Le gouvernement a beau envisager et démentir mille projets, le seul remède efficace contre le déficit de la Sécurité sociale, c’est la canicule. Parce qu’on dit le trou, mais le trou, ce sont les vieux. Pour la prospective, il faudra se poser de nouvelles questions : comment ça va la météo de la Sécu cette année ? Le trou de la couche d’ozone va-t-il combler celui de le branche vieillesse ? Avec la mondialisation, on a un vrai problème de trou, la France elle-même en devient un, le Front national dirait un bled. On finira tous dans le trou de la Sécu, un jour ou l’autre.
Pour la branche maladie, il y a une recette radicale : ne plus rembourser. Réformons, réformons. A quoi ça sert que les grands-mères elles se décarcassent avec leurs fameux remèdes ? Le gouvernement s’emploie déjà à rétablir des méthodes aussi éprouvées que la purge et la saignée. Bientôt, il va favoriser les médecines alternatives. «Vous êtes malades ? Mangez des tomates !» Et tout le monde trouvera normal que l’Etat ne rembourse pas les tomates. Et Lourdes, ses vertus curatives ne valent-elles pas une petite entorse au principe de laïcité ? Un Guizot d’aujourd’hui ne dira plus «Enrichissez-vous» mais «Guérissez donc». Parce que l’idéal serait quand même de nous guérir.
Les médecins, voilà les responsables. Limitons le budget de la recherche pour qu’on ne nous invente pas de nouvelles maladies : fini, les bobos à tire-larigot. Il faut inverser la tendance. Peut-être que si on est moins soignés, on sera moins malades. On aura une carte Vitale à points qui diminuera à chaque affection. Après deux offres de traitement raisonnables, on sera radié des remboursements si on s’entête à être malades. Les mal-portants diminueront comme les chômeurs des statistiques. Ils ne seront plus comptabilisés comme malades mais comme non-remboursés. Ces malades qui veulent travailler moins pour gagner autant ne sont pas dans l’air du temps. Et ce ne sera pas tout de ne pas être remboursés : les contagieux subiront une pénalité financière. Etre inscrit à la Sécurité sociale sera participer à un immense fichier à l’intérieur duquel tout gouvernement pourra traquer les dépensiers.
Il ne faudra plus souffrir d’affections au-dessus de ses moyens, être malade plus haut que son cul. Mal soignés, on vivra moins vieux, un cercle vertueux. Bien sûr, ça n’ira pas sans quelques cas particuliers pénibles. On verra des mendiants dans la rue avec, au lieu de leur petit écriteau «J’ai faim», un d’un nouveau genre : «J’ai mal.» Dans le métro, des vieux ne nous laisseront pas en paix : «J’ai 75 ans, je suis non-remboursé et je souffre d’une affection longue durée. Enfin, longue durée, à 75 ans. Je préfère faire la manche que voler dans les pharmacies. Est-ce que vous auriez un lit en gériatrie ou un comprimé de Valium pour rester correct, s’il vous plaît ?» Il y aura des manifestations de malades où on lira sur les banderoles «Aïe», «Ouille», «Ouh la la». Chez le médecin, on s’entendra dire : «Mais vous êtes au Smic, vous. Inutile de vous déshabiller.» Ça fera des héritiers mécontents : «Désolé. On comptait vous laisser la boutique mais j’ai dû soigner le cancer de maman.» Un monde de bon goût nous attend. Il y aura cependant un avantage : sans doute que les footballeurs passeront moins leur vie à se rouler de douleur sur le terrain si chaque minute d’indisponibilité ne leur est plus payée.
Pour la branche maladie, il y a une recette radicale : ne plus rembourser. Réformons, réformons. A quoi ça sert que les grands-mères elles se décarcassent avec leurs fameux remèdes ? Le gouvernement s’emploie déjà à rétablir des méthodes aussi éprouvées que la purge et la saignée. Bientôt, il va favoriser les médecines alternatives. «Vous êtes malades ? Mangez des tomates !» Et tout le monde trouvera normal que l’Etat ne rembourse pas les tomates. Et Lourdes, ses vertus curatives ne valent-elles pas une petite entorse au principe de laïcité ? Un Guizot d’aujourd’hui ne dira plus «Enrichissez-vous» mais «Guérissez donc». Parce que l’idéal serait quand même de nous guérir.
Les médecins, voilà les responsables. Limitons le budget de la recherche pour qu’on ne nous invente pas de nouvelles maladies : fini, les bobos à tire-larigot. Il faut inverser la tendance. Peut-être que si on est moins soignés, on sera moins malades. On aura une carte Vitale à points qui diminuera à chaque affection. Après deux offres de traitement raisonnables, on sera radié des remboursements si on s’entête à être malades. Les mal-portants diminueront comme les chômeurs des statistiques. Ils ne seront plus comptabilisés comme malades mais comme non-remboursés. Ces malades qui veulent travailler moins pour gagner autant ne sont pas dans l’air du temps. Et ce ne sera pas tout de ne pas être remboursés : les contagieux subiront une pénalité financière. Etre inscrit à la Sécurité sociale sera participer à un immense fichier à l’intérieur duquel tout gouvernement pourra traquer les dépensiers.
Il ne faudra plus souffrir d’affections au-dessus de ses moyens, être malade plus haut que son cul. Mal soignés, on vivra moins vieux, un cercle vertueux. Bien sûr, ça n’ira pas sans quelques cas particuliers pénibles. On verra des mendiants dans la rue avec, au lieu de leur petit écriteau «J’ai faim», un d’un nouveau genre : «J’ai mal.» Dans le métro, des vieux ne nous laisseront pas en paix : «J’ai 75 ans, je suis non-remboursé et je souffre d’une affection longue durée. Enfin, longue durée, à 75 ans. Je préfère faire la manche que voler dans les pharmacies. Est-ce que vous auriez un lit en gériatrie ou un comprimé de Valium pour rester correct, s’il vous plaît ?» Il y aura des manifestations de malades où on lira sur les banderoles «Aïe», «Ouille», «Ouh la la». Chez le médecin, on s’entendra dire : «Mais vous êtes au Smic, vous. Inutile de vous déshabiller.» Ça fera des héritiers mécontents : «Désolé. On comptait vous laisser la boutique mais j’ai dû soigner le cancer de maman.» Un monde de bon goût nous attend. Il y aura cependant un avantage : sans doute que les footballeurs passeront moins leur vie à se rouler de douleur sur le terrain si chaque minute d’indisponibilité ne leur est plus payée.