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«L'avenir n'est plus ce qu'il était» [Paul Valéry]



De la mauvaise influence de l'actuelle crise sanitaire sur les fondements démocratiques de notre société

Un texte de Julien Plouchart qui pose d'excellentes questions et avec lequel je suis entièrement d'accord. Dès le début de cette crise sanitaire certains ont affirmé que le monde d'après la Covid ne ressemblera pas au monde d'avant. Ils avaient à la fois raison et tort. Il est vrai que le monde va changer avec cette crise. Malheureusement, ce ne sera pas dans le sens d'une décroissance bénéfique pour le climat de notre planète, mais bien plutôt dans le sens d'une accélération désespérée de la croissance et surtout d'une dérive déjà très perceptible des fondements de nos démocraties vers un type de société encore moins démocratique où l'individu doit définitivement s'effacer au profit d'une « collectivité » tout à fait théorique et très fermement contrôlée dans les faits par l'oligarchie financière et tous ses avatars.



L’Occident ne serait-il pas passé à un nouveau stade de développement post-démocratique et illibéral sous l’impulsion chinoise ?

Par Julien Plouchart.

L’inefficacité initiale de la Chine a été mise en évidence par l’absence de respect de normes sanitaires avec la probable diffusion du coronavirus à partir du marché de Wuhan, l’opacité d’un régime mise en relief par la volonté de faire taire les lanceurs d’alerte par l’incarcération de médecins chinois et enfin l’apeurement des autorités locales devant la diffusion du virus, principale cause de l’absence d’alerte transmise au pouvoir central.

Janvier-mars 2020 : la réinvention du régime chinois
Cette inefficacité a mis en exergue les archaïsmes persistants de cette dictature communiste.

La lutte chinoise contre le virus a ensuite été perçue comme un moyen amélioré de contrôler la population chinoise : le recours au confinement a permis à la fois la mise en œuvre de technologies de surveillance de la population, la mise en avant du pouvoir central et la mise au pas des volontés d’autonomie locale, accélérant la réalisation d’un totalitarisme technologique.

Enfin, la relation chinoise au virus a été mise au service d’une stratégie d’affaiblissement de l’Occident : le manque de communication initial sur le virus a favorisé sa propagation massive par les liaisons aériennes extérieures ; le récit d’un affrontement titanesque entre le pouvoir chinois et le virus a abouti à la diffusion massive d’images d’un confinement total et de la construction d’un hôpital géant par les médias occidentaux.

Cela a été à la source d’une peur mondiale à destination principale de l’Occident. Le résultat pour la Chine a été le renforcement de son modèle de régime autoritaire à moyen terme.

Mars-avril 2020 : le renoncement de l’Occident face au virus
Le recours à des confinements dans les pays occidentaux dont la dureté des mesures dépendait à la fois de l’état des systèmes hospitaliers, de la préparation sanitaire, du nombre initial de morts et aussi de la nature plus ou moins autoritaires des régimes a été le résultat d’une reprise mimétique de la nouvelle doctrine sanitaire chinoise et d’une peur panique liée à l’imagerie de la pandémie.

Cette situation s’est traduite par une politisation de la médecine où on pouvait noter l’apparition d’une parole médicale officielle et son corollaire, l’instauration d’un régime médiatico-sanitaire.

La mise à l’arrêt du modèle libéral des économies et des sociétés s’est traduite dans un certain nombre de pays par l’étatisation de l’économie, la suspension des libertés de circulation, de réunion.

Elle s’est accompagnée d’un paternalisme sécuritaire lié à la propagation médiatique massifiée du discours officiel et au pouvoir accru des forces de l’ordre débouchant sur un régime sécuritaire et autoritariste.

Septembre-décembre 2020 : la métamorphose occidentale
L’incapacité à élaborer une stratégie corrélée à l’absence de réflexion sur une prise en charge médicale adaptée, sur un système éducatif résilient, sur la reprise sécurisée des liaisons aériennes, sur une articulation raisonnée du diptyque testing et isolement a entraîné la réactivation édulcorée mais durable du contrôle de la population, que ce soit au niveau des comportements, des déplacements et même des opinions.

Le processus de généralisation d’une nouvelle conception sociétale dont les maîtres mots étaient la soumission de l’individu symbolisée par l’imposition du masque poussée à l’absurde, l’atomisation de la société avec la suspension des libertés de circulation et de réunion et la fermeture indéfinie des lieux de sociabilité et d’acculturation a accompagné la réalisation d’un régime médiatico-policier.

Ce dernier a démontré l’hybridation autoritaire des régimes démocratiques occidentaux aux principes désormais médico-sécuritaires et non plus libéraux.

Depuis janvier 2021 : le risque de la fin du libéralisme occidental
La concentration économique traduite à la fois par la domination renforcée des secteurs de l’économie médicale et de l’économie numérique et l’affaiblissement concomitant des petites et moyennes entreprises au profit de multinationales peut aboutir à une concentration oligopolistique des ressources et au renforcement d’une oligarchie mondiale.

Le contrôle de la société permis par l’encadrement des libertés, la réactivation régulière de technologies de manipulation et le renforcement de la composante sécuritaire du pouvoir étatique entraîneraient un empiètement durable de la sphère privée par la sphère publique, signe d’une tentation totalitaire.

Enfin, la convergence entre intérêts oligarchiques et appareils étatiques au service d’une prétendue modernisation de l’économie aurait pour résultat la précarisation de la société avec la disparition de la petite entreprise au profit de grands groupes et l’effacement du salariat devant le précariat et l’assistanat.

La crise du coronavirus entre dimensions spectaculaire et manipulatoire
Cette crise de la Covid aura été marquée par sa dimension spectaculaire.

La mort liée à la Covid est rendue omniprésente tout d’abord avec les images de malades en réanimation et de tombes fraîchement creusées ; puis avec les chiffres d’entrées en réanimation et de mortalité de la Covid donnés régulièrement ; et la transformation des médecins en prêtres d’une nouvelle religion du salut des corps sur les plateaux télé.

Le spectacle covidien a permis l’entretien d’une peur de la mort mise en œuvre par les pouvoirs et les médias. En Occident, le sentiment de terreur des populations lié à la médiatisation du terrorisme peut être remplacé par l’état de panique entraîné par la saturation cognitive de la thématique pandémique, en particulier par le biais d’un discours anxiogène et fantasmatique sur les vagues épidémiques.

Cette spectacularisation du coronavirus a débouché sur une mise en condition de la population.

La manipulation continue du spectateur a été permise :

d’une part par la diffusion massifiée des déclarations de l’élite politico-administrative et des autorités sanitaires sur les médias audiovisuels avec pour résultat le discrédit et la marginalisation de la réflexion de médecins indépendants et de citoyens engagés.
d’autre part par le recours à des artifices de raisonnements tels que la mise en avant d’une causalité et non d’une corrélation entre confinements et contaminations, voire l’usage d’une pensée prélogique comme la croyance dans le couvre-feu.
Le processus de manipulation de la population mis en œuvre par le pouvoir permet de rendre irresponsables les dirigeants et de reporter la responsabilité sur les individus.

La culpabilisation de la population aura permis l’association entre les comportements individuels et la progression de la maladie et rendu possible l’application contraignante des principes de précaution et de responsabilité individuelle.

Le contrôle que veut s’arroger l’État sur l’individu s’est logiquement accompagné de la mise en avant par les autorités publiques d’une idéologie à la fois hygiéniste avec la tentation d’interdiction de l’alcool ; antisociale avec la réduction des contacts sociaux ; anti-intellectuelle avec le rejet de la critique et du débat ; et anti-spirituelle avec l’essentialisation de la consommation matérielle.

En fin de compte, il est à craindre que l’autoritarisme sanitaire qui repose sur un spectacle manipulatoire d’une maladie soit la modalité appropriée d’exercice pérenne du pouvoir par une élite bureaucratique en rendant par l’absence de débats toute véritable alternance politique illusoire et impossible.

En ce cas, l’Occident ne serait-il pas passé à un nouveau stade de développement post-démocratique et illibéral sous l’impulsion chinoise ?

Lundi 15 Mars 2021

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