Cette directive « repoussoir » vient d’être repoussée. Comme par hasard MMS. Chirac et Raffarin, habituellement fervents partisans de la libéralisation, hurlent avec, une fois n’est pas coutume, les défenseurs du service public. Qu’est ce à dire ?
Nos duettistes endémiques et quelque part comiques auraient ils été subitement touchés par la grâce ? Seraient-ils brusquement convertis à la défense du service public ?
Bien sûr que non. Encore une fois ils nous prennent pour des cons !
Il se trouve en effet qu’un référendum sur l’Europe est prévu en France dans quelques mois seulement, que les partisans du non ne cessent de vitupérer contre le libéralisme excessif de l’Europe, et que cette directive ultra libérale ne fait que confirmer les craintes des défenseurs du service public.
Juste pour vous donner une idée de ce que sera l’Europe de demain, cette directive permet d’appliquer dans le pays d’accueil le droit du pays d’origine du prestataire de services. Par exemple, une entreprise polonaise de rénovation travaillant en France serait ainsi soumise à la législation polonaise du droit du travail. Ce qui permet de supposer que les multinationales vont rapidement transférer leur siège social dans les pays d’Europe où la législation leur est la plus favorable. C'est-à-dire, certainement pas en France ! Avec l’Europe à 25 ça va être coquet !
Par ailleurs, toujours selon cette directive, l’ensemble des services publics européens sera désormais soumis aux (dures) lois de la concurrence. Si vous ne voyez pas ce que cela veut dire, regardez ce qui se passe actuellement à la Poste, à EDF GDF et ailleurs. Rentabilité, compétitivité, flexibilité seront les maîtres mots de l’administration de demain.
Or, je persiste à penser, avec quelques autres, que le service public ne peut être soumis à des critères marchands. Un hôpital, une route, la police, l’éducation, entre autres secteurs publics n’ont pas à être rentables. Ou alors pourquoi payons-nous des impôts ? Si la police doit être rentable, supprimons les lois, et remplaçons les par des tarifs de contravention. Si l’éducation doit être rentable, supprimons les profs, et remplaçons les par des machines. Si l’hôpital doit être rentable, supprimons les pauvres car ils n’y ont pas leur place.
Pour l’heure, la directive Bolkestein est donc repoussée. Mais vous noterez qu’elle n’est pas abrogée. Ce qui veut dire que dès que vous aurez voté oui au référendum elle reviendra, certainement sous un autre nom, et s’imposera, soyez en assurés. Et ce jour là nos deux duettistes franchement tragiques seront, comme par hasard, frappés d’aphasie ou occupés ailleurs.
Pour toutes ces raisons, au futur referendum, je voterai non ! Cela ne changera vraisemblablement rien à l’issue du scrutin mais au moins pourrais-je dire plus tard à mes enfants et à mes amis que je n’ai été ni complice ni dupe de cette infamie.
Guy DERIDET
Nos duettistes endémiques et quelque part comiques auraient ils été subitement touchés par la grâce ? Seraient-ils brusquement convertis à la défense du service public ?
Bien sûr que non. Encore une fois ils nous prennent pour des cons !
Il se trouve en effet qu’un référendum sur l’Europe est prévu en France dans quelques mois seulement, que les partisans du non ne cessent de vitupérer contre le libéralisme excessif de l’Europe, et que cette directive ultra libérale ne fait que confirmer les craintes des défenseurs du service public.
Juste pour vous donner une idée de ce que sera l’Europe de demain, cette directive permet d’appliquer dans le pays d’accueil le droit du pays d’origine du prestataire de services. Par exemple, une entreprise polonaise de rénovation travaillant en France serait ainsi soumise à la législation polonaise du droit du travail. Ce qui permet de supposer que les multinationales vont rapidement transférer leur siège social dans les pays d’Europe où la législation leur est la plus favorable. C'est-à-dire, certainement pas en France ! Avec l’Europe à 25 ça va être coquet !
Par ailleurs, toujours selon cette directive, l’ensemble des services publics européens sera désormais soumis aux (dures) lois de la concurrence. Si vous ne voyez pas ce que cela veut dire, regardez ce qui se passe actuellement à la Poste, à EDF GDF et ailleurs. Rentabilité, compétitivité, flexibilité seront les maîtres mots de l’administration de demain.
Or, je persiste à penser, avec quelques autres, que le service public ne peut être soumis à des critères marchands. Un hôpital, une route, la police, l’éducation, entre autres secteurs publics n’ont pas à être rentables. Ou alors pourquoi payons-nous des impôts ? Si la police doit être rentable, supprimons les lois, et remplaçons les par des tarifs de contravention. Si l’éducation doit être rentable, supprimons les profs, et remplaçons les par des machines. Si l’hôpital doit être rentable, supprimons les pauvres car ils n’y ont pas leur place.
Pour l’heure, la directive Bolkestein est donc repoussée. Mais vous noterez qu’elle n’est pas abrogée. Ce qui veut dire que dès que vous aurez voté oui au référendum elle reviendra, certainement sous un autre nom, et s’imposera, soyez en assurés. Et ce jour là nos deux duettistes franchement tragiques seront, comme par hasard, frappés d’aphasie ou occupés ailleurs.
Pour toutes ces raisons, au futur referendum, je voterai non ! Cela ne changera vraisemblablement rien à l’issue du scrutin mais au moins pourrais-je dire plus tard à mes enfants et à mes amis que je n’ai été ni complice ni dupe de cette infamie.
Guy DERIDET