La situation est grave au Japon, mais les médias français l'ont oublié. Tepco, l'opérateur de la centrale nucléaire de Fukushima, l'a reconnu jeudi 12 mai : les coeurs des réacteurs n°1,2 et 3 de la centrale de Fukushima ont fondu. Plus grave, la cuve du réacteur n°1 est trouée. Auparavant, il n'était question que de "fusion partielle" des coeurs, et pas de fuites. Des employés de Tepco viennent de pénétrer dans les réacteurs n°2 et 3 pour observer l'étendue des dégats. Pendant au moins une semaine, ces informations capitales n'ont pourtant trouvé que peu de relais en France.
Un reportage de quelques minutes, au 20 heures de France 2, sur l'évolution du pompage de l'eau contaminée, coincé entre deux directs avec New York, où il fallait suivre en direct l'arrivée d'Anne Sinclair au procès de son mari, Dominique Strauss-Kahn: le regard médiatique, en ce jeudi 19 mai, s'est bien détourné de Fukushima. Et encore, cet étrange reportage n'a-t-il pas donné l'information essentielle de cette dernière semaine: un des "scénarios du pire" s'était déroulé, dès le premier jour. Mardi 17 mai, une dépêche AFP a souligné que "l'opérateur -Tepco- s'est rendu compte récemment, grâce à de nouvelles mesures, que le combustible nucléaire des réacteurs 1, 2 et 3 avait vraisemblablement fondu, faute d'avoir été immergé durant plusieurs heures après la catastrophe du 11 mars qui a anéanti les systèmes de refroidissement". En clair, comme l'expique un article d'analyse clair de Rue89, "ce n'est pas que la situation se soit brutalement aggravée à Fukushima. Seulement Tepco a fini par admettre, deux mois après le séisme, que l'ampleur des dégâts était bien pire qu'envisagé sur le coup." Rue 89 indique que "le cœur du réacteur numéro 1 a totalement fondu", c'est-à-dire que "le combustible est transformé en corium", une lave brûlante, et imprévisible. Mardi, la dépêche a été reprise telle quelle par la plupart des médias en ligne, sans grandes explications.
Seul le site de Courrier International donne des détails le lendemain, en s'appuyant notamment sur des informations tirées du quotidien japonais Asahi Shimbun : "Tepco a finalement reconnu que les barres de combustibles du réacteur numéro 1 avaient fondu seulement cinq heures et demie après le tsunami. Et des éléments de preuves, provenant de sources internes à Tepco mais pas encore officialisées, indiquent que les réacteurs 2 et 3 également ont fondu, le numéro 3 s'étant même effondré dans sa cuve."
Le site du Monde a repris une autre dépêche le 18 mai, pour ajouter que "la fusion du cœur du réacteur 1 de la centrale de Fukushima, au Japon, pourrait avoir été causée par une erreur humaine", ce que précisait un article du Japan Times du même jour.
Mais en dehors de ces dépêches reprises sur leurs sites (seuls Rue89 et le site de France 24 ont proposé des articles d'analyse plus conséquents), les journaux papier ont été très avares en information à propos de ces révélations de Tepco. On se souvient pourtant qu'en mars, tous les médias épluchaient les divers scénarios sur l'évolution possible des réacteurs de Fukushima.
A notre connaissance, seul Le Figaro a repris de façon conséquente ces informations, le 18 mai dans un article intitulé "Fukushima : la situation serait plus grave que prévu". L'auteur explique bien que "Tepco s’est notamment rendu compte, grâce à de nouvelles mesures réalisées la semaine dernière, qu'une partie du combustible du réacteur 1 serait tombée au fond de la cuve".
Mais l'analyse, notamment sur les conséquences, s'arrête là. Le Figaro rappelle ensuite que des équipes d'Areva sont en train d’installer un dispositif de décontamination de l'eau pompée pour refroidir les réacteurs.
Dans son édition papier parue ce jeudi 19 mai, Le Monde a aussi publié un article sur le nucléaire japonais. Mais il est consacré à la contestation du nucléaire au Japon, et ne contient aucune référence précise aux nouvelles informations en provenance de Fukushima.
L'article était notamment centré sur une déclaration du Premier ministre Naoto Kan, qui a déclaré que "l'énergie nucléaire continuera à être utilisée"
Libération, lui, semble être bien informé, puisqu'il consacre une page entière à la situation au Japon le 19 mai, et il titre même "Japon, de mal en pis". Mais il ne parle pas de la situation à Fukushima, se concentrant sur les conclusions d'un "panel de professeurs et de scientifiques de la prestigieuse université de Tokyo", qui estiment que les relevés des degrés d'irradiation effectués par les autorités minimisent la gravité de la situation. L'article est en fait majoritairement consacré à la puissance du "lobby nucléaire" japonais.
Finalement, sur toute la page, seul un petit encadré "Repères" de quelques dizaines de signes fait référence au rôle du facteur humain dans la fusion du réacteur n°1, sans autres explications...
Quant aux lecteurs du Parisien papier, et aux télespectateurs des JT de 20h de TF1 et France 2, ils ne sont sans doute pas au courant, puisque nous n'avons pas repéré d'article ou de reportage sur la situation.
Si les journalistes n'ont pas relayé massivement les informations concernant Fukushima, cela peut s'expliquer en partie par l'affaire DSK, qui sature l'espace médiatique français. Mais l'argument n'est pas suffisant : les révélations de Tepco, reprises par l'AFP puis par les médias français, remontent au jeudi 12 mai, soit deux jours avant "l'affaire DSK". Or, selon Tepco, cité par Reuters (en anglais) le 12 mai, la cuve du réacteur n°1 est trouée, et l'eau contaminée, qui était en contact avec le coeur radioactif du réacteur, fuit.
Le même jour, l'information est relayée par l'agence de presse anglophone Bloomberg, qui affirme que TEPCO a reconnu que "du combustible fondu a coulé au fond de la cuve n°1 sous pression et est toujours en cours de refroidissement". A notre connaissance, parmi les médias traditionnels, seul Le Monde, dans son édition du 14 mai, a repris la nouvelle dans un article détaillé (accès abonnés).
Et Greenpeace France n'a pas raté l'info...
Le retard médiatique français est plutôt à mettre au compte de la non reprise d'une dépêche AFP, du 12 mai, qui annonçait pourtant : "L'opérateur de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima a fait état jeudi de nouveaux problèmes, dont une fuite au niveau de la cuve d'un réacteur et le déversement d'eau contaminée dans l'océan." Les informations y sont, mais rien ne permet d'interpréter la gravité de la situation. Surtout, le titre, assez banal, évoque de "nouvelles fuites d'eau radioactives". Ce qui explique sans doute que les médias (et @si, dans une premier temps) ne l'aient pas vus passer.
Le lendemain, vendredi 13 mai, une autre dépêche Reuters note que "plus tôt cette semaine, Tepco a déclaré qu'elle avait scellé une fuite d'eau radioactive à l'extérieur du réacteur n ° 3 de l'usine. Le réacteur n ° 2 a subi des fuites similaires qui ont été scellées en avril avec du verre liquide et d'autres substances." Tepco a donc reconnu courant mai que les trois réacteurs avaient subi une fusion de combustible.
Quelles seront les conséquences ? La situation est incertaine, mais potentiellement grave, si l'on en croit les explications avancées par Rue 89 : si le corium a percé la cuve, le risque de contamination de long terme de la région environnante et plus important. Et s'il entre en contact avec l'eau, "il y a un risque d'explosion à l'hydrogène". Autant de dangers que les médias français avaient détaillé en longueur dans les premiers jours suivant la catastrophe, à grands renforts de directs dramatisants.
Aujourd'hui, les mêmes directs haletants se demandent si DSK restera en prison.
Un reportage de quelques minutes, au 20 heures de France 2, sur l'évolution du pompage de l'eau contaminée, coincé entre deux directs avec New York, où il fallait suivre en direct l'arrivée d'Anne Sinclair au procès de son mari, Dominique Strauss-Kahn: le regard médiatique, en ce jeudi 19 mai, s'est bien détourné de Fukushima. Et encore, cet étrange reportage n'a-t-il pas donné l'information essentielle de cette dernière semaine: un des "scénarios du pire" s'était déroulé, dès le premier jour. Mardi 17 mai, une dépêche AFP a souligné que "l'opérateur -Tepco- s'est rendu compte récemment, grâce à de nouvelles mesures, que le combustible nucléaire des réacteurs 1, 2 et 3 avait vraisemblablement fondu, faute d'avoir été immergé durant plusieurs heures après la catastrophe du 11 mars qui a anéanti les systèmes de refroidissement". En clair, comme l'expique un article d'analyse clair de Rue89, "ce n'est pas que la situation se soit brutalement aggravée à Fukushima. Seulement Tepco a fini par admettre, deux mois après le séisme, que l'ampleur des dégâts était bien pire qu'envisagé sur le coup." Rue 89 indique que "le cœur du réacteur numéro 1 a totalement fondu", c'est-à-dire que "le combustible est transformé en corium", une lave brûlante, et imprévisible. Mardi, la dépêche a été reprise telle quelle par la plupart des médias en ligne, sans grandes explications.
Seul le site de Courrier International donne des détails le lendemain, en s'appuyant notamment sur des informations tirées du quotidien japonais Asahi Shimbun : "Tepco a finalement reconnu que les barres de combustibles du réacteur numéro 1 avaient fondu seulement cinq heures et demie après le tsunami. Et des éléments de preuves, provenant de sources internes à Tepco mais pas encore officialisées, indiquent que les réacteurs 2 et 3 également ont fondu, le numéro 3 s'étant même effondré dans sa cuve."
Le site du Monde a repris une autre dépêche le 18 mai, pour ajouter que "la fusion du cœur du réacteur 1 de la centrale de Fukushima, au Japon, pourrait avoir été causée par une erreur humaine", ce que précisait un article du Japan Times du même jour.
Mais en dehors de ces dépêches reprises sur leurs sites (seuls Rue89 et le site de France 24 ont proposé des articles d'analyse plus conséquents), les journaux papier ont été très avares en information à propos de ces révélations de Tepco. On se souvient pourtant qu'en mars, tous les médias épluchaient les divers scénarios sur l'évolution possible des réacteurs de Fukushima.
A notre connaissance, seul Le Figaro a repris de façon conséquente ces informations, le 18 mai dans un article intitulé "Fukushima : la situation serait plus grave que prévu". L'auteur explique bien que "Tepco s’est notamment rendu compte, grâce à de nouvelles mesures réalisées la semaine dernière, qu'une partie du combustible du réacteur 1 serait tombée au fond de la cuve".
Mais l'analyse, notamment sur les conséquences, s'arrête là. Le Figaro rappelle ensuite que des équipes d'Areva sont en train d’installer un dispositif de décontamination de l'eau pompée pour refroidir les réacteurs.
Dans son édition papier parue ce jeudi 19 mai, Le Monde a aussi publié un article sur le nucléaire japonais. Mais il est consacré à la contestation du nucléaire au Japon, et ne contient aucune référence précise aux nouvelles informations en provenance de Fukushima.
L'article était notamment centré sur une déclaration du Premier ministre Naoto Kan, qui a déclaré que "l'énergie nucléaire continuera à être utilisée"
Libération, lui, semble être bien informé, puisqu'il consacre une page entière à la situation au Japon le 19 mai, et il titre même "Japon, de mal en pis". Mais il ne parle pas de la situation à Fukushima, se concentrant sur les conclusions d'un "panel de professeurs et de scientifiques de la prestigieuse université de Tokyo", qui estiment que les relevés des degrés d'irradiation effectués par les autorités minimisent la gravité de la situation. L'article est en fait majoritairement consacré à la puissance du "lobby nucléaire" japonais.
Finalement, sur toute la page, seul un petit encadré "Repères" de quelques dizaines de signes fait référence au rôle du facteur humain dans la fusion du réacteur n°1, sans autres explications...
Quant aux lecteurs du Parisien papier, et aux télespectateurs des JT de 20h de TF1 et France 2, ils ne sont sans doute pas au courant, puisque nous n'avons pas repéré d'article ou de reportage sur la situation.
Si les journalistes n'ont pas relayé massivement les informations concernant Fukushima, cela peut s'expliquer en partie par l'affaire DSK, qui sature l'espace médiatique français. Mais l'argument n'est pas suffisant : les révélations de Tepco, reprises par l'AFP puis par les médias français, remontent au jeudi 12 mai, soit deux jours avant "l'affaire DSK". Or, selon Tepco, cité par Reuters (en anglais) le 12 mai, la cuve du réacteur n°1 est trouée, et l'eau contaminée, qui était en contact avec le coeur radioactif du réacteur, fuit.
Le même jour, l'information est relayée par l'agence de presse anglophone Bloomberg, qui affirme que TEPCO a reconnu que "du combustible fondu a coulé au fond de la cuve n°1 sous pression et est toujours en cours de refroidissement". A notre connaissance, parmi les médias traditionnels, seul Le Monde, dans son édition du 14 mai, a repris la nouvelle dans un article détaillé (accès abonnés).
Et Greenpeace France n'a pas raté l'info...
Le retard médiatique français est plutôt à mettre au compte de la non reprise d'une dépêche AFP, du 12 mai, qui annonçait pourtant : "L'opérateur de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima a fait état jeudi de nouveaux problèmes, dont une fuite au niveau de la cuve d'un réacteur et le déversement d'eau contaminée dans l'océan." Les informations y sont, mais rien ne permet d'interpréter la gravité de la situation. Surtout, le titre, assez banal, évoque de "nouvelles fuites d'eau radioactives". Ce qui explique sans doute que les médias (et @si, dans une premier temps) ne l'aient pas vus passer.
Le lendemain, vendredi 13 mai, une autre dépêche Reuters note que "plus tôt cette semaine, Tepco a déclaré qu'elle avait scellé une fuite d'eau radioactive à l'extérieur du réacteur n ° 3 de l'usine. Le réacteur n ° 2 a subi des fuites similaires qui ont été scellées en avril avec du verre liquide et d'autres substances." Tepco a donc reconnu courant mai que les trois réacteurs avaient subi une fusion de combustible.
Quelles seront les conséquences ? La situation est incertaine, mais potentiellement grave, si l'on en croit les explications avancées par Rue 89 : si le corium a percé la cuve, le risque de contamination de long terme de la région environnante et plus important. Et s'il entre en contact avec l'eau, "il y a un risque d'explosion à l'hydrogène". Autant de dangers que les médias français avaient détaillé en longueur dans les premiers jours suivant la catastrophe, à grands renforts de directs dramatisants.
Aujourd'hui, les mêmes directs haletants se demandent si DSK restera en prison.
Un autre article sur ce sujet...brûlant
FUKUSHIMA : Accident maximal dans le réacteur n°1
On s’en doutait depuis longtemps, mais voir la chose admise par l’opérateur TEPCO de la centrale Fukushima fait un effet sidérant : le cœur fondu du réacteur n°1 a percé sa cuve en de multiples endroits ! Ou pour le dire avec les circonvolutions de l’opérateur : « des trous ont été créés par le combustible nucléaire fondu au fond de la cuve du réacteur n°1 » (1). C’est, en clair, l’accident maximal pour un réacteur de ce type. L’enceinte ultime, autrement dit la cuve pressurisée dans laquelle est enfermé le combustible nucléaire, cuve censée être le dernier rempart contre l’émission de radioactivité vers l’extérieur, est rompue !
Selon l’agence de presse Kyodo news, TEPCO a déclaré « avoir trouvé de multiples trous sur plusieurs centimètres dans de la tuyauterie soudée ». Une situation qui n’étonne pas plus que cela un spécialiste de la soudure qui nous avait dit à quel point il redoutait le phénomène. Il nous a expliqué, ce dont nous le remercions, pourquoi il appréhendait depuis le début ce genre de problème majeur : « les 4 réacteurs et les appareillages environnants vont se retrouver à l'état de passoires ! » pronostiquait-il. En effet, il s’inquiétait de la réaction des métaux de la cuve – et des diverses tuyauteries- quand ils sont soumis aux très hautes températures dues à la fonte du réacteur, mais aussi quand - ce qui fut le cas- ils sont soumis à une corrosion intense (due au sel qui fut injecté quand l’eau de mer a été employée pour le refroidissement).
En particulier, il avait attiré notre attention sur la fragilité des aciers inoxydables utilisés à la centrale de Fukushima. Ce spécialiste ne voyait pas comment l’inox employé à Fukushima (le 304L selon la terminologie des spécialistes (2)) allait pouvoir résister, notamment dans le « cuvelage du réacteur lui-même. Les fissures, elles sont en train de courir ! » assurait-il. C'est un problème archi-connu (et redouté !) par tous les chaudronniers du monde ». Et de préciser que « le seul inox qui tient le coup (904L (3)) n'a connu qu'un réel essor qu'après 1995, dans l'industrie en général, avec une petite entrée dans le nucléaire, qui ne peut pas facilement intégrer ces nouveaux matériaux. Les études métallurgiques sont très poussées et demandent du temps ».
Le problème est d’autant plus inquiétant que cet inox se retrouve aussi ailleurs dans la centrale, notamment dans les casiers des assemblages de combustibles (dans les piscines qui ont été dramatiquement endommagées – en particulier dans les unités 3 et 4 mais encore ailleurs (soufflets de dilatation qui enserrent le tore de l’enceinte de confinement, matériau des tiges de contrôle cruciformes etc.)
Comme si cela ne suffisait pas, on avait appris dès hier par une dépêche (Reuters) venant de Tokyo qu’un nouvel écoulement d’eau radioactive vers l'océan avait « peut-être été décelé », en provenance « du réacteur n°3 ». Annonce étonnante, sachant que l’eau très contaminée qui s’était déversée il y a plusieurs semaines dans l’océan venait alors d'un autre réacteur, le n°2 (dont l’enceinte de confinement a manifestement été fissurée très tôt dans la catastrophe lors d’une explosion non vue en images).
En résumé, à l’heure qu’il est, on se demande si tous les réacteurs (pas seulement le n°1 mais peut-être aussi les n°2 et N°3) ne sont pas en train de « tomber en miettes » - leurs structures métalliques étant de plus en plus défaillantes, après que les structures en béton ont été ébranlées et fissurées lors des explosions qui ont eu lieu dès les premiers jours de la catastrophe. On se demande aussi comment une unité de refroidissement, telle que celle envisagée par Areva (4) pourra bien être raccordée à ces structures vacillantes. Il y a dix jours, en effet, l’entreprise française, par la voix de Thierry Varet, son directeur technique ( BU valorisation AREVA), expliquait vouloir décontaminer l’eau (5) qui a abondamment servi à refroidir les réacteurs et les piscines et installer un circuit fermé pour la ré-utiliser. Comment faire un circuit fermé avec une (des) cuve(s) de réacteur transformée(s) en passoire ? Surtout, comment s’approcher de ces lieux extrêmement radioactifs – vu la non étanchéité de l’ensemble - pour éventuellement « reboucher » les trous ? Qui va s’approcher ?
Deux mois après la catastrophe, on se demande encore autre chose : pendant combien de mois (d’années ?) va-t-il falloir continuer à refroidir les lieux, accumulant toujours plus d’eau contaminée. Cela signifie-t-il qu’il va falloir rejeter à nouveau celle-ci « volontairement » dans l’océan, comme cela a été fait pour plus de 10 000 tonnes (eau dite alors « faiblement contaminée ») il y a quelques semaines ? C’est un véritable cauchemar qui continue.
Source : Le blog de Dominique Leglu, directrice de la rédaction de Sciences & Avenir
FUKUSHIMA : Accident maximal dans le réacteur n°1
On s’en doutait depuis longtemps, mais voir la chose admise par l’opérateur TEPCO de la centrale Fukushima fait un effet sidérant : le cœur fondu du réacteur n°1 a percé sa cuve en de multiples endroits ! Ou pour le dire avec les circonvolutions de l’opérateur : « des trous ont été créés par le combustible nucléaire fondu au fond de la cuve du réacteur n°1 » (1). C’est, en clair, l’accident maximal pour un réacteur de ce type. L’enceinte ultime, autrement dit la cuve pressurisée dans laquelle est enfermé le combustible nucléaire, cuve censée être le dernier rempart contre l’émission de radioactivité vers l’extérieur, est rompue !
Selon l’agence de presse Kyodo news, TEPCO a déclaré « avoir trouvé de multiples trous sur plusieurs centimètres dans de la tuyauterie soudée ». Une situation qui n’étonne pas plus que cela un spécialiste de la soudure qui nous avait dit à quel point il redoutait le phénomène. Il nous a expliqué, ce dont nous le remercions, pourquoi il appréhendait depuis le début ce genre de problème majeur : « les 4 réacteurs et les appareillages environnants vont se retrouver à l'état de passoires ! » pronostiquait-il. En effet, il s’inquiétait de la réaction des métaux de la cuve – et des diverses tuyauteries- quand ils sont soumis aux très hautes températures dues à la fonte du réacteur, mais aussi quand - ce qui fut le cas- ils sont soumis à une corrosion intense (due au sel qui fut injecté quand l’eau de mer a été employée pour le refroidissement).
En particulier, il avait attiré notre attention sur la fragilité des aciers inoxydables utilisés à la centrale de Fukushima. Ce spécialiste ne voyait pas comment l’inox employé à Fukushima (le 304L selon la terminologie des spécialistes (2)) allait pouvoir résister, notamment dans le « cuvelage du réacteur lui-même. Les fissures, elles sont en train de courir ! » assurait-il. C'est un problème archi-connu (et redouté !) par tous les chaudronniers du monde ». Et de préciser que « le seul inox qui tient le coup (904L (3)) n'a connu qu'un réel essor qu'après 1995, dans l'industrie en général, avec une petite entrée dans le nucléaire, qui ne peut pas facilement intégrer ces nouveaux matériaux. Les études métallurgiques sont très poussées et demandent du temps ».
Le problème est d’autant plus inquiétant que cet inox se retrouve aussi ailleurs dans la centrale, notamment dans les casiers des assemblages de combustibles (dans les piscines qui ont été dramatiquement endommagées – en particulier dans les unités 3 et 4 mais encore ailleurs (soufflets de dilatation qui enserrent le tore de l’enceinte de confinement, matériau des tiges de contrôle cruciformes etc.)
Comme si cela ne suffisait pas, on avait appris dès hier par une dépêche (Reuters) venant de Tokyo qu’un nouvel écoulement d’eau radioactive vers l'océan avait « peut-être été décelé », en provenance « du réacteur n°3 ». Annonce étonnante, sachant que l’eau très contaminée qui s’était déversée il y a plusieurs semaines dans l’océan venait alors d'un autre réacteur, le n°2 (dont l’enceinte de confinement a manifestement été fissurée très tôt dans la catastrophe lors d’une explosion non vue en images).
En résumé, à l’heure qu’il est, on se demande si tous les réacteurs (pas seulement le n°1 mais peut-être aussi les n°2 et N°3) ne sont pas en train de « tomber en miettes » - leurs structures métalliques étant de plus en plus défaillantes, après que les structures en béton ont été ébranlées et fissurées lors des explosions qui ont eu lieu dès les premiers jours de la catastrophe. On se demande aussi comment une unité de refroidissement, telle que celle envisagée par Areva (4) pourra bien être raccordée à ces structures vacillantes. Il y a dix jours, en effet, l’entreprise française, par la voix de Thierry Varet, son directeur technique ( BU valorisation AREVA), expliquait vouloir décontaminer l’eau (5) qui a abondamment servi à refroidir les réacteurs et les piscines et installer un circuit fermé pour la ré-utiliser. Comment faire un circuit fermé avec une (des) cuve(s) de réacteur transformée(s) en passoire ? Surtout, comment s’approcher de ces lieux extrêmement radioactifs – vu la non étanchéité de l’ensemble - pour éventuellement « reboucher » les trous ? Qui va s’approcher ?
Deux mois après la catastrophe, on se demande encore autre chose : pendant combien de mois (d’années ?) va-t-il falloir continuer à refroidir les lieux, accumulant toujours plus d’eau contaminée. Cela signifie-t-il qu’il va falloir rejeter à nouveau celle-ci « volontairement » dans l’océan, comme cela a été fait pour plus de 10 000 tonnes (eau dite alors « faiblement contaminée ») il y a quelques semaines ? C’est un véritable cauchemar qui continue.
Source : Le blog de Dominique Leglu, directrice de la rédaction de Sciences & Avenir
N.D.L.R
Un clou chasse l'autre !
La presse a vraiment des raisons d'être en crise. Avant l'affaire DSK on se gardait bien d'évoquer les travers de ce personnage. Après Fukushima, on ne revient pas sur cette affaire alors que les conséquences gravisphères et tant redoutées il y a peu se sont effectivement produites.
Dans les deux cas la cause est la même : on ne voulait pas se mouiller avant l'affaire Dsk, tros gros client.
Après la fusion des trois réacteurs de Fukishima.On ne veut pas avoir l'air d'insister sur les dangers du nucléaire. Ça indispose l'Elysée...
Heureusement qu''il nous reste l'Internet.
Un clou chasse l'autre !
La presse a vraiment des raisons d'être en crise. Avant l'affaire DSK on se gardait bien d'évoquer les travers de ce personnage. Après Fukushima, on ne revient pas sur cette affaire alors que les conséquences gravisphères et tant redoutées il y a peu se sont effectivement produites.
Dans les deux cas la cause est la même : on ne voulait pas se mouiller avant l'affaire Dsk, tros gros client.
Après la fusion des trois réacteurs de Fukishima.On ne veut pas avoir l'air d'insister sur les dangers du nucléaire. Ça indispose l'Elysée...
Heureusement qu''il nous reste l'Internet.