Evidemment, la pub est de la partie : prenez par exemple la brochette de réclames juste avant le JT de 20 heures de TF1. Sur onze spots, six mettent en scène des mômes alors que les produits promus ne leur sont pas destinés. Une bonne manière de séduire la ménagère avec enfants et de bien l'orienter dans les rayons du super marché. Car devinez qui, perché dans le chariot, décide de la moitié des achats de la famille ? Le dictateur de la télé : l'infâme mouflet.
C'est-y pas mignon...
Gniard, gare à toi, on t'exploite. Pourquoi ? Parce que tu es mignon tout plein. Et ça ne date pas d'hier. Pendant une vingtaine d'années, Jacques Martin a pourri les dimanches de millions de nains en collant un micro sous le nez morveux de leurs contemporains venus là sous la menace d'un martinet bramer du Nana Mouskouri. Le but ? Faire se pâmer maman devant ce doux spectacle. Aujourd'hui, les enfants ont trouvé de nouveaux squats. Chaque dimanche, Vidéo gag (TF1) déballe son lot de chérubins vomissant leur biberon sur mémé.
Mieux, ce samedi, lors du concours Eurovision junior, Thomas Pontier, 14 ans tentera de laver l'honneur de la France souillé depuis 1977 que notre beau pays se fait rétamer à l'Eurovision version vioques. Quoiqu'avec sa chanson légèrement déceptive («Tous les jours je me réveille/Plein d'espoir et d'illusion/Mais les infos me ramènent/Me ramènent à la raison»), il risque de se faire écraser par d'encore plus petits et plus mignons que lui comme la jeune (9 ans) croate Nika Turkovic et son pas putassier du tout Hé chéri.
Mignon, l'enfant sert aussi de tire-larmes, idoine en faire-valoir de l'adulte qui lui fait guili-guili. Une recette éprouvée dans Star Academy, où il est conseillé aux candidats dénués de talent de posséder un enfant en bas âge, ça compense. La fiction n'est pas en reste, de Joséphine Ange gardien sur TF1 à l'Instit' sur France 2 en passant par, mercredi dernier sur M6, Trois Pères à la maison. Autre fonction de l'enfant tire-larmes : faire la promo des animateurs maison. Cette semaine dans Vis ma vie sur TF1, Jean-Luc Reichmann a endossé les habits d'une sage-femme. Et vas-y que je t'encourage la parturiente, et vas-y que je m'effondre d'émotion à la fin de la césarienne... Le comble ? L'animatrice prévenant, avant le reportage, que certaines scènes sont assez dures : les enfants, c'est pas pour les enfants.
C'est-y pas une vedette...
Mais l'enfant ne se contente plus du second rôle : il lui faut carrément la vedette. C'est chose faite sur M6, autrefois destinée à un auditoire jeune, qui a décidé d'élargir son public à la famille. Première salve l'année dernière avec On a échangé nos mamans, où comment deux mères, l'une stricte, l'autre à la coule, échangent leurs rejetons pendant une semaine. Comme un symbole de cette télé qui refuse d'être adulte, M6 a modifié le concept original : en Grande-Bretagne, il s'agit d'échanger son épouse et non sa «maman». Et comme, qui dit maman, dit enfant, le vrai héros n'est autre que le mouflet. Dans l'émission de mardi, le téléspectateur aura le bonheur de faire la connaissance de Kimberley, 7 ans qui accueille les remontrances de la sévère remplaçante de sa gentille môman d'un suave : «Je vais te faire souffrir, prépare-toi au désastre.»
Avec Ma nounou est une célébrité, diffusé d'ici la fin de l'année, M6 creusera encore un peu plus le filon en remplaçant une mère de famille pendant une semaine par une vedette. Et quelle vedette puisque dans le premier numéro c'est Massimo Gargia qui s'y colle, aussi à l'aise avec la portée de cochons de la Ferme Célébrités qu'avec celle de Nadège, «mère autoritaire». D'ailleurs, au vu de Gargia, les mômes font un coup de déprime. Car Gargia ne sait rien faire, perd un enfant dans le supermarché, fait porter le lourd sac de commissions au plus petit, roupille au lieu de s'occuper d'eux... Mais bien vite, la morale reprend le dessus et les petits tyrans ont raison de Gargia qui leur lit un Martine, les embrasse avant qu'ils s'endorment et les trouve finalement «attachants». Au moment des adieux, le jet-setteur rend les armes et écrasant son oeil humide, conclut : «C'était une leçon de vie.»
C'est-y pas malheureux...
Rien de tel qu'un pauvre chtit nenfant à la télé pour se dire que, finalement, on n'est pas si malheureux avec notre ongle incarné ou notre souci de draps Armani qui ne sont toujours pas en solde. C'est la fonction de cette catégorie de lardons : tant qu'il pleure sur le sort des pauvres chtits nenfants, au moins le téléspectateur ne manifeste pas dans la rue.
Inutile d'attendre une fois l'an le Téléthon, il y a ça se discute, chaque mercredi sur France 2. Jean-Luc Delarue, grand patron du pauvre chtit nenfant, consacre au moins une émission par mois au thème de l'enfance : «Savons-nous vraiment tout sur nos enfants ?», «Comment se construire quand on grandit à l'hôpital ?», «Instinct maternel : comment les mamans aiment-elles leurs enfants ?», etc. Même quand Delarue ne cause pas directement des petits malheureux, rien ne vaut, comme dans ce récent ça se discute sur la prison, l'image si poignante d'une petite fille de 5 ans rendant visite à sa grand-mère au parloir.
Mais le vrai fond de commerce de Delarue en matière de pauvre chtit nenfant, c'est le pauvre chtit nenfant malade. Surtout s'il est autiste, hyperactif, atteint du syndrome Gilles de la Tourette (cette délicieuse maladie qui fait lâcher d'intempestives bordées d'injures), ou de n'importe quel autre trouble obsessionnel compulsif du moment qu'il est télégénique. Le filon a été récupéré par Confessions intimes sur TF1 qui prise particulièrement le pauvre chtit nenfant hyperactif, un numéro visuel très réussi : impossibilité de rester en place, bris d'assiettes, hurlements divers... Puisque c'est comme ça, privé de télé !
C'est-y pas mignon...
Gniard, gare à toi, on t'exploite. Pourquoi ? Parce que tu es mignon tout plein. Et ça ne date pas d'hier. Pendant une vingtaine d'années, Jacques Martin a pourri les dimanches de millions de nains en collant un micro sous le nez morveux de leurs contemporains venus là sous la menace d'un martinet bramer du Nana Mouskouri. Le but ? Faire se pâmer maman devant ce doux spectacle. Aujourd'hui, les enfants ont trouvé de nouveaux squats. Chaque dimanche, Vidéo gag (TF1) déballe son lot de chérubins vomissant leur biberon sur mémé.
Mieux, ce samedi, lors du concours Eurovision junior, Thomas Pontier, 14 ans tentera de laver l'honneur de la France souillé depuis 1977 que notre beau pays se fait rétamer à l'Eurovision version vioques. Quoiqu'avec sa chanson légèrement déceptive («Tous les jours je me réveille/Plein d'espoir et d'illusion/Mais les infos me ramènent/Me ramènent à la raison»), il risque de se faire écraser par d'encore plus petits et plus mignons que lui comme la jeune (9 ans) croate Nika Turkovic et son pas putassier du tout Hé chéri.
Mignon, l'enfant sert aussi de tire-larmes, idoine en faire-valoir de l'adulte qui lui fait guili-guili. Une recette éprouvée dans Star Academy, où il est conseillé aux candidats dénués de talent de posséder un enfant en bas âge, ça compense. La fiction n'est pas en reste, de Joséphine Ange gardien sur TF1 à l'Instit' sur France 2 en passant par, mercredi dernier sur M6, Trois Pères à la maison. Autre fonction de l'enfant tire-larmes : faire la promo des animateurs maison. Cette semaine dans Vis ma vie sur TF1, Jean-Luc Reichmann a endossé les habits d'une sage-femme. Et vas-y que je t'encourage la parturiente, et vas-y que je m'effondre d'émotion à la fin de la césarienne... Le comble ? L'animatrice prévenant, avant le reportage, que certaines scènes sont assez dures : les enfants, c'est pas pour les enfants.
C'est-y pas une vedette...
Mais l'enfant ne se contente plus du second rôle : il lui faut carrément la vedette. C'est chose faite sur M6, autrefois destinée à un auditoire jeune, qui a décidé d'élargir son public à la famille. Première salve l'année dernière avec On a échangé nos mamans, où comment deux mères, l'une stricte, l'autre à la coule, échangent leurs rejetons pendant une semaine. Comme un symbole de cette télé qui refuse d'être adulte, M6 a modifié le concept original : en Grande-Bretagne, il s'agit d'échanger son épouse et non sa «maman». Et comme, qui dit maman, dit enfant, le vrai héros n'est autre que le mouflet. Dans l'émission de mardi, le téléspectateur aura le bonheur de faire la connaissance de Kimberley, 7 ans qui accueille les remontrances de la sévère remplaçante de sa gentille môman d'un suave : «Je vais te faire souffrir, prépare-toi au désastre.»
Avec Ma nounou est une célébrité, diffusé d'ici la fin de l'année, M6 creusera encore un peu plus le filon en remplaçant une mère de famille pendant une semaine par une vedette. Et quelle vedette puisque dans le premier numéro c'est Massimo Gargia qui s'y colle, aussi à l'aise avec la portée de cochons de la Ferme Célébrités qu'avec celle de Nadège, «mère autoritaire». D'ailleurs, au vu de Gargia, les mômes font un coup de déprime. Car Gargia ne sait rien faire, perd un enfant dans le supermarché, fait porter le lourd sac de commissions au plus petit, roupille au lieu de s'occuper d'eux... Mais bien vite, la morale reprend le dessus et les petits tyrans ont raison de Gargia qui leur lit un Martine, les embrasse avant qu'ils s'endorment et les trouve finalement «attachants». Au moment des adieux, le jet-setteur rend les armes et écrasant son oeil humide, conclut : «C'était une leçon de vie.»
C'est-y pas malheureux...
Rien de tel qu'un pauvre chtit nenfant à la télé pour se dire que, finalement, on n'est pas si malheureux avec notre ongle incarné ou notre souci de draps Armani qui ne sont toujours pas en solde. C'est la fonction de cette catégorie de lardons : tant qu'il pleure sur le sort des pauvres chtits nenfants, au moins le téléspectateur ne manifeste pas dans la rue.
Inutile d'attendre une fois l'an le Téléthon, il y a ça se discute, chaque mercredi sur France 2. Jean-Luc Delarue, grand patron du pauvre chtit nenfant, consacre au moins une émission par mois au thème de l'enfance : «Savons-nous vraiment tout sur nos enfants ?», «Comment se construire quand on grandit à l'hôpital ?», «Instinct maternel : comment les mamans aiment-elles leurs enfants ?», etc. Même quand Delarue ne cause pas directement des petits malheureux, rien ne vaut, comme dans ce récent ça se discute sur la prison, l'image si poignante d'une petite fille de 5 ans rendant visite à sa grand-mère au parloir.
Mais le vrai fond de commerce de Delarue en matière de pauvre chtit nenfant, c'est le pauvre chtit nenfant malade. Surtout s'il est autiste, hyperactif, atteint du syndrome Gilles de la Tourette (cette délicieuse maladie qui fait lâcher d'intempestives bordées d'injures), ou de n'importe quel autre trouble obsessionnel compulsif du moment qu'il est télégénique. Le filon a été récupéré par Confessions intimes sur TF1 qui prise particulièrement le pauvre chtit nenfant hyperactif, un numéro visuel très réussi : impossibilité de rester en place, bris d'assiettes, hurlements divers... Puisque c'est comme ça, privé de télé !