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«L'avenir n'est plus ce qu'il était» [Paul Valéry]



Santé publique et comptes d’apothicaires

La population réunionnaise est prise en otage depuis plusieurs semaines par une corporation, les pharmaciens, dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle ne relève pas la catégorie sociale réunionnaise la plus défavorisée.



Santé publique et comptes d’apothicaires
Ils sont allés jusqu’à fermer les pharmacies de l’ile pour en laisser seulement quelques unes d’ouvertes. Puis ils se sont rabattus sur la grèves des urgences et des gardes. Dernière nouvelle ; il ne vont plus accepter les cartes Vitales, ce qui veut dire que les réunionnais devront revenir à l’ancien système consistant à payer ses médicaments et à attendre, patiemment, leur remboursement.

Tout cela pour quoi ? Une décision du gouvernement de baisser leurs tarifs de 3% immédiatement, et 2 % après résultats d’une étude à venir. Alors même qu’une étude officielle, déjà publiée, a démontré ce que tout le monde sait déjà, à savoir que les médicaments sont plus chers à la Réunion qu’en métropole, et que contrairement aux cris d’orfraie des pharmaciens, et comme c’est d’ailleurs le cas dans la plupart des autres secteurs économiques de ce département, ce surcout est loin de s’expliquer seulement par les couts de transport, mais plutôt par des marges bien plus importantes que dans l’hexagone.

C’est bien pourquoi le gouvernement a décidé de baisser les tarifs de tous les pharmaciens de France et d’Outremer. Ce qui n’est pas dans habitudes, il faut bien le dire.

Je souligne, s’il en était besoin, que lorsqu’on décide de fermer toutes les pharmacies, ou de limiter les gardes et permanences, c’est infiniment plus grave que de stopper des trains ou des écoles. En effet, dans ce cas de figure il peut y avoir mort d’homme. Les pharmaciens peuvent, en la circonstance, faire l’objet de poursuites pénales, voire de fermeture administrative de leur officine. Sans parler des poursuites que l’on peut toujours engager contre eux si en raison de leur mouvement revendicatif notre santé venait à être altérée.

Le syndicat des pharmaciens vient donc de décider de prendre une nouvelle fois la population en otage en l’attaquant là où cela fait mal, à savoir au porte monnaie. Ce sont évidemment les plus défavorisés qui vont subir de plein fouet cette nouvelle attaque ; les autres, dont les pharmaciens, n’auront aucun problème pour faire l’avance du prix des médicaments. Les pauvres n’auront qu’à emprunter, ou à s’habituer à vivre sans médicament, comme dans les pays sous développés.

Je trouve cette situation particulièrement scandaleuse et je regrette être un des rares à exprimer publiquement mon indignation. Les pharmaciens ont une obligation de santé publique et il serait peut être temps que les autorités, beaucoup plus rapides à la détente en d’autres circonstances, se décident à faire respecter la loi.

Je sais bien qu’il y a beaucoup plus de pharmaciens que d’attributaires de la C.M.U dans les assemblées politiques qui dirigent ce pays mais dans ce cas : trop, c’est trop ! Compte tenu de l’absence totale de respect de la population manifestée, si j’ose dire, par cette corporation, je propose que l’on se mette à étudier sérieusement la possibilité de mettre en vente les médicaments les plus courants dans les super marchés, comme cela se fait dans beaucoup d’autres pays. Je suis sûr que M. Sarkozy, et ses amis, n’y verraient que des avantages. Pour les autres médicaments il suffirait de faire respecter la loi.

Mais la loi est elle la même pour tous dans ce pays ?

NDLR

J'ai reçu de la part d'un lecteur les précisions suivantes :

" Un bon blogger a pour obligation de vérifier ses sources. Je vous sais
habituellement plus habile pour décrypter les médias et le jeu politique.

Pour information : à partir du 1er février, les pharmacies n'utiliseront les
cartes vitales que pour vérifier les caisses et droits des patients. Le tiers
payant sera assuré. La différence se fera au niveau de la transmission des
factures entre la caisse de sécurité sociale et les officines.

Il n'y aura donc aucun changement au niveau du remboursement. aucun
changement pour le patient. Une simple signature leur sera demandée, il n'y
aura pas lieu de débourser plus qu'aujourd'hui. Parlez en à votre pharmacien habituel qui je suis sûr se fera un plaisir de vous expliquer le fond du problème."

et voici ma réponse :

"Je vous remercie pour vos précisions, mais puis-je faire remarquer que ce n'est pas du tout ce qui nous a été présenté par la presse. Je vais ajouter vos précisions à mon article.

Néanmoins je maintiens le fond de mon billet à savoir mon indignation quand à la disproportion entre le motif de ce mouvement (3% sûr et 2 % ensuite, peut être) et la fermeture totale de la plupart des pharmacies de l'île pendant plusieurs jours, la grève maintenue des permanences, et maintenant le blocage administratif de la carte Vitale. Et je répète que c'est infiniment plus grave que d'arrêter les trains ou que fermer les écoles.

NDLR

Dernières nouvelles sur cette affaire. Lu dans Le Journal de L'ile de la Réunion ce matin :

"“Nous n’acceptons pas d’être des cadeaux électoraux, avertit Mario Lechat. Pas question d’accepter la baisse à moins d’une concertation au préalable.” Les pharmaciens n’ont pas dit leur dernier mot. Alors que le gouvernement annonce la réduction du prix des médicaments pour le 1er mars, la menace de refus de la car te Vitale dans les officines de l’île est plus que jamais d’actualité. Les pharmaciens ont bien l’intention de mettre leur menace à exécution. Ils préviennent qu’au 1er février, ils effectueront les facturations à la Sécurité sociale “en mode dégradé”. Une action qui “ne pénalisera pas le patient”, promet l’intersyndicale des pharmaciens. Au 1er mars, ce sera sans doute une autre histoire. Ils préviennent qu’ils refuseront systématiquement la car te Vitale aux patients. Ceux-ci devront alors avancer les frais avant de se faire rembourser pas la CGSS. La Sécurité sociale affirmait dernièrement qu’ils se mettraient hors la loi s’ils en venaient à refuser le tiers-payant aux bénéficiaires de la CMU. “C’est un mensonge, répondent les pharmaciens. La preuve est que la Sécu nous a confirmés par courrier que nous pouvons supprimer le tiers-payant à un CMU si celui-ci refuse un médicament générique. Il y a obligation légale quand ça les arrange.” À l’heure actuelle, une convention liant les pharmaciens de l’île à la CGSS prévoit que les officines assurent le tiers-payant à tous les affiliés de la caisse réunionnaise sur les médicaments remboursés.
Les pharmaciens ont déposé un préavis de déconventionnement. Ils veulent renégocier cette convention pour réinventer le tiers-payant. Les pharmaciens aimeraient que la Sécurité sociale leur fasse une avance de fonds chaque mois en fonction du chiffre d’affaires de chaque officine pour les médicaments que leur achèteront leurs clients, au lieu du contraire, comme c’est actuellement le cas en France. “Nous ne sommes pas les banquiers de la Sécu”, s’indigne Mario Lechat avant de préciser que “le but n’est pas de pénaliser le patient”. Reste que si la CGSS refuse la proposition, les Dom se retrouveront face à une santé à deux vitesses : ceux qui auront les moyens de se soigner et ceux qui ne les auront pas. “La balle est dans le camp de la Sécu”, se décharge le porte parole des pharmaciens."

Il semblerait donc qu'en dépit des affirmations de mon lecteur j'avais bien lu et bien compris ce qu'il fallait comprendre


Jeudi 3 Janvier 2008

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