Usager épisodique du train et choisissant toujours ce mode de transport lorsqu’il me faut aller à Toulouse ou à Paris, je constate que ce n’est pas seulement un billet pour me transporter d’un point A à un point B que j’achète, mais plutôt un Pass pour une aventure aléatoire sans savoir à l’avance à quelle sauce je serais mangé.
J’entends et lit ici et là de nombreux témoignages ou articles confortant ma façon de voir les choses.
Prenons l’exemple d’un aller-retour Souillac Paris avec un départ le jeudi 2 février 2023 et un retour le dimanche 5 février 2023.
Jeudi 2 février
Le train arrive à l’heure en gare de Souillac, aucun message, aucune alerte, nous nous installons en queue de train dans un wagon d’époque dénué de toute prise électrique et d’équipement Wifi. Soit… à côté de nous un voyageur en partance pour l’Autriche et un autre pour l’Inde. Nous constatons tous ensemble que le train est à l’heure et que cela est probablement suspect. Le voyage doit durer de quatre à cinq heures. Tout peut arriver. Éclat de rire général.
Bien évidemment, quelque chose est arrivé. Le contrôleur nous annonce que nous resterons deux heures trente en gare de Châteauroux en raison d’un accident sur la voie. En effet, un véhicule équipé de deux humains a eu la délicatesse de forcer un passage à niveau pourtant baissé et s’est heurté à un TER qui passait par là. Le TER a remporté le match suite à un drop magistral de la voiture qui n’en sera plus une. Deux blessés graves, train immobilisé, trafic interrompu, l’aléa tant espéré est bien arrivé. Notre Train Intercités s’immobilise en gare de Châteauroux pour une durée d’environ 2 h 30. Notre voyageur à destination de l’Autriche s’inquiète, il ne pourra pas prendre son avion à l’heure. D’autres voyageurs en partance pour l’île Maurice sont dans la même panade, ils feront appel à un taxi pour rejoindre Roissy Charles de Gaulle pour la modique somme de 3 000 €, entièrement à leurs frais. Le contrôleur fait l’inventaire des voyageurs qui ont des correspondances.
L’attente étant longue, la SNCF se démène et propose aux passagers du train, non seulement une bouteille d'eau, mais également une « box », sorte de ration alimentaire particulièrement bien emballée et généreusement garnie de sachets plastiques avec du sel et quelque chose autour, du sucre et quelque chose autour sans compter une espèce de salade en conserve à l’emballage très marketing et il y a même une sucette au caramel pour satisfaire les diabétiques. La conserve, une fois ouverte, révèle un liquide qui oscille entre le gris et le marron, les crudités et les légumes qui trempent dedans épousant la couleur du liquide. Les gastronomes reposent la boîte, les affamés ferment les yeux. On referme la box, avec tous ses sachets plastiques, l’industrie de l’emballage a encore de beaux jours devant elle.
Le contrôleur est exceptionnel et s’occupe de tous les passagers en correspondance ferroviaire, et trouve un hôtel pour notre voisin, qui a mis plus d’une heure pour se trouver un billet d’avion pour Vienne à un prix acceptable (et à sa charge bien sûr).
Le train repartira et arrivera avec 2 h 40 de retard à la gare d’Austerlitz, en travaux depuis tellement longtemps, que l'on n’en verra probablement pas la fin de notre vivant. Il faudra plus de 20 minutes pour quitter la gare.
Dimanche 5 février
Un SMS nous informe dans le milieu de l’après-midi que notre train sera terminus à Brive-la-Gaillarde et non pas à Cahors, pour des raisons météorologiques. Un service de bus fera la liaison entre Brive et Cahors.
La température dans le Lot était comprise ce jour-là de 7 à 11 degrés Celsius. La raison de l’interruption de la ligne : Présence de givre sur les caténaires. Il va falloir nous expliquer comment on peut avoir du givre avec des températures extérieures de 7 à 11°.
Pas de problème, la SNCF a tout prévu et effectivement un autocar de la société Arcoutel nous attend en gare de Brive. Tous les voyageurs autour de nous sont hilares, ce d’autant plus que la jeune conductrice de l’autocar nous annonce que vingt minutes avant notre arrivée, un train en provenance de Toulouse était gentiment arrivé en gare. Nous avons donc appris que le givre ne prenait que dans un seul sens. Formidable, non ? Et, bonjour les surcoûts d’exploitation.
Moralité
En tant qu’usager, nous voyons bien les gesticulations autour de la ligne Paris Orléans Limoges Toulouse et nous avons bien compris que la SNCF faisait tout son possible pour dégoûter les voyageurs de Souillac et de Gourdon, voire de Cahors. Nous voyons bien les tentatives désespérées des associations de défense de la ligne et des élus locaux pour se plaindre et agir. Nous voyons bien les réponses politiques de l’État qui promet beaucoup, mais telle sœur Anne, nous ne voyons rien venir, et nous pressentons que l’objectif de la SNCF est de casser POLT, et d’arrêter la desserte des gares de Souillac et de Gourdon. Pas de voyageur, pas de train c’est bien connu. Nous avons là, la seule entreprise de France qui fait tout pour chasser ses clients et fermer ses gares plus que centenaires.
Nous voyons bien que le management intermédiaire de l’entreprise ferroviaire se fout des décisions politiques, car les élus c’est comme les préfets, ça passe, alors le management de la SNCF peut continuer à ronronner gentiment car les contribuables assurent leur fin de mois avec de généreuses subventions, sans parler des déficits récurrents qu’il faut aussi financer.
Le plus grave, c’est qu’en faisant cela, la SNCF tue littéralement la dynamique économique, éducative et touristique de ces petites villes d’un département durablement installé sur la diagonale du vide.
Enfin bon, ce n’est qu’un simple avis d’un usager lambda qui continuera à prendre le train en gare de Souillac. En tout cas prendre le train dans le Lot, c’est l’assurance de l’aventure.
Merci qui ? »
J’entends et lit ici et là de nombreux témoignages ou articles confortant ma façon de voir les choses.
Prenons l’exemple d’un aller-retour Souillac Paris avec un départ le jeudi 2 février 2023 et un retour le dimanche 5 février 2023.
Jeudi 2 février
Le train arrive à l’heure en gare de Souillac, aucun message, aucune alerte, nous nous installons en queue de train dans un wagon d’époque dénué de toute prise électrique et d’équipement Wifi. Soit… à côté de nous un voyageur en partance pour l’Autriche et un autre pour l’Inde. Nous constatons tous ensemble que le train est à l’heure et que cela est probablement suspect. Le voyage doit durer de quatre à cinq heures. Tout peut arriver. Éclat de rire général.
Bien évidemment, quelque chose est arrivé. Le contrôleur nous annonce que nous resterons deux heures trente en gare de Châteauroux en raison d’un accident sur la voie. En effet, un véhicule équipé de deux humains a eu la délicatesse de forcer un passage à niveau pourtant baissé et s’est heurté à un TER qui passait par là. Le TER a remporté le match suite à un drop magistral de la voiture qui n’en sera plus une. Deux blessés graves, train immobilisé, trafic interrompu, l’aléa tant espéré est bien arrivé. Notre Train Intercités s’immobilise en gare de Châteauroux pour une durée d’environ 2 h 30. Notre voyageur à destination de l’Autriche s’inquiète, il ne pourra pas prendre son avion à l’heure. D’autres voyageurs en partance pour l’île Maurice sont dans la même panade, ils feront appel à un taxi pour rejoindre Roissy Charles de Gaulle pour la modique somme de 3 000 €, entièrement à leurs frais. Le contrôleur fait l’inventaire des voyageurs qui ont des correspondances.
L’attente étant longue, la SNCF se démène et propose aux passagers du train, non seulement une bouteille d'eau, mais également une « box », sorte de ration alimentaire particulièrement bien emballée et généreusement garnie de sachets plastiques avec du sel et quelque chose autour, du sucre et quelque chose autour sans compter une espèce de salade en conserve à l’emballage très marketing et il y a même une sucette au caramel pour satisfaire les diabétiques. La conserve, une fois ouverte, révèle un liquide qui oscille entre le gris et le marron, les crudités et les légumes qui trempent dedans épousant la couleur du liquide. Les gastronomes reposent la boîte, les affamés ferment les yeux. On referme la box, avec tous ses sachets plastiques, l’industrie de l’emballage a encore de beaux jours devant elle.
Le contrôleur est exceptionnel et s’occupe de tous les passagers en correspondance ferroviaire, et trouve un hôtel pour notre voisin, qui a mis plus d’une heure pour se trouver un billet d’avion pour Vienne à un prix acceptable (et à sa charge bien sûr).
Le train repartira et arrivera avec 2 h 40 de retard à la gare d’Austerlitz, en travaux depuis tellement longtemps, que l'on n’en verra probablement pas la fin de notre vivant. Il faudra plus de 20 minutes pour quitter la gare.
Dimanche 5 février
Un SMS nous informe dans le milieu de l’après-midi que notre train sera terminus à Brive-la-Gaillarde et non pas à Cahors, pour des raisons météorologiques. Un service de bus fera la liaison entre Brive et Cahors.
La température dans le Lot était comprise ce jour-là de 7 à 11 degrés Celsius. La raison de l’interruption de la ligne : Présence de givre sur les caténaires. Il va falloir nous expliquer comment on peut avoir du givre avec des températures extérieures de 7 à 11°.
Pas de problème, la SNCF a tout prévu et effectivement un autocar de la société Arcoutel nous attend en gare de Brive. Tous les voyageurs autour de nous sont hilares, ce d’autant plus que la jeune conductrice de l’autocar nous annonce que vingt minutes avant notre arrivée, un train en provenance de Toulouse était gentiment arrivé en gare. Nous avons donc appris que le givre ne prenait que dans un seul sens. Formidable, non ? Et, bonjour les surcoûts d’exploitation.
Moralité
En tant qu’usager, nous voyons bien les gesticulations autour de la ligne Paris Orléans Limoges Toulouse et nous avons bien compris que la SNCF faisait tout son possible pour dégoûter les voyageurs de Souillac et de Gourdon, voire de Cahors. Nous voyons bien les tentatives désespérées des associations de défense de la ligne et des élus locaux pour se plaindre et agir. Nous voyons bien les réponses politiques de l’État qui promet beaucoup, mais telle sœur Anne, nous ne voyons rien venir, et nous pressentons que l’objectif de la SNCF est de casser POLT, et d’arrêter la desserte des gares de Souillac et de Gourdon. Pas de voyageur, pas de train c’est bien connu. Nous avons là, la seule entreprise de France qui fait tout pour chasser ses clients et fermer ses gares plus que centenaires.
Nous voyons bien que le management intermédiaire de l’entreprise ferroviaire se fout des décisions politiques, car les élus c’est comme les préfets, ça passe, alors le management de la SNCF peut continuer à ronronner gentiment car les contribuables assurent leur fin de mois avec de généreuses subventions, sans parler des déficits récurrents qu’il faut aussi financer.
Le plus grave, c’est qu’en faisant cela, la SNCF tue littéralement la dynamique économique, éducative et touristique de ces petites villes d’un département durablement installé sur la diagonale du vide.
Enfin bon, ce n’est qu’un simple avis d’un usager lambda qui continuera à prendre le train en gare de Souillac. En tout cas prendre le train dans le Lot, c’est l’assurance de l’aventure.
Merci qui ? »