
I/ Déclin Généralisé du Bien-être chez les Jeunes Adultes
Le rapport documente un phénomène préoccupant observé de manière cohérente dans six pays anglophones: les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande et l'Irlande.
Les données issues de onze études différentes démontrent que les jeunes adultes d'aujourd'hui sont significativement moins satisfaits de leur vie et moins heureux que leurs homologues des générations précédentes.
Cette tendance à la baisse s'est particulièrement accentuée au cours de la dernière décennie, créant un contraste saisissant avec les niveaux de bien-être relativement stables observés chez les générations plus âgées. L'ampleur et la persistance de ce déclin dans plusieurs pays suggèrent qu'il s'agit d'un phénomène structurel plutôt que d'une fluctuation temporaire ou limitée géographiquement.
La rigueur méthodologique de cette recherche renforce la validité de ses conclusions. En s'appuyant sur des données provenant de multiples enquêtes nationales et internationales, les chercheurs ont pu confirmer que cette tendance négative transcende les frontières et les contextes culturels spécifiques au sein du monde anglophone.
La convergence des résultats à travers différentes mesures du bien-être subjectif - incluant la satisfaction de vie, le bonheur général et divers indicateurs de détresse psychologique - confère une robustesse particulière à cette observation centrale.
Transformation de la Courbe en U du Bonheur
L'un des résultats les plus frappants de cette étude concerne la transformation fondamentale de la relation entre l'âge et le bien-être subjectif. Pendant des décennies, les recherches en psychologie et en économie avaient établi l'existence d'une courbe en forme de U dans cette relation: le bonheur était relativement élevé dans la jeunesse, diminuait au milieu de la vie (la fameuse "crise de la quarantaine"), puis remontait progressivement à l'âge de la retraite et au-delà. Ce modèle était considéré comme un phénomène quasi universel, observé à travers différentes époques et cultures.
Or, les données récentes révèlent que cette structure a subi une transformation radicale. Dans les six pays étudiés, la relation entre l'âge et le bien-être est désormais linéaire et positive: la satisfaction de vie et le bonheur augmentent simplement avec l'âge. Les jeunes adultes présentent aujourd'hui les niveaux les plus bas de bien-être subjectif, tandis que les personnes âgées rapportent systématiquement les niveaux les plus élevés.
Cette reconfiguration représente un changement de paradigme majeur dans notre compréhension des dynamiques du bonheur au cours de la vie et soulève des questions fondamentales sur l'expérience unique des jeunes générations actuelles.
Base Empirique Solide et Diversifiée
La solidité des conclusions de cette étude repose sur une méthodologie rigoureuse et des sources de données variées. Les chercheurs ont analysé des informations provenant de onze ensembles de données distincts, dont cinq spécifiques aux États-Unis: le Behavioral Risk Factor Survey (BRFSS), les National Health Interview Surveys, les General Social Surveys (GSS), le US Daily Tracker (USDT) et l'American National Election Survey (ANES).
Pour les autres pays, ils ont exploité des sources internationales comme l'enquête World Values Survey (WVS), le Gallup World Poll (GWP) et Global Minds (GM), ainsi que des études nationales spécifiques.
Cette approche méthodologique permet non seulement d'examiner la satisfaction de vie et le bonheur général, mais aussi d'explorer des indicateurs plus spécifiques comme l'anxiété, la dépression et la solitude.
La convergence des résultats à travers ces différentes mesures et sources renforce considérablement la fiabilité des conclusions. L'utilisation de données longitudinales, couvrant plusieurs décennies pour certaines enquêtes, permet également de distinguer les tendances à long terme des fluctuations temporaires, offrant ainsi une perspective historique précieuse sur l'évolution du bien-être subjectif.
Tendances Spécifiques par Pays
États-Unis
Aux États-Unis, les données montrent une détérioration particulièrement marquée de la satisfaction de vie chez les jeunes adultes entre 2016-2018 et 2022-2024, alors que ce même indicateur est resté relativement stable chez les personnes de plus de 45 ans. L'American National Election Survey (ANES) révèle que la satisfaction de vie des jeunes américains a connu une baisse substantielle entre 2008 et 2020, avec une accélération de cette tendance négative après 2016.
Les données historiques du General Social Survey (GSS), couvrant la période 1972-2022, permettent d'observer la disparition progressive de la courbe en U traditionnelle au profit d'une relation linéaire entre l'âge et le bonheur.
Royaume-Uni
La situation au Royaume-Uni apparaît particulièrement préoccupante concernant la santé mentale des enfants et des adolescents. Selon l'enquête de 2023 du NHS en Angleterre, la prévalence d'un trouble mental probable chez les 8-16 ans a presque doublé, passant de 12,5% en 2017 à 20,3% en 2023.
The Children's Society a documenté une chute dramatique du bonheur auto-déclaré chez les enfants britanniques âgés de 10 à 15 ans, avec une baisse plus prononcée chez les filles (de 8,14 à 7,32 entre 2011-2012 et 2021-2022) que chez les garçons (de 8,27 à 7,91). Ces données suggèrent que les problèmes de bien-être commencent dès l'enfance et l'adolescence, avant même l'entrée dans l'âge adulte.
Australie
En Australie, l'étude nationale sur le bien-être mental de 2021/22 a révélé une augmentation stupéfiante de 50% de la prévalence des troubles mentaux chez les 16-24 ans, passant de 26% en 2007 à 39% en 2021.
L'analyse longitudinale des données de l'enquête HILDA (Household Income and Labour Dynamics in Australia) montre que cette détérioration est particulièrement marquée chez les personnes nées dans les années 1990 (Millennials) et, dans une moindre mesure, chez celles nées dans les années 1980.
Un autre indicateur préoccupant est l'augmentation significative de l'utilisation d'antidépresseurs, surtout chez les jeunes femmes de 18 à 24 ans, qui présentaient en 2023 le taux de prescription le plus élevé parmi tous les groupes démographiques.
Nouvelle-Zélande, Canada et Irlande
Des tendances similaires s'observent en Nouvelle-Zélande, où la prévalence des symptômes dépressifs chez les élèves du secondaire est passée de 13% à 23% entre 2012 et 2019. Au Canada, la proportion de jeunes percevant leur santé mentale comme "mauvaise/médiocre" a plus que doublé, passant de 12% en 2019 à 26% en 2023.
En Irlande, une étude de 2021 sur des adolescents de 15-16 ans a révélé des taux alarmants de mauvaise santé perçue (29%) et d'automutilation (39%), avec des taux systématiquement plus élevés chez les femmes que chez les hommes.
Facteurs Explicatifs Potentiels
Bien que l'étude se concentre principalement sur la documentation du phénomène plutôt que sur ses causes, les chercheurs suggèrent plusieurs facteurs potentiels qui pourraient expliquer ce déclin généralisé du bien-être chez les jeunes. La diminution des interactions sociales en personne, l'augmentation de l'utilisation des médias sociaux et des smartphones, ainsi que l'accroissement des inégalités économiques figurent parmi les explications plausibles avancées.
Un élément particulièrement notable est la coïncidence temporelle entre le début de la détérioration de la santé mentale des jeunes (vers 2012) et la généralisation des smartphones et des médias sociaux. Les chercheurs soulignent que les interactions sociales en personne ont diminué depuis 2003 chez les jeunes adultes de manière plus marquée que chez les personnes plus âgées. Cette transformation des modes de socialisation pourrait expliquer pourquoi l'impact négatif sur le bien-être est plus prononcé chez les jeunes générations.
Implications et Perspectives
Les résultats de cette recherche soulèvent des questions fondamentales sur l'avenir du bien-être psychologique dans les sociétés contemporaines. La disparition de la courbe en U traditionnelle et son remplacement par une relation linéaire entre l'âge et le bonheur représentent une transformation majeure qui mérite une attention particulière de la part des chercheurs, des décideurs politiques et des professionnels de la santé.
Les chercheurs reconnaissent certaines limites à leur étude, notamment la difficulté à isoler complètement l'impact de la pandémie de COVID-19 des autres influences, ainsi que la restriction de l'analyse aux pays anglophones. Néanmoins, la cohérence des résultats à travers différentes mesures et pays renforce la validité de leurs conclusions. Ces découvertes s'inscrivent dans la continuité des recherches antérieures documentant l'augmentation de la dépression et d'autres problèmes de santé mentale chez les jeunes générations, tout en apportant un éclairage nouveau sur la transformation structurelle de la relation entre l'âge et le bien-être.
L'ampleur et la persistance de ces tendances négatives appellent à une mobilisation concertée pour comprendre leurs causes profondes et développer des interventions efficaces. Face à cette crise croissante du bien-être chez les jeunes, il devient crucial d'élaborer des stratégies de soutien à la santé mentale adaptées aux défis spécifiques auxquels sont confrontées les nouvelles générations.
Source :
https://www.nber.org/system/files/working_papers/w33490/w33490.pdf
Analyse/Résumé par Deep Research, Perplexity.ai

II Études sur le bien-être des jeunes en Europe
Tendances générales en Europe :
Les jeunes adultes européens sont confrontés à des défis croissants en matière de santé mentale, notamment une augmentation des symptômes de dépression et d'anxiété. Par exemple, dans l'UE, 14 % des jeunes adultes sont à risque de dépression, avec des taux particulièrement élevés en Suède (41 %), Estonie (27 %) et Malte (22 %) 3 6 .
Variations par pays :
En Europe occidentale, les pays nordiques comme la Finlande et le Danemark affichent généralement des niveaux élevés de satisfaction de vie chez les jeunes, tandis que le Royaume-Uni et la Pologne enregistrent les niveaux les plus bas 12 9 .
Une étude sur cinq pays d'Europe de l'Est (Biélorussie, Bosnie-Herzégovine, Macédoine du Nord, Serbie et Ukraine) révèle que le bien-être varie considérablement selon les pays et est influencé par des facteurs tels que le mariage précoce, la richesse et l'éducation 13 .
Facteurs influençant le bien-être :
Les inégalités socio-économiques jouent un rôle clé dans la diminution du bien-être chez les jeunes européens. Les jeunes issus de milieux défavorisés ou confrontés à la pauvreté sont plus susceptibles de signaler une faible satisfaction de vie 5 13 .
L'utilisation excessive des technologies numériques est associée à une augmentation de l'anxiété et à une diminution du bien-être social 10 .
Initiatives pour améliorer la santé mentale :
L'Union européenne a intensifié ses efforts pour promouvoir le bien-être mental des jeunes. Des initiatives telles que l'intégration de la santé mentale dans les politiques éducatives et sociales visent à réduire les lacunes dans l'accès aux services de santé mentale 6 10 .
Comparaison avec les pays anglophones
Bien que les études européennes montrent également un déclin du bien-être chez les jeunes adultes, elles diffèrent des résultats observés dans les pays anglophones où la disparition de la courbe en U du bonheur est particulièrement marquée. En Europe, cette courbe reste visible dans certains pays, mais elle tend à s'aplatir dans d'autres 14 . Les recherches européennes mettent davantage l'accent sur les disparités socio-économiques et culturelles comme facteurs déterminants.
En conclusion, bien que des études similaires existent pour l'Europe, elles mettent en lumière des dynamiques spécifiques liées aux contextes sociaux et économiques régionaux.
Sources :
2 https://www.semanticscholar.org/paper/97f62c93b605743e4aad4269e3c37629a05b3919
4 https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC6225047/
5 https://www.semanticscholar.org/paper/699e7f5e09444dceb9bd0dd49e135e3a80e00eca
6 https://pr.euractiv.com/pr/mental-health-unexplored-side-2025-global-risks-report-268220
7 https://sapienlabs.org/wp-content/uploads/2025/02/w33415-1.pdf
8 https://www.semanticscholar.org/paper/f45d3c27b7bf1f9fe5b9d6bb6aa8af008407f3bf
11 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7369812/
13 https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC5719479/
14 https://www.nber.org/papers/w33490
15 https://www.semanticscholar.org/paper/f140853759c9ac0e5311a83ca68b3248aa7028ca
16 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC10897041/
17 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC11685632/
18 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/38384145/
19 https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC8956936/
20 https://www.aljazeera.com/news/2025/3/7/why-are-young-adults-less-happy-than-ever-before