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«L'avenir n'est plus ce qu'il était» [Paul Valéry]



La France et Ben Ali : Eyes wide shut !

C’est peu de dire que la plupart des pays, dont la France, ont fait preuve d’une complaisance coupable à l’égard du régime dictatorial de Ben Ali. La défense de la France est de répéter maintenant à l‘envi : « On ne pouvait pas prévoir que ce régime tomberait aussi rapidement »



Et la famille...ça va ?
Et la famille...ça va ?
Pauvre défense ! De fait, cela veut dire : si on avait su que Ben Ali allait sauter on l’aurait critiqué plus tôt. Quelle hypocrisie avouée, quelle bassesse.

C’est aussi lamentable que Dame Alliot Marie qui a proposé benoitement à Ben Ali, alors qu’il était encore tout puissant, de l’aider à régler ses problèmes de sécurité. La France ayant selon elle, qui n’a jamais manqué d’air, je cite : « Un grand savoir faire en la matière. » Certes ! La France vient même de le démontrer par deux fois en n’ayant pas su éviter d’abord la mort d’un otage de 78 ans puis celle de deux jeunes gens d’une vingtaine d’années. A telle enseigne qu’aux obsèques de ces derniers Sarkozy se sentait tellement merdeux que, pour une fois, lui qui ne manque jamais une occasion de communiquer, donc de manipuler, n’a pas osé prendre la parole.

Non Madame la Ministre, non Monsieur le Président ! Ce n’est pas lorsque les dictatures tombent qu’il faut les critiquer, mais quand elles sont bien établies !

Je rappelle tout de même que pendant les 23 ans du règne de Ben Ali, pas une seule fois, la France n’a pris la défense des droits de l’homme dans ce pays. Aujourd’hui Ben Ali est clairement qualifié de dictateur mais pendant 23 ans il fut « le grand ami de la France ». Comme Papa Doc et son sinistre avatar, en leur temps. Comme Kadhafi qui fut reçu naguère avec tous les égards. Comme la Chine aujourd’hui qui n’est pas, c’est le moins qu'on puisse dire, le paradis des droits de l’homme.

En fait nos démocraties ou plutôt nos ploutocraties (du grec ploutos : richesse ; kratos : pouvoir) s'accommodent fort bien des dictatures. Une dictature c’est stable, le peuple ne bronche pas, et avec un peu d’expérience on sait qui, quand et comment il faut arroser. Autrement dit, la dictature c’est très bon pour le business. Et le business a horreur du changement ; il lui faut refaire tous ses carnets d’adresses, et c’est beaucoup de travail.

Du coup, l’infâme Baby Doc, dictateur sanglant lui aussi, et de sinistre mémoire, longtemps protégé des américains, autres ploutocrates notoires, ose revenir la tête haute (mais le regard fuyant quand même) en Haïti. Au vu et au su du monde entier. Comme si de rien n’était. Pourtant, c’est comme si Hitler revenait aujourd’hui en Allemagne. Dans l’indifférence générale.

Saluons en tous cas, comme il se doit, le courage du peuple tunisien, réputé très pacifique mais qui, en la circonstance a démontré au monde entier, qu’un peuple courageux peut, à main nues et très rapidement, mettre à bas une dictature réputée indéboulonnable.

A cet égard tous les commentateurs ne manquent pas de souligner que beaucoup de pays arabes sont aujourd’hui dans la même situation que la Tunisie de Ben Ali. Sous entendu : les mêmes causes pourraient produire les mêmes effets.

En y regardant de plus près ces distingués commentateurs auraient même pu observer qu’ailleurs que dans les pays arabes :

• les jeunes sont éduqués mais n’ont pas de travail,
• les élites sont corrompues
• les affairistes sont tout puissants
• les médias sont bâillonnés et
• un seul homme tient dans sa seule main tous les leviers du pouvoir.

Suivez mon regard...

Mais nos éminents commentateurs ne savent prédire que le passé. Et encore. C’est souvent pour mieux le farder.

Certes, il ne s’agit pas à proprement parler de dictatures mais peut être n’en sont elles que plus pernicieuses. En effet, au lieu de s’appuyer sur la police on s’appuie sur la communication, et donc sur les médias. Mais au fond la situation, pour ceux qui sont du mauvais côté de la barrière, est exactement la même, et ils ne voient pas bien la différence entre Zinochet et Tsarkozy.

Néanmoins, on ne peut que le constater : les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets. Il y a des peuples qui se révoltent, au risque de leur vie. Les autres regardent Pujadas à la télé.

N’est pas tunisien qui veut …



Mardi 18 Janvier 2011

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Guy Deridet

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