L'étudiant est entré dans l'amphi, pour inciter ses camarades à débrayer. Le professeur d'histoire, qui donnait son cours, s'y est opposé. Ce professeur aurait ensuite, selon des témoins cités par l'UNEF, imité l'accent de cet étudiant ivoirien, qui avait commencé à prendre la parole.
Vous n'en avez pas entendu parler, peut-être parce qu'à la différence des insultes qui ont visé Alain Finkielkraut, il n'y a pas d'images. Il faut croire que l'on filme beaucoup moins dans les amphis de Rennes 2 que dans les samedis des Gilets jaunes. La présidence de Rennes 2 a ouvert une enquête sur cette possible agression raciste, raison pour laquelle peut-être ni le nom de l'étudiant, ni celui du professeur, ne sont à ce jour cités.
Pourquoi cet appel au débrayage ? En protestation contre la hausse des droits d'inscription dans les universités françaises pour les étudiants étrangers extra-communautaires.
A compter de la rentrée prochaine, ils devront acquitter 2770 euros pour s’inscrire en licence contre 170 euros jusqu’à présent, ou 3770 euros pour rejoindre un master (actuellement 243 euros). Depuis plusieurs semaines, je vois monter les protestations contre cette mesure (17 universités sur 72 ont décidé qu'elles ne l'appliqueraient pas), mais je ne m'y étais jamais vraiment intéressé. Une mesure désespérante de plus, un signal supplémentaire du racornissement de la France, me disais-je. J'avais tort. A la considérer dans le détail, cette mesure n'est pas seulement désespérante. Elle est savoureusement caractéristique de l'incohérence française.
Cette hausse extravagante se situe dans le cadre d'un programme présenté par le Premier ministre Edouard Philippe à l'automne dernier. Et ce programme s'appelle... "Bienvenue en France". Oui, bienvenue ! On augmente les droits d'inscription, mais bienvenue. Car il s'agit, pour la France, de ne pas "décrocher" en attractivité, par rapport aux pays concurrents.
"On veut améliorer l’accueil des étudiants. Par rapport à ce que proposent d’autres pays, on est clairement en retard ", explique sans rire le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, cité par Le Parisien. Il doit exister quelque part des hauts fonctionnaires, qui ont validé l'idée géniale de baptiser "Bienvenue en France" un programme de hausse des droits d'inscription pour les étudiants étrangers. Les quelques rares articles qui ont traité au fond du sujet se sont, comme il se doit, moqués de cette absurdité.
Il est exact que dans le pack "Bienvenue en France" figurent aussi des mesures "positives". Ainsi, essayait de le vendre le gouvernement, avant d'en livrer le détail (pour prendre connaissance de l'argumentation gouvernementale sur le sujet, lire par exemple cette dépêche de l'AFP), le nombre de bourses est triplé. Ce que la France prend d'une main, elle le redonnerait de l'autre ? La dépêche, à l'époque, n'avait semblé déceler aucune contradiction dans le pack.
Devant la contestation, et pour justifier la mesure, le gouvernement a dégainé toutes sortes d'approximations. Interrogée sur la baisse (quelle surprise !) des pré-inscriptions d'étudiants extra-communautaires par rapport à l'an dernier, la ministre Frédérique Vidal, en traficotant les chiffres, a évoqué "une sorte de stabilité". Des sources gouvernementales ont expliqué sans rire que cette hausse visait à revaloriser l'image des universités françaises, notamment aux yeux des étudiants asiatiques, sur le mode "tout produit bradé semble cheap". D'autres sources ont vendu une mèche plus vraisemblable, en évoquant les caisses vides de l'Etat. Aux dernières nouvelles, des négociations se seraient engagées entre le gouvernement et des universités rebelles, sur la base d'une augmentation des possibilités d'exonération des frais, par ces universités, pour les étudiants. Cela reviendrait à revenir, sans le dire, à l'état de choses antérieur.
Bienvenue en France, dont quelques spécialités sont décidément inégalables.

Vous n'en avez pas entendu parler, peut-être parce qu'à la différence des insultes qui ont visé Alain Finkielkraut, il n'y a pas d'images. Il faut croire que l'on filme beaucoup moins dans les amphis de Rennes 2 que dans les samedis des Gilets jaunes. La présidence de Rennes 2 a ouvert une enquête sur cette possible agression raciste, raison pour laquelle peut-être ni le nom de l'étudiant, ni celui du professeur, ne sont à ce jour cités.
Pourquoi cet appel au débrayage ? En protestation contre la hausse des droits d'inscription dans les universités françaises pour les étudiants étrangers extra-communautaires.
A compter de la rentrée prochaine, ils devront acquitter 2770 euros pour s’inscrire en licence contre 170 euros jusqu’à présent, ou 3770 euros pour rejoindre un master (actuellement 243 euros). Depuis plusieurs semaines, je vois monter les protestations contre cette mesure (17 universités sur 72 ont décidé qu'elles ne l'appliqueraient pas), mais je ne m'y étais jamais vraiment intéressé. Une mesure désespérante de plus, un signal supplémentaire du racornissement de la France, me disais-je. J'avais tort. A la considérer dans le détail, cette mesure n'est pas seulement désespérante. Elle est savoureusement caractéristique de l'incohérence française.
Cette hausse extravagante se situe dans le cadre d'un programme présenté par le Premier ministre Edouard Philippe à l'automne dernier. Et ce programme s'appelle... "Bienvenue en France". Oui, bienvenue ! On augmente les droits d'inscription, mais bienvenue. Car il s'agit, pour la France, de ne pas "décrocher" en attractivité, par rapport aux pays concurrents.
"On veut améliorer l’accueil des étudiants. Par rapport à ce que proposent d’autres pays, on est clairement en retard ", explique sans rire le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, cité par Le Parisien. Il doit exister quelque part des hauts fonctionnaires, qui ont validé l'idée géniale de baptiser "Bienvenue en France" un programme de hausse des droits d'inscription pour les étudiants étrangers. Les quelques rares articles qui ont traité au fond du sujet se sont, comme il se doit, moqués de cette absurdité.
Il est exact que dans le pack "Bienvenue en France" figurent aussi des mesures "positives". Ainsi, essayait de le vendre le gouvernement, avant d'en livrer le détail (pour prendre connaissance de l'argumentation gouvernementale sur le sujet, lire par exemple cette dépêche de l'AFP), le nombre de bourses est triplé. Ce que la France prend d'une main, elle le redonnerait de l'autre ? La dépêche, à l'époque, n'avait semblé déceler aucune contradiction dans le pack.
Devant la contestation, et pour justifier la mesure, le gouvernement a dégainé toutes sortes d'approximations. Interrogée sur la baisse (quelle surprise !) des pré-inscriptions d'étudiants extra-communautaires par rapport à l'an dernier, la ministre Frédérique Vidal, en traficotant les chiffres, a évoqué "une sorte de stabilité". Des sources gouvernementales ont expliqué sans rire que cette hausse visait à revaloriser l'image des universités françaises, notamment aux yeux des étudiants asiatiques, sur le mode "tout produit bradé semble cheap". D'autres sources ont vendu une mèche plus vraisemblable, en évoquant les caisses vides de l'Etat. Aux dernières nouvelles, des négociations se seraient engagées entre le gouvernement et des universités rebelles, sur la base d'une augmentation des possibilités d'exonération des frais, par ces universités, pour les étudiants. Cela reviendrait à revenir, sans le dire, à l'état de choses antérieur.
Bienvenue en France, dont quelques spécialités sont décidément inégalables.