La dessus le sémillant Galouzeau de Villepin, GdP pour les dames, ci-devant premier ministre et accessoirement candidat aux futures présidentielles, a rendu une visite éclair à notre île, distribué 72 millions d'euros (les entrepreneurs locaux et leurs, pardon, les, hommes politiques locaux se frottent les mains) et menti effrontément en affirmant que tout cela était imprévisible, et que le ciel lui était tombé sur la tête.
En fait, tout le monde sait ici que depuis mars 2005 les services compétents (?) étaient au courant, mais qu'ils n’ont trouvé à l’époque comme seule parade que… d'attendre l'hiver. L'hiver est passé et les moustiques ont frappé comme jamais, de mémoire de réunionnais, et même de ministre de la santé. Si tant est que nos ministres de la santé aient de la mémoire, ce dont je doute.
Le préfet local et ses affidés, quand à eux, sont partis récemment en guerre contre l'Aedes Albopictus, c'est le nom de la sale bête, à grand coups de fly-tox, et par militaires interposés. « Nous sommes en guerre et nous allons gagner » clame à qui veut l'entendre notre martial préfet.
Malheureusement pour lui, et surtout pour les réunionnais, car lui passera mais eux resteront, il se trouve que cette épidémie ne sera pas éradiquée à grands coups de fly-tox. Même si on change de marque de flytox aussi vite que les hommes politiques locaux changent de veste. A titre d’information nous en sommes à la troisième ou quatrième, je ne sais plus, marque préconisée.
Ainsi que le rappelle M. le Berre, entomologiste naguère réputé mais désormais honni par la nomenklatura locale, la guerre contre les moustiques est un travail de longue haleine, et non une blitzkrieg. En effet, vu la vitesse à laquelle ces bestioles prolifèrent, c'est aux gites larvaires qu'il faut s'attaquer, et en permanence si l'on veut être efficace.
Or, et cela Léon ne le clame pas sur les toits, à la Réunion jusqu'en 1986 la démoustication était mise en œuvre, à peu près régulièrement, par la Drass locale, sous l'autorité du Conseil Général. La Drass fut ensuite "nationalisée" c'est à dire qu'elle est passée sous le contrôle de l'Etat. Résultat : une pauvreté en moyens et en effectifs telle que la lutte contre les moustiques à la Réunion s'est arrêtée, faute de combattants.
Vous avez bien noté la date : 1986, soit il y a 20 ans ! Depuis 20 ans on ne fait plus rien contre les moustiques dans cette île. Ou si peu, que même les Albopictus, fort peu primesautiers au demeurant, rigolent !
Si bien que la Réunion, île intense s’il en fut, est devenue désormais le paradis des moustiques, vecteurs du chikungunya, mais aussi de la dengue, autre joyeuseté tropicale, qui parait il, et aux dernières nouvelles, s'allierait volontiers au chikungunya. Pauvres de nous !
Toujours selon M. le Berre, les répulsifs, tant vantés par nos « spécialistes » locaux ne servent pas à grand chose dans nos climats, et deviennent inefficaces en quelques heures. Au passage ils auront au moins servi à faire la fortune de quelques commerçants locaux.
Enfin, last but not least, il paraîtrait, toujours selon M. Le Berre, que le virus se transmet chez les moustiques, de mère en fille, jusqu'à la cinquième génération. Ce qui veut dire qu'à la cinquième génération le moustique femelle, toute fraiche pondue, pourra infecter le premier réunionnais venu (je ne parle plus des touristes ils auront tous disparu) sans même avoir besoin de piquer un autochtone chikungunyé, simplement en transmettant un virus hérité de son arrière grand mère. Ca promet !
Si cela se vérifie notre belliqueux préfet, ou plutôt ses successeurs, et la vaillante troupe qui derrière eux s'avance, n'est pas prête de partir en permission. En effet, si les touristes seront depuis longtemps sortis de l'auberge, il y a fort à craindre que ce ne sera pas le cas de la population réunionnaise.
Aux dernières nouvelles les crânes d’œufs qui nous gouvernent attendraient avec impatience, soit un cyclone, qui avec un peu de chance balaieraient les saletés, soit … le prochain hiver. Misère !