Deux fantômes poursuivent le Sarkozistan : l'Arabe et le nègre.
L'autre semaine, au journal de la mi-journée de la télévision d'Etat, un glorieux inconnu septuagénaire, mais portant le nom d'un parfum réputé du Sarkozistan, "Guerlain", prononce une stupidité raciste: "j'ai travaillé comme un nègre. Je ne sais pas si les nègres ont toujours travaillé, mais enfin..."
La présentatrice officielle, en face de lui, ne réagit pas. Le journal se termine dans la bonne humeur.
Dans l'après-midi, quelques télespectateurs s'excitent sur Twitter.
En fin de journée, le vieux raciste s'excuse dans un mail transmis à l'agence officielle. La présentatrice, Elise Lucet, affirme au site de sa propre chaîne qu'elle a été "surprise" par ces propos, et qu'elle est "désolée" de ne pas avoir réagi. Mais se garde bien d'expliquer les raisons de cette absence de réaction.
Et c'est tout.
La télévision est le symptôme le plus éclatant de l'hypocrisie du Sarkozistan, envers Arabes et Noirs. Alors qu'il suffit de se promener sur les marchés, pour prendre la mesure de la proportion de descendants des populations des anciennes colonies du pays, alors que dans certains quartiers ghettos, on se croirait en Afrique ou au Maghreb, rien de tel à la télévision, officielle ou privée. Journalistes, animateurs, hommes et femmes du pouvoir et de l'opposition : tous blancs. Les exceptions se comptent sur les doigts de la main.
Les raisons de cette mise hors champ sont à rechercher dans l'Histoire. Pendant plus d'un siècle et demie, le Sarkozistan exploita des "colonies", qu'il s'était appropriées, armes à la main, dans les continents africain et asiatique. Ces colonies étaient administrées d'une main de fer, et leurs ressources pillées au bénéfice des colons et de la métropole. Comme à son habitude, le Sarkozistan habillait cette exploitation d'un aimable vocable, évoquant à longueur de films de propagande sa "mission civilisatrice", ou le "devoir de civiliser les races inférieures", etc.
Son armée s'étant effondrée lors de la "deuxième guerre mondiale", les colonies, enhardies, se soulevèrent, et, pour certaines d'entre elles, conquirent leur indépendance dans un bain de sang. A d'autres, la métropole accorda l'indépendance. Elles restent pourtant dans l'orbite du petit Etat voyou, qui y maintient sur place des militaires et des affairistes. On a baptisé cette survivance de liens multiformes du nom de "Sarkafrique".
De ces guerres coloniales, et de toute cette période, reste encore aujourd'hui, dans l'esprit du sarkozi "de souche", une haine de l'Arabe, et un mépris du Noir.
Certes, la langue de bois du Sarkozistan a inventé un mot pour nier cette réalité. De la même manière que les colons évoquaient hier, avec des trémolos, leur "mission civilisatrice", leurs descendants se gargarisent aujourd'hui de "diversité", et de l'indispensable "promotion des minorités visibles". On crée des commissions. On subventionne des associations. On compte. On recompte, pour être sûrs. On déplore. A grand bruit, on nomme à des postes en vue des journalistes "issus des minorités visibles", comme dit l'ineffable jargon du Sarkozistan. L'actuel Homme Fort lui-même s'est naguère vanté d'avoir utilisé ses liens amicaux avec le propriétaire de la première chaîne privée de télévision pour faire nommer un présentateur noir, du nom de Roselmack, qui fait chaque soir se pâmer les adolescentes.
Mais la réalité, c'est que les Noirs restent hors du champ de vision de l'élite racornie qui fait l'opinion dominante du petit Etat voyou.
Alors que le Sarkozistan adore s'enflammer dans des polémiques aussi violentes que sans lendemain, alors que les polémiques touchant le racisme sont d'autant plus bruyantes qu'elles masquent un racisme inavoué, la saillie raciste de Guerlain est restée sans suite.
Jusqu'au lundi. Jour où une journaliste de la radio, d'origine antillaise, Audrey Pulvar, un des très rares symboles de "minorités visibles" dans l'audiovisuel du petit Etat, y a consacré un éditorial retentissant, conclu par cette phrase empruntée à un poète noir: "le nègre, il vous emmerde". Une association de lutte contre les discriminations racistes, qui ne représente personne, mais très activiste dans l'audiovisuel, a annoncé son intention de porter plainte contre la télévision d'Etat. La commission-croupion de régulation de l'audiovisuel, la même qui ferme les yeux à longueur d'années sur la stupidité des programmes des chaînes d'oligarques, s'est soudain réveillée et, dans un sursaut louable, a "mis en demeure" la chaîne d'Etat. Laquelle chaîne d'Etat, une semaine après le juron raciste -une semaine !- a enfin consacré un reportage entier aux réactions suscitées par "ces propos nauséeux", dont on a enfin appris qu'elle avait été révoltée. Avec une semaine de retard.
La présentatrice officielle inattentive s'est embrouillée dans ses explications. Elle avait d'abord dit avoir été "surprise". Mais une semaine plus tard, après réflexion, elle n'était plus certaine d'avoir entendu la phrase fatale: "soit quelqu'un m'a parlé dans l'oreillette (on me dit régulièrement combien de temps il reste), soit je n'ai simplement pas compris. Si j'avais entendu, j'aurais bondi sur mon fauteuil. Au nom de France Télévisions, je me serais désolidarisée des propos tenus". Et en régie, personne n'a entendu ? "On avait un problème avec un reportage". Et la présentatrice de se raccrocher à la langue de bois : "Depuis plus de cinq ans, j’ai reçu plus d’invités issus de la diversité que toutes les autres émissions. Et la volonté de Rémy Pflimlin (patron de la télévision officielle) est de mettre le pluralisme et la diversité au cœur de sa politique".
On comprend son embarras. Si elle ne l'a pas entendue, c'est une faute professionnelle. Si elle l'a entendue, et n'a pas voulu rompre l'ambiance détendue de son interview, c'est pire. Celà signifie une chose : en une micro-seconde, elle a décidé que la poursuite d'une interview détendue de fin de journal télévisé l'emportait sur la blessure infligée aux Noirs par cette remarque stupide. Non pas qu'elle soit raciste, évidemment. Mais son inconscient a pris la décision pour elle. Et depuis, il se peut qu'elle ait quelques difficultés de cohabitation avec son inconscient.
Plus intéressante que cette tempête sous un crâne, est la non réaction du groupe de luxe qui contrôle la maison Guerlain.
Pendant une semaine, le groupe LVMH n'a rien dit. Une semaine plus tard, pressé de questions, il s'est abrité derrière la sobre réaction instantanée de sa filiale Guerlain. Sous-entendu : réagir à un si mince incident n'était tout de même pas de notre niveau.
Le patron de ce groupe, le milliardaire Bernard Arnault, qui règne sur un empire de haute couture, de parfums, et de maroquinerie, est, lui aussi, un des proches amis de l'Homme Fort. Dans les premiers mois de son règne, l'Homme Fort déploya beaucoup d'énergie à changer la loi sur le travail du dimanche, pour obtenir, pour un magasin de prestige d'Arnault, situé sur l'avenue tape à l'oeil des Champs-Elysées (une succession de vitrines de luxe, parcourue par les jeunes des ghettos, et les riches touristes des Emirats, que les sarkozis appellent par antiphrase "la plus belle avenue du monde"), le droit d'ouvrir le dimanche, en infraction avec la loi.
Quant au Numéro Un, qui est partout, parle de tout, s'intéresse à tout, et a un avis sur tout, lui non plus n'a rien dit de l'affaire Guerlain. Par racisme inconscient ? Supposons plutôt qu'il n'y a aucun intérêt. Il vient de nommer le président de la télévision, et n'a donc pas intérêt à le désavouer. Il déteste l'Afrique, où ses voyages battent tous les records de brièveté, mais c'est parce qu'il déteste la pauvreté. Il n'a certainement rien contre les Noirs, pour peu qu'ils soient beaux, célèbres, portent des montres de marque, et soient de préférence, comme d'habitude, plus petits que lui. Il n'a pas renvoyé un ministre faucon condamné pour injures raciales, mais il a ouvert son gouvernement à des représentants des "minorités visibles", avec des succès d'ailleurs variables.
Mais il est rancunier. Par exemple, il déteste Pulvar, qui le lui rend bien. Pulvar est originaire de la Martinique, l'une des rares survivances minuscules des anciennes colonies du pays. Le Martiniquais le plus célèbre fut longtemps Aimé Césaire, poète, et homme fort local (c'est lui l'auteur du fameux "le nègre, il vous emmerde"). Quand l'Homme Fort, avant sa prise de pouvoir, se rendit en Martinique, le vieux totem Césaire refusa de le recevoir. Rancunier, l'Homme Fort en a gardé une dent contre la Martinique.
Que révèle, au total, cette minuscule affaire ? Rien d'autre que la distance, dans ce domaine comme dans les autres, entre les slogans lénifiants serinés par le discours officiel, et la réalité. Rien d'autre que la vacuité d'une langue de bois omniprésente, assourdissante, qui s'efforce de masquer une poussière hideuse.
L'autre semaine, au journal de la mi-journée de la télévision d'Etat, un glorieux inconnu septuagénaire, mais portant le nom d'un parfum réputé du Sarkozistan, "Guerlain", prononce une stupidité raciste: "j'ai travaillé comme un nègre. Je ne sais pas si les nègres ont toujours travaillé, mais enfin..."
La présentatrice officielle, en face de lui, ne réagit pas. Le journal se termine dans la bonne humeur.
Dans l'après-midi, quelques télespectateurs s'excitent sur Twitter.
En fin de journée, le vieux raciste s'excuse dans un mail transmis à l'agence officielle. La présentatrice, Elise Lucet, affirme au site de sa propre chaîne qu'elle a été "surprise" par ces propos, et qu'elle est "désolée" de ne pas avoir réagi. Mais se garde bien d'expliquer les raisons de cette absence de réaction.
Et c'est tout.
La télévision est le symptôme le plus éclatant de l'hypocrisie du Sarkozistan, envers Arabes et Noirs. Alors qu'il suffit de se promener sur les marchés, pour prendre la mesure de la proportion de descendants des populations des anciennes colonies du pays, alors que dans certains quartiers ghettos, on se croirait en Afrique ou au Maghreb, rien de tel à la télévision, officielle ou privée. Journalistes, animateurs, hommes et femmes du pouvoir et de l'opposition : tous blancs. Les exceptions se comptent sur les doigts de la main.
Les raisons de cette mise hors champ sont à rechercher dans l'Histoire. Pendant plus d'un siècle et demie, le Sarkozistan exploita des "colonies", qu'il s'était appropriées, armes à la main, dans les continents africain et asiatique. Ces colonies étaient administrées d'une main de fer, et leurs ressources pillées au bénéfice des colons et de la métropole. Comme à son habitude, le Sarkozistan habillait cette exploitation d'un aimable vocable, évoquant à longueur de films de propagande sa "mission civilisatrice", ou le "devoir de civiliser les races inférieures", etc.
Son armée s'étant effondrée lors de la "deuxième guerre mondiale", les colonies, enhardies, se soulevèrent, et, pour certaines d'entre elles, conquirent leur indépendance dans un bain de sang. A d'autres, la métropole accorda l'indépendance. Elles restent pourtant dans l'orbite du petit Etat voyou, qui y maintient sur place des militaires et des affairistes. On a baptisé cette survivance de liens multiformes du nom de "Sarkafrique".
De ces guerres coloniales, et de toute cette période, reste encore aujourd'hui, dans l'esprit du sarkozi "de souche", une haine de l'Arabe, et un mépris du Noir.
Certes, la langue de bois du Sarkozistan a inventé un mot pour nier cette réalité. De la même manière que les colons évoquaient hier, avec des trémolos, leur "mission civilisatrice", leurs descendants se gargarisent aujourd'hui de "diversité", et de l'indispensable "promotion des minorités visibles". On crée des commissions. On subventionne des associations. On compte. On recompte, pour être sûrs. On déplore. A grand bruit, on nomme à des postes en vue des journalistes "issus des minorités visibles", comme dit l'ineffable jargon du Sarkozistan. L'actuel Homme Fort lui-même s'est naguère vanté d'avoir utilisé ses liens amicaux avec le propriétaire de la première chaîne privée de télévision pour faire nommer un présentateur noir, du nom de Roselmack, qui fait chaque soir se pâmer les adolescentes.
Mais la réalité, c'est que les Noirs restent hors du champ de vision de l'élite racornie qui fait l'opinion dominante du petit Etat voyou.
Alors que le Sarkozistan adore s'enflammer dans des polémiques aussi violentes que sans lendemain, alors que les polémiques touchant le racisme sont d'autant plus bruyantes qu'elles masquent un racisme inavoué, la saillie raciste de Guerlain est restée sans suite.
Jusqu'au lundi. Jour où une journaliste de la radio, d'origine antillaise, Audrey Pulvar, un des très rares symboles de "minorités visibles" dans l'audiovisuel du petit Etat, y a consacré un éditorial retentissant, conclu par cette phrase empruntée à un poète noir: "le nègre, il vous emmerde". Une association de lutte contre les discriminations racistes, qui ne représente personne, mais très activiste dans l'audiovisuel, a annoncé son intention de porter plainte contre la télévision d'Etat. La commission-croupion de régulation de l'audiovisuel, la même qui ferme les yeux à longueur d'années sur la stupidité des programmes des chaînes d'oligarques, s'est soudain réveillée et, dans un sursaut louable, a "mis en demeure" la chaîne d'Etat. Laquelle chaîne d'Etat, une semaine après le juron raciste -une semaine !- a enfin consacré un reportage entier aux réactions suscitées par "ces propos nauséeux", dont on a enfin appris qu'elle avait été révoltée. Avec une semaine de retard.
La présentatrice officielle inattentive s'est embrouillée dans ses explications. Elle avait d'abord dit avoir été "surprise". Mais une semaine plus tard, après réflexion, elle n'était plus certaine d'avoir entendu la phrase fatale: "soit quelqu'un m'a parlé dans l'oreillette (on me dit régulièrement combien de temps il reste), soit je n'ai simplement pas compris. Si j'avais entendu, j'aurais bondi sur mon fauteuil. Au nom de France Télévisions, je me serais désolidarisée des propos tenus". Et en régie, personne n'a entendu ? "On avait un problème avec un reportage". Et la présentatrice de se raccrocher à la langue de bois : "Depuis plus de cinq ans, j’ai reçu plus d’invités issus de la diversité que toutes les autres émissions. Et la volonté de Rémy Pflimlin (patron de la télévision officielle) est de mettre le pluralisme et la diversité au cœur de sa politique".
On comprend son embarras. Si elle ne l'a pas entendue, c'est une faute professionnelle. Si elle l'a entendue, et n'a pas voulu rompre l'ambiance détendue de son interview, c'est pire. Celà signifie une chose : en une micro-seconde, elle a décidé que la poursuite d'une interview détendue de fin de journal télévisé l'emportait sur la blessure infligée aux Noirs par cette remarque stupide. Non pas qu'elle soit raciste, évidemment. Mais son inconscient a pris la décision pour elle. Et depuis, il se peut qu'elle ait quelques difficultés de cohabitation avec son inconscient.
Plus intéressante que cette tempête sous un crâne, est la non réaction du groupe de luxe qui contrôle la maison Guerlain.
Pendant une semaine, le groupe LVMH n'a rien dit. Une semaine plus tard, pressé de questions, il s'est abrité derrière la sobre réaction instantanée de sa filiale Guerlain. Sous-entendu : réagir à un si mince incident n'était tout de même pas de notre niveau.
Le patron de ce groupe, le milliardaire Bernard Arnault, qui règne sur un empire de haute couture, de parfums, et de maroquinerie, est, lui aussi, un des proches amis de l'Homme Fort. Dans les premiers mois de son règne, l'Homme Fort déploya beaucoup d'énergie à changer la loi sur le travail du dimanche, pour obtenir, pour un magasin de prestige d'Arnault, situé sur l'avenue tape à l'oeil des Champs-Elysées (une succession de vitrines de luxe, parcourue par les jeunes des ghettos, et les riches touristes des Emirats, que les sarkozis appellent par antiphrase "la plus belle avenue du monde"), le droit d'ouvrir le dimanche, en infraction avec la loi.
Quant au Numéro Un, qui est partout, parle de tout, s'intéresse à tout, et a un avis sur tout, lui non plus n'a rien dit de l'affaire Guerlain. Par racisme inconscient ? Supposons plutôt qu'il n'y a aucun intérêt. Il vient de nommer le président de la télévision, et n'a donc pas intérêt à le désavouer. Il déteste l'Afrique, où ses voyages battent tous les records de brièveté, mais c'est parce qu'il déteste la pauvreté. Il n'a certainement rien contre les Noirs, pour peu qu'ils soient beaux, célèbres, portent des montres de marque, et soient de préférence, comme d'habitude, plus petits que lui. Il n'a pas renvoyé un ministre faucon condamné pour injures raciales, mais il a ouvert son gouvernement à des représentants des "minorités visibles", avec des succès d'ailleurs variables.
Mais il est rancunier. Par exemple, il déteste Pulvar, qui le lui rend bien. Pulvar est originaire de la Martinique, l'une des rares survivances minuscules des anciennes colonies du pays. Le Martiniquais le plus célèbre fut longtemps Aimé Césaire, poète, et homme fort local (c'est lui l'auteur du fameux "le nègre, il vous emmerde"). Quand l'Homme Fort, avant sa prise de pouvoir, se rendit en Martinique, le vieux totem Césaire refusa de le recevoir. Rancunier, l'Homme Fort en a gardé une dent contre la Martinique.
Que révèle, au total, cette minuscule affaire ? Rien d'autre que la distance, dans ce domaine comme dans les autres, entre les slogans lénifiants serinés par le discours officiel, et la réalité. Rien d'autre que la vacuité d'une langue de bois omniprésente, assourdissante, qui s'efforce de masquer une poussière hideuse.
Ancienne ministre de la Justice, symbole des minorités visibles, tombée en disgrâce.
N.D.L.R
Je ne saurais trop vous conseiller de vous abonner à www.arretsurimages.net.
3 euros par mois seulement pour un décryptage journalier de l'information.
Car, en Sarkozistan, Etat voyou de l'Europe occidentale, il importe vraiment de décrypter l'information.
Mais on peut aussi mourir idiot ; c'est un choix.
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