
L'empoisonnement du riz par l'arsenic :
une menace mondiale amplifiée
par le dérèglement climatique
Un article rédigé avec Perplexity.ai, version Deep Research
Des études scientifiques récentes révèlent que l'augmentation des températures et du dioxyde de carbone dans l'atmosphère entraîne une hausse alarmante de la concentration d'arsenic dans les grains de riz.
Cette contamination pourrait avoir des conséquences désastreuses tant sur la santé publique que sur la sécurité alimentaire mondiale, particulièrement dans les pays asiatiques où le riz constitue l'apport calorique principal pour des milliards de personnes.
L'arsenic dans le riz : un phénomène naturel aggravé
L'arsenic est un élément chimique naturellement présent dans les sols, parfois à de très fortes concentrations dans certaines régions comme Taïwan, le Bangladesh, le Chili ou l'Argentine. Ce métalloïde migre facilement dans les eaux souterraines et, par conséquent, se retrouve dans l'eau d'irrigation utilisée pour la culture du riz. La riziculture étant pratiquée dans des champs inondés, elle est particulièrement vulnérable à la contamination par l'arsenic.
La texture poreuse du grain de riz favorise l'absorption de contaminants environnementaux, ce qui explique pourquoi cette céréale est davantage concernée que d'autres cultures. Comme le souligne l'Observatoire des aliments, « le riz étant cultivé dans l'eau, il est particulièrement exposé à ce que l'on nomme l'arsenic inorganique ». Cette forme d'arsenic, combinée à des éléments comme le chlore, le soufre ou l'oxygène, est considérée comme plus toxique que l'arsenic organique car « il se métabolise dans le corps en formes dangereuses et s'accumule ».
En Asie, qui assure 97 % de la production mondiale de riz, l'arsenic est de plus en plus présent dans les eaux souterraines. « L'irrigation des rizières entraîne une accumulation d'arsenic dans les sols » aggravant un problème déjà préoccupant pour la santé publique mondiale.
Les différentes formes d'arsenic et leur toxicité
Il existe principalement deux types d'arsenic dans notre environnement : l'arsenic organique et l'arsenic inorganique. L'arsenic organique, généralement présent dans les produits marins comme le poisson, les mollusques et les crustacés, est considéré comme moins toxique pour l'organisme humain. En revanche, l'arsenic inorganique, celui que l'on retrouve essentiellement dans le riz, présente des risques sanitaires bien plus importants.
Cette forme d'arsenic est classée « cancérogène avéré par le CIRC » (Centre International de Recherche sur le Cancer). Son accumulation dans l'organisme peut provoquer divers problèmes de santé graves, notamment des cancers. La principale voie d'exposition à l'arsenic reste l'ingestion d'eau ou d'aliments contaminés, le riz figurant parmi les principales sources d'exposition pour de nombreuses populations à travers le monde.
Le dérèglement climatique comme amplificateur du problème
Les recherches récentes mettent en évidence un phénomène alarmant : le dérèglement climatique exacerbe considérablement le problème de contamination du riz par l'arsenic. Une étude majeure, menée pendant six ans par Lewis Ziska, physiologiste végétal et professeur associé à l'Université Columbia, a examiné la réaction de différentes variétés de riz face à l'augmentation des températures et du dioxyde de carbone.
Les résultats sont sans équivoque : « l'augmentation de la température et du CO2, calquée sur les projections des climatologues, entraîne une hausse de la concentration en arsenic inorganique dans les grains de riz ». Ce qui rend cette découverte particulièrement préoccupante, c'est l'effet synergique entre la température et le CO2. Comme l'explique le professeur Ziska : « Les recherches précédentes s'étaient concentrées sur des réponses individuelles, certaines sur le CO2, d'autres sur la température, mais jamais les deux combinés. Nous savions que la température seule pouvait augmenter les niveaux, et le dioxyde de carbone un peu aussi. Mais quand nous avons combiné les deux facteurs, le résultat a dépassé toutes nos attentes ».
Des mécanismes biologiques complexes
Une étude publiée dans Nature Communications en 2019 confirme ces observations : « Nous avons constaté qu'avec la montée des températures et l'accroissement du CO2 contenu dans l'atmosphère, les plants de riz absorbent de plus en plus d'arsenic contenu dans le sol ». Cette absorption accrue s'explique par des modifications physiologiques de la plante en réponse aux conditions climatiques changeantes.
Le réchauffement modifie les processus biologiques des plants de riz, facilitant l'absorption et la translocation de l'arsenic depuis les racines jusqu'aux grains. Parallèlement, l'augmentation du CO2 atmosphérique stimule la croissance des plantes, mais peut également altérer leurs mécanismes de défense contre les contaminants environnementaux.
Ces essais dans des champs contrôlés ont démontré que lorsque les deux facteurs sont combinés, la concentration d'arsenic dans le riz augmente de manière significative, dépassant les seuils considérés comme sûrs pour la consommation humaine dans de nombreux cas.
Conséquences sur la santé humaine
L'exposition prolongée à l'arsenic inorganique présent dans le riz peut entraîner de graves problèmes de santé. Selon les recherches actuelles, elle « provoque des cancers de la peau, de la vessie et des poumons, ou encore des maladies cardiaques ». Chez les nourrissons et les jeunes enfants, particulièrement vulnérables, cette exposition peut également causer « des problèmes neurologiques » susceptibles d'affecter leur développement cognitif.
L'arsenic inorganique est reconnu comme un puissant cancérigène par les organismes de santé internationaux. Son ingestion régulière, même à des doses relativement faibles, constitue un risque sanitaire important. L'absorption continue de quantités non négligeables d'arsenic peut aussi entraîner « des lésions de la peau, une exacerbation des maladies pulmonaires, voire la mort ».
Populations à risque
Certaines populations sont particulièrement exposées aux risques liés à l'arsenic dans le riz. Les chercheurs estiment que « sept grands pays consommateurs de riz d'Asie seront très exposés selon les projections : Vietnam, Indonésie, Chine, Bangladesh, Philippines, Myanmar et Inde ». Ces pays représentent une population de plusieurs milliards de personnes pour qui le riz constitue l'aliment quotidien principal.
Les nourrissons et les jeunes enfants constituent également une population à risque, en raison de leur poids corporel plus faible et de leur sensibilité accrue aux toxines environnementales. Les autorités sanitaires reconnaissent la nécessité d'« établir des seuils plus stricts sur la présence d'arsenic dans l'alimentation, particulièrement pour les nourrissons qui sont vulnérables ».
En France, l'exposition moyenne de la population à l'arsenic total est estimée à 0,78 μg/kg/jour chez les adultes et 1,21 μg/kg/jour chez les enfants. Bien que ces niveaux soient considérés comme étant loin d'une exposition chronique dangereuse dans le contexte français, la situation est beaucoup plus préoccupante dans les pays où le riz constitue l'alimentation principale et où les concentrations d'arsenic dans l'environnement sont naturellement plus élevées.
Impact sur la sécurité alimentaire mondiale
Au-delà des risques sanitaires, la contamination du riz par l'arsenic, exacerbée par le changement climatique, pose d'importants défis pour la sécurité alimentaire mondiale. Le riz est « la denrée alimentaire la plus importante pour plus de la moitié de la population mondiale » et assure « la majeure partie de l'apport calorique quotidien par habitant » pour des milliards de personnes.
Les projections actuelles sont alarmantes. Si l'on se base uniquement sur l'impact du réchauffement climatique, les rendements de riz pourraient diminuer de 16 % pour certaines variétés comme le M206 de riz californien Mais si l'on ajoute l'effet de l'arsenic, « la réduction des rendements atteint 42 % » d'ici à la fin du siècle selon certaines estimations.
Double menace pour l'alimentation mondiale
Le monde fait face à une double menace concernant le riz : non seulement les rendements vont diminuer de manière significative, mais le riz produit sera également plus toxique en raison de sa concentration plus élevée en arsenic. Comme le souligne Lewis Ziska, « il existe un effet toxicologique du changement climatique sur l'une des denrées de base les plus consommées au monde. Et, la consommation est l'un des marqueurs déterminants de votre vulnérabilité à cet effet ».
Cette situation est d'autant plus préoccupante que la demande alimentaire mondiale augmente rapidement avec la croissance démographique. Les impacts se feront sentir à plusieurs niveaux : baisse des revenus pour les riziculteurs, augmentation potentielle des prix du riz, coûts sanitaires liés aux maladies induites par l'arsenic, et nécessité d'investir dans de nouvelles technologies agricoles ou dans des programmes d'adaptation.
Pour les régions déjà confrontées à l'insécurité alimentaire, cette perspective représente un défi majeur qui pourrait compromettre les efforts de développement et d'amélioration des conditions de vie des populations les plus vulnérables.
Solutions et perspectives
Face à cette menace croissante, plusieurs pistes de solutions sont explorées par les scientifiques et les autorités sanitaires pour atténuer les risques liés à l'arsenic dans le riz.
Renforcement des réglementations
L'établissement de seuils plus stricts concernant la présence d'arsenic dans l'alimentation apparaît comme une nécessité urgente. Les autorités sanitaires « n'ont plus le choix : établir des seuils plus stricts sur la présence d'arsenic dans l'alimentation, particulièrement pour les nourrissons qui sont vulnérables ».
Cependant, la réglementation reste inégale à travers le monde. Aux États-Unis, par exemple, « la FDA n'a jamais fixé de limites pour l'arsenic dans les aliments », ce qui illustre les lacunes actuelles dans la gouvernance mondiale de ce risque.
Une harmonisation des normes internationales assurerait une meilleure protection des consommateurs, tout en incitant les producteurs à adopter des pratiques agricoles limitant l'accumulation d'arsenic dans le riz.
Innovations agricoles et variétales
Le développement de variétés de riz moins absorbantes d'arsenic représente une piste prometteuse. Les chercheurs soulignent « la nécessité de développer des variétés de riz moins absorbantes » qui pourraient maintenir des niveaux acceptables d'arsenic même dans des conditions de culture défavorables.
Des stratégies d'adaptation au niveau des pratiques agricoles sont également envisagées. Une étude menée au Sénégal a identifié plusieurs approches efficaces : « le choix de variétés adaptées aux aléas climatiques, le recours aux services climatiques, la diversification des sites de production tout au long de la saison et le recours aux semis précoces ». Ces méthodes pourraient contribuer à réduire l'impact du changement climatique sur la production rizicole et potentiellement limiter l'absorption d'arsenic.
Diversification alimentaire et éducation
L'éducation des consommateurs et la diversification alimentaire constituent aussi des stratégies importantes. Il s'agit de « privilégier les alternatives en éduquant les consommateurs » pour réduire la dépendance excessive au riz dans certaines régions du monde, tout en veillant à maintenir un équilibre nutritionnel adéquat.
Dans les pays occidentaux, où le riz n'est pas l'aliment de base principal, des conseils pratiques peuvent être donnés aux consommateurs pour réduire leur exposition à l'arsenic, comme le rinçage du riz avant cuisson ou l'adoption de méthodes de cuisson spécifiques qui permettent d'éliminer une partie de l'arsenic.
Lutte contre le changement climatique
Enfin, comme le souligne Keeve Nachman, professeur à l'Université Johns Hopkins et co-auteur d'une étude sur le sujet, « la chose la plus importante que nous puissions faire est de tout mettre en œuvre pour ralentir le changement climatique ». Cette affirmation rappelle que la lutte contre le réchauffement climatique reste la solution la plus fondamentale pour limiter l'aggravation du problème de contamination du riz par l'arsenic.
Les efforts visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à réduire l'augmentation des températures mondiales sont donc indirectement liés à la sécurité alimentaire et à la santé publique à travers cette problématique du riz et de l'arsenic.
Conclusion
L'empoisonnement du riz par l'arsenic, amplifié par le dérèglement climatique, constitue une menace sérieuse pour la santé publique et la sécurité alimentaire mondiale. Les recherches scientifiques récentes mettent en lumière un mécanisme préoccupant : l'augmentation des températures et des concentrations de CO2 dans l'atmosphère conduit à une absorption accrue d'arsenic par les plants de riz, rendant cet aliment essentiel potentiellement plus toxique pour les milliards de personnes qui en dépendent.
Cette problématique illustre de manière frappante comment le changement climatique peut affecter notre santé et notre alimentation par des voies insoupçonnées. Au-delà de la baisse des rendements agricoles déjà anticipée, c'est la qualité même de notre nourriture qui est menacée.
Face à ce défi, une approche multidimensionnelle s'impose, combinant réglementation plus stricte, innovation variétale, adaptation des pratiques agricoles, éducation des consommateurs et, fondamentalement, action climatique ambitieuse. La résilience de nos systèmes alimentaires face à cette menace émergente dépendra de notre capacité à mobiliser la recherche, les politiques publiques et la coopération internationale.
L'enjeu est de taille : il s'agit à la fois de préserver la santé de millions de personnes, et de garantir la sécurité alimentaire des générations futures dans un monde en rapide évolution climatique.
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Sources :