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«L'avenir n'est plus ce qu'il était» [Paul Valéry]



Triste fin pour un triste sire

Deux articles récents qui expriment parfaitement ce que je pense de la récente condamnation de notre ancien président de la République à deux ans de prison avec sursis.



Le temps se couvre...
Le temps se couvre...
La chonique de Par Daniel Schneidermann du 16/12/2011

Oublions les paroles, écoutons la musique. Depuis hier soir, télés, radios, on dirait qu'un brave grand papa innocent a été victime d'une sorte d'agression météorologique, une mini-tornade personnelle, totalement imprévisible. Evidemment, il a peut-être été imprudent, il n'a pas pris toutes les précautions, il est sorti sans son parapluie, où donc avait-il la tête ? Mais pourquoi cet acharnement du destin contre lui, vieux, malade, fatigué, et tellement sympathique ? On compatit. On a une pensée pour "l'homme". La République bananière unanime soupire et penche la tête, attendrie, attristée. Jeudi soir, le 20 heures de France 2 consacrait par exemple ses sept premières minutes à la condamnation de Jacques Chirac à deux ans de prison avec sursis, dans l'affaire des emplois fictifs. Sur ces sept minutes: pas un mot consacré au rappel des faits pour lesquels il a été condamné.

Autre exemple, la voix de Giesbert, chez Pascale Clark, vendredi matin sur France Inter. Cette voix dégoulinante de compassion pour le vieux Parrain, ces longs soupirs où passe toute l'unanimité implicite contre "l'acharnement" judiciaire. Il faut que "justice passe", bien sûr. Mais ayons une pensée pour "l'homme", affaibli, à terre. Chirac devrait-il démissionner du Conseil constitutionnel ? comme le demande Eva Joly. Ah non. Quelle question ! Quelle insolence ! Pour Giesbert, Joly est "une tricoteuse" de la Révolution. Qu'il y reste, Chirac, à l'asile des Ex, et qu'il continue à percevoir les quelques 11 000 euros par mois, qui s'ajoutent à ses autres pensions et retraites diverses.

C'est le même jour, que l'hebdomadaire du même Giesbert, Le Point, poursuit ses révélations sur le député-maire PS de Liévin, Jean-Pierre Kucheida. Népotisme familial, utilisation de la carte de crédit professionnelle à des fins personnelles, repas coûteux dans des restaurants étoilés, financements politiques: si l'on comprend bien, Kucheida serait donc une sorte de mini-Chirac, socialiste et nordiste. Mais on a beau lire et relire l'article du Point, aucune trace de compassion, aucune indulgence pour le contexte du Pas-de-Calais, ses blessures, ses corons, aucune notation personnelle sur la biographie de Kucheida, ne vient tempérer la sécheresse des éléments à charge énumérés dans l'article. Et pourtant, Kucheida, à la différence de Chirac, n'est pas encore condamné, ni même mis en examen. Question de latitude ? D'âge ? De couleur politique ? Chacun en déduira ce qu'il voudra.

Le billet de Pierre Marcelle

Multiples et plaisantes réactions, jeudi, après la condamnation (pas trop tôt !) de Chirac à deux ans de réclusion avec sursis (pas trop cher). Outre celle d'Eva Joly, qui fit le boulot en lui demandant de démissionner de son siège de conseiller constitutionnel, on a surtout relevé celle du Premier ministre Fillon.

Parce qu'à tout seigneur, tout honneur, bien sûr, mais surtout parce que, lorsque ce petit exercice obligé commence par: «Je n'ai pas l'habitude de commenter des décisions de justice», l'auditeur peut être assuré qu'il n'y échappera pas. En rhétorique, on appelle cela une prétérition. On n'échappa donc évidemment pas à l'ordinaire et réjouissant «trop tard» à travers lequel tous les partisans directs ou indirects de l'ex-Président se sont assez médiocrement défaussés.

Ce préambule énoncé (cause toujours...), l'homme de Matignon contesta alors dans un lourd implicite ladite décision de justice en déclarant qu'elle «ne viendrait pas altérer la relation personnelle extrêmement forte qui existe entre les Français et Jacques Chirac». Sur ce point, au moins, rien à dire: le jugement rendu jeudi par le Tribunal correctionnel n'altère en rien ma conviction «extrêmement forte» que Jacques Chirac est un escroc.

N.D.L.R

On ne saurait mieux dire. Le vieux grigou a peut être tout oublié, mais pas nous ! Il est vieux et fatigué mais il garde toujours la main quand même sur ses comptes au Japon et sa sinécure au Conseil Constitutionnel à 12000 euros par mois. Qui s'ajoutent à ses multiples retraites. Il n'est même pas foutu de payer un loyer et habite toujours dans un appartement (somptueux) fourni par la famille Hariri. Avant que je pleure sur son sort les poules auront des dents.

En attendant la condamnation (dans 20 ans ?) de son successeur. Qui a du souci à se faire lui aussi car compte tenu de la gravité de ses casseroles, et vu comment il a fait ...suer les juges, et tout le monde en général, pendant 5 ans, à mon avis, il va avoir du mal à faire jouer son carnet d'adresses.

On a l'air fin de se moquer des italiens et de leur Berlusconi. Les nôtres ne valent pas mieux.

Vendredi 16 Décembre 2011

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