C’est ce dernier aspect qui est le plus stupéfiant, d’autant que la fondation Fondamental, présidée par Marie-Anne Montchamp, députée UMP, est soutenue par la Commission européenne, c’est à dire, par des fonds publics. Cette fondation, parrainée par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), (on se demande pourquoi) a lancé une première série de tests dans des écoles de sept pays européens. On voyait donc des enquêteurs, à l’aide d’un logiciel appelé Dominique interactif, poser toute une série de questions à des enfants, du style « Est-ce que cela t’inquiète d’avoir des mauvaises notes ? » ou encore « Rêves-tu souvent que tes parents se séparent ? »… A tout ce florilège qui dure environ un quart d’heure, l’enfant ne peut répondre que par oui ou par non. En début de reportage, un intervenant que l’on devine être l’instituteur indique que les enfants ayant des parents séparés ont plus de « troubles » que les autres, comme si l’enseignant découvrait le fil à couper le beurre…
« Favoriser la compétition économique »
Mais le pire vient ensuite. La présidente de la fondation, (je ne peux m’empêcher de rappeler le nom de cette « pionnière » de la santé mentale, Marie-Anne Montchamp,) explique ensuite doctement à la télévision les objectifs de son association. « Une personne sur quatre souffrira de maladie mentale, dit-elle, de dépression, aura un arrêt maladie prolongé, une préretraite dus à un trouble mental. » Or, nous explique t-elle encore, tout cela a un coût pour la société plus élevé que le soin par le médicament. Si l’on suit donc sa logique, il s’agit de dépister les personnes « à risque » dès le plus jeune âge pour ensuite leur prescrire des médicaments afin d’éviter les « déviances » sociales et permettre leur insertion parfaite dans le système productif. Pour elle, soigner de cette façon permet « de ne pas nous disqualifier dans la compétition économique ! ». Un directeur de la santé à la commission européenne appuie le propos : « Les journées de travail perdues coûtent plus chers que les médicaments… »
A chaque maladie, un médicament !
On ne peut qu’être atterré par de telles aberrations. Revenons au point de départ, c’est à dire aux fameux tests. D’abord, le logiciel « Dominique interactif » répond à une logique, celle du DSM IV qui catalogue les maladies et les multiplient. Des « troubles » qui n’étaient que des épisodes difficiles de la vie ainsi que toutes les addictions sont aujourd’hui désignées comme « maladies mentales ». A ce rythme, l’infidélité ou la tristesse à la suite d’un deuil vont bientôt être cataloguées comme tel. Multiplier ou désigner des tristesses ou des états d’esprit, certes pénibles, mais normaux, comme des maladies a un but : vendre le médicament qui va avec. Ce n’est pas pour rien que les laboratoires sont en bonne place dans le comité qui élabore le DSM. Ce marketing repose exactement sur le même principe que celui de la parapharmacie qui diffuse des publicités à la télévision. Le message publicitaire est réalisé de telle façon qu’il laisse s’insinuer dans l’esprit le doute que vous souffrez peut-être d’une pathologie, par exemple, d’un problème de « transit intestinal » et la pub se termine par la promesse du médicament qui va le supprimer. Pour les maladies mentales, c’est la même chose. Votre enfant est un peu turbulent ? Mais peut-être est-il hyperactif (qu’on prend le soin de désigner par un sigle savant, style TDAH )… Essayez donc la Ritaline…
Un principe pédagogique « fondamental »
Venons en maintenant aux fameux tests. D’abord, les symptômes ou le simple comportement qu’un enfant peut avoir avant la puberté peuvent être très différents, voire à l’opposé, du comportement adolescent puis adulte. Par exemple, un enfant classé comme « hyperactif » avant la puberté peut, au contraire, avoir une tendance au replis sur lui-même à l’adolescence. Comment donc porter un jugement à la suite d’un test réalisé, par exemple, à huit ans ? D’autre part, comme le dit un pédiatre dans le documentaire, ce test ne repose sur aucune base scientifique et les questions sont fermées, c’est à dire que l’on ne peut répondre que par « oui » ou par « non », ce qui empêche toute nuance et tout libre arbitre. De l’enfance à la fin de l’adolescence, le moins que l’on puisse dire, c’est que la personnalité est extrêmement évolutive. On constate couramment des adolescents difficiles, par exemple, qui sont des modèles d’équilibre à l’âge adulte, à partir du moment où ils ont trouvé leur voie. La démarche de Fondamental va également à l’encontre d’un principe pédagogique « fondamental » : lorsque, même inconsciemment, même sans le montrer, même sans le lui dire, un éducateur, l’entourage, etc. stigmatise un enfant en le cataloguant négativement, cet enfant présentera alors tous les risques de se comporter comme l’image que l’on a décidé pour lui.
« Si tu diffères de moi, loin de me lèser, tu m’enrichis » (Saint Exupéry)
Toute cette « folie » politique et industrielle qui entend « soigner » la maladie mentale ignore volontairement un autre facteur essentiel : l’environnement de la personne humaine. « Fondamental » est dans le sens de la psychiatrie anglo-saxonne : les troubles mentaux ont pour origine la génétique ou la biologie, c’est la raison pour laquelle il faut les déceler le plus tôt possible, pour le bien être économique, quitte à créer une catégorie de « malades » dépendants depuis l’enfance des médicaments. Pourtant, les généticiens eux-mêmes, après l’envolée des années quatre-vingt, disent que la génétique est loin de tout expliquer et que l’acquis est souvent déterminant. Mais si l’on suit la logique de la fondation, quand un salarié de France Telecom se suicide, ce ne peut être qu’en raison d’une maladie mentale personnelle, ayant probablement pour cause un facteur biologique, tout autre cause familiale, sociale ou professionnelle devenant exclue.
Enfin, ce qui est encore plus inquiétant, c’est le principe de « norme » qu’impose la logique politique et économique de cette démarche ubuesque. Outre l’objectif de médicaliser la jeunesse, voire une partie du public, l’autre but est qu’aucune tête « déviante » ne dépasse afin, nous rappelle la présidente de Fondamental « de ne pas nous disqualifier dans la compétition internationale… » Faut-il lui rappeler que quantité de grands hommes, d’artistes, d’écrivains, etc. eurent une enfance difficile, furent d’authentiques révoltés, voire d’asociaux et qu’ils produisirent néanmoins des œuvres qui font honneur à l’humanité ? Faut-il lui rappeler qu’Einstein eut une scolarité difficile, que Victor Hugo fut sans cesse déchiré par ses parents ou que Gustave Courbet n’eut de cesse de se révolter contre l’ordre établi ? Pour ne citer que les exemples les plus connus. Il faudrait rappeler à Marie-Anne Montchamp et aux « experts » de Fondamental cette maxime de Saint Exupéry : « Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis. »
N.D.L.R
Rappelons qu'une fois encore c'est Sarkozy qui a commencé à lancer ce bâton merdeux. Je rappelle aussi que "bâton merdeux" en australien se dit "boomerang" En la matière, si j'ose dire, il est sûr que si ce type de test avait été pratiqué sur certains futurs hommes politiques cela nous aurait évité par la suite pas mal de désagréments.
« Favoriser la compétition économique »
Mais le pire vient ensuite. La présidente de la fondation, (je ne peux m’empêcher de rappeler le nom de cette « pionnière » de la santé mentale, Marie-Anne Montchamp,) explique ensuite doctement à la télévision les objectifs de son association. « Une personne sur quatre souffrira de maladie mentale, dit-elle, de dépression, aura un arrêt maladie prolongé, une préretraite dus à un trouble mental. » Or, nous explique t-elle encore, tout cela a un coût pour la société plus élevé que le soin par le médicament. Si l’on suit donc sa logique, il s’agit de dépister les personnes « à risque » dès le plus jeune âge pour ensuite leur prescrire des médicaments afin d’éviter les « déviances » sociales et permettre leur insertion parfaite dans le système productif. Pour elle, soigner de cette façon permet « de ne pas nous disqualifier dans la compétition économique ! ». Un directeur de la santé à la commission européenne appuie le propos : « Les journées de travail perdues coûtent plus chers que les médicaments… »
A chaque maladie, un médicament !
On ne peut qu’être atterré par de telles aberrations. Revenons au point de départ, c’est à dire aux fameux tests. D’abord, le logiciel « Dominique interactif » répond à une logique, celle du DSM IV qui catalogue les maladies et les multiplient. Des « troubles » qui n’étaient que des épisodes difficiles de la vie ainsi que toutes les addictions sont aujourd’hui désignées comme « maladies mentales ». A ce rythme, l’infidélité ou la tristesse à la suite d’un deuil vont bientôt être cataloguées comme tel. Multiplier ou désigner des tristesses ou des états d’esprit, certes pénibles, mais normaux, comme des maladies a un but : vendre le médicament qui va avec. Ce n’est pas pour rien que les laboratoires sont en bonne place dans le comité qui élabore le DSM. Ce marketing repose exactement sur le même principe que celui de la parapharmacie qui diffuse des publicités à la télévision. Le message publicitaire est réalisé de telle façon qu’il laisse s’insinuer dans l’esprit le doute que vous souffrez peut-être d’une pathologie, par exemple, d’un problème de « transit intestinal » et la pub se termine par la promesse du médicament qui va le supprimer. Pour les maladies mentales, c’est la même chose. Votre enfant est un peu turbulent ? Mais peut-être est-il hyperactif (qu’on prend le soin de désigner par un sigle savant, style TDAH )… Essayez donc la Ritaline…
Un principe pédagogique « fondamental »
Venons en maintenant aux fameux tests. D’abord, les symptômes ou le simple comportement qu’un enfant peut avoir avant la puberté peuvent être très différents, voire à l’opposé, du comportement adolescent puis adulte. Par exemple, un enfant classé comme « hyperactif » avant la puberté peut, au contraire, avoir une tendance au replis sur lui-même à l’adolescence. Comment donc porter un jugement à la suite d’un test réalisé, par exemple, à huit ans ? D’autre part, comme le dit un pédiatre dans le documentaire, ce test ne repose sur aucune base scientifique et les questions sont fermées, c’est à dire que l’on ne peut répondre que par « oui » ou par « non », ce qui empêche toute nuance et tout libre arbitre. De l’enfance à la fin de l’adolescence, le moins que l’on puisse dire, c’est que la personnalité est extrêmement évolutive. On constate couramment des adolescents difficiles, par exemple, qui sont des modèles d’équilibre à l’âge adulte, à partir du moment où ils ont trouvé leur voie. La démarche de Fondamental va également à l’encontre d’un principe pédagogique « fondamental » : lorsque, même inconsciemment, même sans le montrer, même sans le lui dire, un éducateur, l’entourage, etc. stigmatise un enfant en le cataloguant négativement, cet enfant présentera alors tous les risques de se comporter comme l’image que l’on a décidé pour lui.
« Si tu diffères de moi, loin de me lèser, tu m’enrichis » (Saint Exupéry)
Toute cette « folie » politique et industrielle qui entend « soigner » la maladie mentale ignore volontairement un autre facteur essentiel : l’environnement de la personne humaine. « Fondamental » est dans le sens de la psychiatrie anglo-saxonne : les troubles mentaux ont pour origine la génétique ou la biologie, c’est la raison pour laquelle il faut les déceler le plus tôt possible, pour le bien être économique, quitte à créer une catégorie de « malades » dépendants depuis l’enfance des médicaments. Pourtant, les généticiens eux-mêmes, après l’envolée des années quatre-vingt, disent que la génétique est loin de tout expliquer et que l’acquis est souvent déterminant. Mais si l’on suit la logique de la fondation, quand un salarié de France Telecom se suicide, ce ne peut être qu’en raison d’une maladie mentale personnelle, ayant probablement pour cause un facteur biologique, tout autre cause familiale, sociale ou professionnelle devenant exclue.
Enfin, ce qui est encore plus inquiétant, c’est le principe de « norme » qu’impose la logique politique et économique de cette démarche ubuesque. Outre l’objectif de médicaliser la jeunesse, voire une partie du public, l’autre but est qu’aucune tête « déviante » ne dépasse afin, nous rappelle la présidente de Fondamental « de ne pas nous disqualifier dans la compétition internationale… » Faut-il lui rappeler que quantité de grands hommes, d’artistes, d’écrivains, etc. eurent une enfance difficile, furent d’authentiques révoltés, voire d’asociaux et qu’ils produisirent néanmoins des œuvres qui font honneur à l’humanité ? Faut-il lui rappeler qu’Einstein eut une scolarité difficile, que Victor Hugo fut sans cesse déchiré par ses parents ou que Gustave Courbet n’eut de cesse de se révolter contre l’ordre établi ? Pour ne citer que les exemples les plus connus. Il faudrait rappeler à Marie-Anne Montchamp et aux « experts » de Fondamental cette maxime de Saint Exupéry : « Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis. »
N.D.L.R
Rappelons qu'une fois encore c'est Sarkozy qui a commencé à lancer ce bâton merdeux. Je rappelle aussi que "bâton merdeux" en australien se dit "boomerang" En la matière, si j'ose dire, il est sûr que si ce type de test avait été pratiqué sur certains futurs hommes politiques cela nous aurait évité par la suite pas mal de désagréments.