailleau hait ces mensonges qui nous ont fait tant de mal et qu'il a envie de dénoncer notre esprit de jouissance qui l'a emporté sur l'esprit de sacrifice. Retailleau, ce n'est pas compliqué, c'est le Canada Dry à l'envers : il n'a pas le goût du pétainisme, il n'a pas l'odeur du pétainisme, il n'a pas la couleur du pétainisme, mais c'est du pétainisme.
TOUT SAUF RESPECTABLE
Et, donc, il y a ce groupe d'élèves difficiles, les Insoumis, qui refusent la règle du jeu. À nouveau, dans des médias globalement serviles, toujours acquis au pouvoir en place quel qu'il soit, on a pointé du doigt ces mal élevés, ces saboteurs de la démocratie, ces insolents irrespectueux. Que les choses soient claires, je n'ai pas de sympathie délirante pour les Insoumis, ce n'est pas ma façon d'être à gauche, ni sur le fond, ni sur la forme.
Mais enfin, quand on m'explique qu'ils ne respectent pas les règles du jeu, de quelles règles parle-t-on ?
N.D.L.R : bonnes questions, non ?
Source : Jerôme Leroy, pour Marianne.net
Je lis, ici ou là, que les députés insoumis continuent à avoir un comportement de mauvais élèves dans l'enceinte de l'Assemblée. On l'a bien vu lors du discours de politique générale de Michel Barnier. Il faut dire que Michel Barnier, si on tient à filer la métaphore scolaire, illustre parfaitement, par anticipation, les ravages de l'avancement de l'âge du départ en retraite pour les profs enseignants en zone difficile : débit monocorde, voix faiblarde, usée, indifférence réelle ou feinte au brouhaha généralisé d'une classe devenue inattentive au bout de cinq minutes.
UN GLISSEMENT (TRÈS) DROITIER
Le prof était manifestement trop vieux, il ne tenait pas son monde. Il y a un âge pour tout. On dit que Michel Barnier aime sa Savoie natale. Pourquoi n'est-il pas, plutôt, en train de randonner sur les sommets, de respirer le bon air, de profiter de la neige tant qu'il y en a, parce qu'à la vitesse avec laquelle se déplument les glaciers au temps du réchauffement climatique, ça ne va plus durer très longtemps, les sports d'hiver. Pas plus que ne vont durer la démocratie, l'humanisme et la décence avec un Bruno Retailleau, qui rappelle l'époque où on appelait encore les CPE, les conseilleurs d'éducation, des surveillants généraux.
Bruno Retailleau, paradoxalement, a un avantage. C'est le seul, dans cette période, qui ne cache pas son jeu : il incarne merveilleusement le glissement de la France dans l'illibéralisme, c'est-à-dire un pays où l'on ne tient pas compte des élections, où l'on s'acharne sur des boucs émissaires, les immigrés, sans distinction, tiennent ce rôle, où l'on explique que l'État de droit est une vieille chose qui protège les méchants, qu'il faut changer les règles, que ce qui serait bien, ce serait un État Nouveau, comme au temps de Salazar au Portugal.
On sent bien que Bruno Retailleau hait ces mensonges qui nous ont fait tant de mal et qu'il a envie de dénoncer notre esprit de jouissance qui l'a emporté sur l'esprit de sacrifice. Retailleau, ce n'est pas compliqué, c'est le Canada Dry à l'envers : il n'a pas le goût du pétainisme, il n'a pas l'odeur du pétainisme, il n'a pas la couleur du pétainisme, mais c'est du pétainisme.
TOUT SAUF RESPECTABLE
Et, donc, il y a ce groupe d'élèves difficiles, les Insoumis, qui refusent la règle du jeu. À nouveau, dans des médias globalement serviles, toujours acquis au pouvoir en place quel qu'il soit, on a pointé du doigt ces mal élevés, ces saboteurs de la démocratie, ces insolents irrespectueux. Que les choses soient claires, je n'ai pas de sympathie délirante pour les Insoumis, ce n'est pas ma façon d'être à gauche, ni sur le fond, ni sur la forme.
Mais enfin, quand on m'explique qu'ils ne respectent pas les règles du jeu, de quelles règles parle-t-on ?
- De celles qui consistent à nommer un Retailleau à Beauvau dans un pays qui a dit majoritairement non à l'extrême droite il y a quelques mois ?
- De nommer un Premier ministre, certes courtois, mais qui reste issu d'une formation largement minoritaire ?
- De ne pas tirer les conclusions, pour un président de la République, de deux claques électorales successives, dont la seconde a été provoquée de sa propre initiative ?
N.D.L.R : bonnes questions, non ?
Source : Jerôme Leroy, pour Marianne.net