«Vous n’avez toujours pas compris ?» La fonctionnaire de la mairie de Créteil chargée de recevoir les Français, en quête d’une carte d’identité ou d’un passeport, manifeste un certain agacement. Et bien non, Joseph Christian Messina n’a toujours pas compris.
Il est français, titulaire d’un passeport et d’une carte d’identité sécurisée. Depuis plus de huit ans, cet homme massif et calme est également fonctionnaire de police, donc obligatoirement français.
Mais il est né au Cameroun (et, accessoirement, il est noir).
Quand il a pris contact avec la mairie pour savoir quels papiers il devait fournir pour que ses deux garçons, Nolan, 4 ans, et Cameron, 2 ans, tous deux nés à Fréjus (Var), se voient délivrer une carte d’identité, l’administration lui a répondu qu’il lui fallait produire un certificat de nationalité. En clair, prouver qu’il est bien français.
A la dame de la mairie, Joseph Christian Messina montre ses papiers: sa carte d’identité en cours de validité, et la précédente expirée. Pour lui, ils attestent qu’il est français. Et, puisqu’il est français, ses enfants le sont aussi, automatiquement, par filiation.
Oui mais non, lui répond en substance la fonctionnaire. «Vous n’avez pas besoin d’un certificat de nationalité pour vous, mais pour vos enfants, si», martèle-telle. Comprenne qui pourra…
Pour l’obtenir, Messina doit remonter à la source de sa nationalité. En l’occurrence jusqu’à son père, puisqu’il la tient de ce dernier qui l’avait obtenue par naturalisation. En clair, la circulaire envoyée le 9 février par le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, aux préfets selon laquelle la présentation d’une carte nationale d’identité sécurisée ou d’un passeport électronique ou biométrique «suffit à prouver la nationalité française du demandeur» ne s’applique pas aux enfants de Joseph Christian Messina.
Par chance, la mère de Nolan et de Cameron est née en France: à Fréjus, comme ses enfants. Du coup, point besoin du certificat de nationalité du papa. «Mais si votre épouse, bien que française, était née au Cameroun, vous auriez dû en fournir un tous les deux», explique la dame de la mairie.
Prudent, Joseph Christian Messina a décidé de faire les démarches pour obtenir le fameux certificat de nationalité. Pour lui et pour ses enfants: «Je veux éviter qu’ils soient confrontés à cette difficulté.»
La liste des documents à fournir comprend l’«acte de naissance: copie intégrale» de Nolan et de Cameron, le sien, celui de son père et de sa mère, son livret de famille et celui de ses parents, plus le décret de naturalisation de son père. «Je n’ai plus de contacts avec lui, pourquoi ça n’est pas le tribunal d’instance [administration chargée de la délivrance des certificats de nationalité, ndlr] qui fait les recherches? Tout est archivé [au service central d’état civil à Nantes, ndlr]», s’interroge-t-il.
Cette affaire lui a fichu un coup au moral. «Ça et le débat sur l’identité nationale», dit-il. Joseph Christian Messina se demande s’il ne va pas quitter la France. Pour où? «Le Canada.» Les cartes d’identité des enfants, elles, devraient être prêtes d’ici à deux semaines.
Source : Libé, blog immigration :
N.B
Je suis né à Berlin, en 1946, d'un père français (maquisard puis membre de la division Rhin et Danube qui, avec les alliés, occupa Berlin) et d'une mère Allemande. Je suis fonctionnaire d'Etat à la retraite depuis 3 ans. Mon passeport, non biométrique, expire en 2012. Apparemment, il va me falloir prouver ma nationalité française. Merci Sarkozy !
Il est français, titulaire d’un passeport et d’une carte d’identité sécurisée. Depuis plus de huit ans, cet homme massif et calme est également fonctionnaire de police, donc obligatoirement français.
Mais il est né au Cameroun (et, accessoirement, il est noir).
Quand il a pris contact avec la mairie pour savoir quels papiers il devait fournir pour que ses deux garçons, Nolan, 4 ans, et Cameron, 2 ans, tous deux nés à Fréjus (Var), se voient délivrer une carte d’identité, l’administration lui a répondu qu’il lui fallait produire un certificat de nationalité. En clair, prouver qu’il est bien français.
A la dame de la mairie, Joseph Christian Messina montre ses papiers: sa carte d’identité en cours de validité, et la précédente expirée. Pour lui, ils attestent qu’il est français. Et, puisqu’il est français, ses enfants le sont aussi, automatiquement, par filiation.
Oui mais non, lui répond en substance la fonctionnaire. «Vous n’avez pas besoin d’un certificat de nationalité pour vous, mais pour vos enfants, si», martèle-telle. Comprenne qui pourra…
Pour l’obtenir, Messina doit remonter à la source de sa nationalité. En l’occurrence jusqu’à son père, puisqu’il la tient de ce dernier qui l’avait obtenue par naturalisation. En clair, la circulaire envoyée le 9 février par le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, aux préfets selon laquelle la présentation d’une carte nationale d’identité sécurisée ou d’un passeport électronique ou biométrique «suffit à prouver la nationalité française du demandeur» ne s’applique pas aux enfants de Joseph Christian Messina.
Par chance, la mère de Nolan et de Cameron est née en France: à Fréjus, comme ses enfants. Du coup, point besoin du certificat de nationalité du papa. «Mais si votre épouse, bien que française, était née au Cameroun, vous auriez dû en fournir un tous les deux», explique la dame de la mairie.
Prudent, Joseph Christian Messina a décidé de faire les démarches pour obtenir le fameux certificat de nationalité. Pour lui et pour ses enfants: «Je veux éviter qu’ils soient confrontés à cette difficulté.»
La liste des documents à fournir comprend l’«acte de naissance: copie intégrale» de Nolan et de Cameron, le sien, celui de son père et de sa mère, son livret de famille et celui de ses parents, plus le décret de naturalisation de son père. «Je n’ai plus de contacts avec lui, pourquoi ça n’est pas le tribunal d’instance [administration chargée de la délivrance des certificats de nationalité, ndlr] qui fait les recherches? Tout est archivé [au service central d’état civil à Nantes, ndlr]», s’interroge-t-il.
Cette affaire lui a fichu un coup au moral. «Ça et le débat sur l’identité nationale», dit-il. Joseph Christian Messina se demande s’il ne va pas quitter la France. Pour où? «Le Canada.» Les cartes d’identité des enfants, elles, devraient être prêtes d’ici à deux semaines.
Source : Libé, blog immigration :
N.B
Je suis né à Berlin, en 1946, d'un père français (maquisard puis membre de la division Rhin et Danube qui, avec les alliés, occupa Berlin) et d'une mère Allemande. Je suis fonctionnaire d'Etat à la retraite depuis 3 ans. Mon passeport, non biométrique, expire en 2012. Apparemment, il va me falloir prouver ma nationalité française. Merci Sarkozy !