Suite à l' intrusion d'un cocktail molotov dans les locaux de Charlie-hebdo, le bal des faux-culs s'est ouvert sur nos étranges lucarnes. Voir Claude Guéant rappeler les principes inébranlables que sont le droit de caricature et la liberté de la presse frôlait la provocation quand on connaît le goût de son ministère pour les conversations téléphoniques des journalistes. Bref, ce fut une bousculade devant les caméras , un show bien réglé de nos impayables amoureux de la démocratie et de ses principes intangibles sur lesquels ils s' assoient allègrement tout au long de l'année. Voir le ministre de l'intérieur pénétrer dans l' antre de ces iconoclastes fut un spectacle des plus troublants.Personne n'a donc pu empêcher cette profanation ? Qu'en pensent Cavanna et autres gardiens du temple ? Le professeur Choron a dû en avaler son fume-cigarette, là-haut, ou bien simplement s'en retourner dans sa tombe. Bien, voilà pour la narquoiserie..
Pour le fond du problème, il y a quand même comme un gros problème. Même si beaucoup de citoyens entrent dans la célèbre catégorie "je l'ai pas lu, je l'ai pas vu mais j'en ai entendu parler" la couverture "Charia-hebdo" interroge. Et l'intérieur aussi, d'ailleurs...
Ainsi, le peuple tunisien donne un net avantage à un parti islamiste et le CNT libyen affirme que la charia sera la principale source d' inspiration de la législation en Libye. Que dénoncent nos joyeux journalistes sans se soucier du droit des urnes ? Sont-ils affublés d'un trouble de la vision qui leur fait lire " terroriste" au lieu d' Islamiste ? Croient-ils que Charia est un synonyme de lapidation ? S' étaient-ils imaginé que le printemps arabe fût le printemps des midinettes court vêtues assises aux terrasses des cafés, que toute la jeunesse de ces pays communiquait sur facebook , prête à se donner rendez-vous pour la prochaine teuf ? N'y a-t-il pas dans cette surprise/déception comme une tentative d' immixtion dans la destinée d'un pays, une sorte de colonialisme culturel qui dit "faites comme nous, la démocratie, c'est nous, la vérité est en Europe et pas en Afrique bien connue pour ses démons?" N'y a-t-il pas une certaine cécité à dénoncer le poids de la religion sur la vie politique "là-bas", et de ne pas voir combien nos législations, nos constitutions, nos déclarations des droits de l'homme sont pétries d'un discours judéo-chrétien? N'y a-t-il pas un dangereux oubli de l'histoire récente, comme si personne ne voulait se souvenir des conséquences de la négation de la victoire des islamistes aux élections en Algérie au début des années 90 ? N'y a-t-il pas un déni de nos propres obscurantismes concernant aussi bien la peine de mort que la participation récente des femmes à la vie politique française (droit de vote acquis en 1944 alors qu'il fut accordé en 1918 en Azerbaïdjan et en 1934 en Turquie) ? Sans parler du machisme ambiant, des "Jupettes" et du traitement médiatique des femmes de pouvoir.
Les conséquences qu' a engendrées la couverture de "Charia hebdo" sont de deux types. Sur le plan commercial, malgré l'état des locaux, la publicité gratuite et la "martyrisation" des équipes ne peut être que commercialement profitable. La diffusion du numéro 1011 et des suivants sera bonne. Sur le plan politique, il en va tout autrement et la provocation (pardon, l'usage de la liberté) engendre des effets pour le moins pervers.Tout d'abord, effet nul sur la Tunisie, les urnes ayant parlé. Provocation certainement contre-productive en Libye où un peuple qui vient de conquérir sa liberté aura sans doute tendance à vouloir affirmer son indépendance face à une vision "européenne". Le temps de l' Histoire n'est pas celui des intellectuels, et surtout pas celui de journalistes parisiens. Par contre, effet catastrophique en France. Servir sur un plateau à la fois l' UMP et le Front National, voilà qui n'est pas banal et pour tout dire plutôt gênant. Non seulement les Guéant, Bertrand et autres Fillon sont venus faire les beaux devant les caméras, mais, de plus, en perpétuant l' amalgame musulman-islam- terrorisme, les journalistes de Charlie ont donné du grain à moudre à quantité de "braves" citoyens français que la fragilité économique pousse à ne pas être tout à fait tolérants avec les étrangers, et ceci, malheureusement sans aucun humour. Alors, oui, malheureusement, le petit cocktail chez Charlie, c'est encore des voix pour Marine.
L' enquête dira ou non si l' incendie fut provoqué par un journaliste de Charlie, pour gonfler les ventes, par des barbouzes de l' UMP, par des skins (ah non ! foin de caricatures...) du F.N ou par un barbu du vingtième...Pour l'instant on ne parle pas de Siné..
Alors, l' auto-censure ? Se dire que taper sur les intégristes, c'est automatiquement fustiger les français musulmans et donc, s' interdire toute caricature ? Il appartient à chaque équipe rédactionnelle de répondre. Le catholicisme et le papisme étaient des cibles favorites dans la seconde moitié du vingtième siècle et Charlie était déjà là , à la pointe de ce combat contre l' hypocrisie de l' Institution, de l' appareil religieux. Il était aussi en tête de ligne lorsqu'il s'agissait de fustiger les conservatismes, dans le combat pour l'émancipation des femmes, dans les luttes contre le nucléaire et les puissances d'argent. La société a avancé, des droits ont été conquis (il n'y a que des conquis sociaux!) mais la morale publique semble avoir fondu comme neige au soleil. Devant l' état de corruption et de déliquescence de notre vie politique, nous n' avons même plus le secours illusoire d'une religion. Au Maghreb et au Machrek la corruption fait le lit des intégrismes, ici, elle fait le lit de l' extrême-droite.
Nous réélisons des Balkany, des ministres condamnés ou fortement soupçonnés des pires malversations financières viennent nous donner des leçons de morale, un gouvernement "de rencontre" pour reprendre le terme employé par De Gaulle lors de l'appel du 18 juin, veut réactiver l'enseignement de la morale à l'école sans avoir le moindre échantillon à proposer...
Notre jeunesse, les jeunes citoyens, électeurs ou non, sont perdus...Le présent ne leur apporte aucune marque de respect, l'avenir est un mur d' angoisse. Nous vivons tout à la fois dans l 'Allemagne des années 30 et dans une république bananière . La jeunesse ne le sait pas. Elle le sent, et se prépare au chaos de ceux qui n'ont rien à perdre. Personne ne les prend par la main. Alors quand un groupe leur montre le chemin, son chemin, celui d'une secte ou d'une religion ou d'un parti simpliste, nous ne pouvons nous étonner de leur docilité voire de leur entrain.C'est au moins ça....Cette main tendue n'est pas la bonne, certes, mais qu' avons nous fait? Qu' avons-nous proposé ? Nous moquer d' eux ? Insulter la religion de leurs parents ? Insulter un peuple entier en traitant les Tunisiens de "petits prétentiards qui se prennent pour le peuple le plus évolué du monde arabe" comme dans l' édito de Charia Hebdo ?
En tout cas, inutile de faire un numéro spécial "Marine Hebdo". C'est déjà fait .
Pour le fond du problème, il y a quand même comme un gros problème. Même si beaucoup de citoyens entrent dans la célèbre catégorie "je l'ai pas lu, je l'ai pas vu mais j'en ai entendu parler" la couverture "Charia-hebdo" interroge. Et l'intérieur aussi, d'ailleurs...
Ainsi, le peuple tunisien donne un net avantage à un parti islamiste et le CNT libyen affirme que la charia sera la principale source d' inspiration de la législation en Libye. Que dénoncent nos joyeux journalistes sans se soucier du droit des urnes ? Sont-ils affublés d'un trouble de la vision qui leur fait lire " terroriste" au lieu d' Islamiste ? Croient-ils que Charia est un synonyme de lapidation ? S' étaient-ils imaginé que le printemps arabe fût le printemps des midinettes court vêtues assises aux terrasses des cafés, que toute la jeunesse de ces pays communiquait sur facebook , prête à se donner rendez-vous pour la prochaine teuf ? N'y a-t-il pas dans cette surprise/déception comme une tentative d' immixtion dans la destinée d'un pays, une sorte de colonialisme culturel qui dit "faites comme nous, la démocratie, c'est nous, la vérité est en Europe et pas en Afrique bien connue pour ses démons?" N'y a-t-il pas une certaine cécité à dénoncer le poids de la religion sur la vie politique "là-bas", et de ne pas voir combien nos législations, nos constitutions, nos déclarations des droits de l'homme sont pétries d'un discours judéo-chrétien? N'y a-t-il pas un dangereux oubli de l'histoire récente, comme si personne ne voulait se souvenir des conséquences de la négation de la victoire des islamistes aux élections en Algérie au début des années 90 ? N'y a-t-il pas un déni de nos propres obscurantismes concernant aussi bien la peine de mort que la participation récente des femmes à la vie politique française (droit de vote acquis en 1944 alors qu'il fut accordé en 1918 en Azerbaïdjan et en 1934 en Turquie) ? Sans parler du machisme ambiant, des "Jupettes" et du traitement médiatique des femmes de pouvoir.
Les conséquences qu' a engendrées la couverture de "Charia hebdo" sont de deux types. Sur le plan commercial, malgré l'état des locaux, la publicité gratuite et la "martyrisation" des équipes ne peut être que commercialement profitable. La diffusion du numéro 1011 et des suivants sera bonne. Sur le plan politique, il en va tout autrement et la provocation (pardon, l'usage de la liberté) engendre des effets pour le moins pervers.Tout d'abord, effet nul sur la Tunisie, les urnes ayant parlé. Provocation certainement contre-productive en Libye où un peuple qui vient de conquérir sa liberté aura sans doute tendance à vouloir affirmer son indépendance face à une vision "européenne". Le temps de l' Histoire n'est pas celui des intellectuels, et surtout pas celui de journalistes parisiens. Par contre, effet catastrophique en France. Servir sur un plateau à la fois l' UMP et le Front National, voilà qui n'est pas banal et pour tout dire plutôt gênant. Non seulement les Guéant, Bertrand et autres Fillon sont venus faire les beaux devant les caméras, mais, de plus, en perpétuant l' amalgame musulman-islam- terrorisme, les journalistes de Charlie ont donné du grain à moudre à quantité de "braves" citoyens français que la fragilité économique pousse à ne pas être tout à fait tolérants avec les étrangers, et ceci, malheureusement sans aucun humour. Alors, oui, malheureusement, le petit cocktail chez Charlie, c'est encore des voix pour Marine.
L' enquête dira ou non si l' incendie fut provoqué par un journaliste de Charlie, pour gonfler les ventes, par des barbouzes de l' UMP, par des skins (ah non ! foin de caricatures...) du F.N ou par un barbu du vingtième...Pour l'instant on ne parle pas de Siné..
Alors, l' auto-censure ? Se dire que taper sur les intégristes, c'est automatiquement fustiger les français musulmans et donc, s' interdire toute caricature ? Il appartient à chaque équipe rédactionnelle de répondre. Le catholicisme et le papisme étaient des cibles favorites dans la seconde moitié du vingtième siècle et Charlie était déjà là , à la pointe de ce combat contre l' hypocrisie de l' Institution, de l' appareil religieux. Il était aussi en tête de ligne lorsqu'il s'agissait de fustiger les conservatismes, dans le combat pour l'émancipation des femmes, dans les luttes contre le nucléaire et les puissances d'argent. La société a avancé, des droits ont été conquis (il n'y a que des conquis sociaux!) mais la morale publique semble avoir fondu comme neige au soleil. Devant l' état de corruption et de déliquescence de notre vie politique, nous n' avons même plus le secours illusoire d'une religion. Au Maghreb et au Machrek la corruption fait le lit des intégrismes, ici, elle fait le lit de l' extrême-droite.
Nous réélisons des Balkany, des ministres condamnés ou fortement soupçonnés des pires malversations financières viennent nous donner des leçons de morale, un gouvernement "de rencontre" pour reprendre le terme employé par De Gaulle lors de l'appel du 18 juin, veut réactiver l'enseignement de la morale à l'école sans avoir le moindre échantillon à proposer...
Notre jeunesse, les jeunes citoyens, électeurs ou non, sont perdus...Le présent ne leur apporte aucune marque de respect, l'avenir est un mur d' angoisse. Nous vivons tout à la fois dans l 'Allemagne des années 30 et dans une république bananière . La jeunesse ne le sait pas. Elle le sent, et se prépare au chaos de ceux qui n'ont rien à perdre. Personne ne les prend par la main. Alors quand un groupe leur montre le chemin, son chemin, celui d'une secte ou d'une religion ou d'un parti simpliste, nous ne pouvons nous étonner de leur docilité voire de leur entrain.C'est au moins ça....Cette main tendue n'est pas la bonne, certes, mais qu' avons nous fait? Qu' avons-nous proposé ? Nous moquer d' eux ? Insulter la religion de leurs parents ? Insulter un peuple entier en traitant les Tunisiens de "petits prétentiards qui se prennent pour le peuple le plus évolué du monde arabe" comme dans l' édito de Charia Hebdo ?
En tout cas, inutile de faire un numéro spécial "Marine Hebdo". C'est déjà fait .