## Une épidémie de cancers précoces
Selon une étude américaine portant sur 3,8 millions de patients, la génération X connaît une augmentation significative de l'incidence de plusieurs types de cancers par rapport à leurs aînés baby-boomers et à la génération silencieuse. Chez les femmes, on observe une hausse des cancers de la thyroïde, du rein, du rectum, de l'utérus, du côlon, du pancréas, des ovaires, ainsi que des lymphomes non hodgkiniens et des leucémies. Côté masculin, la tendance est similaire pour les cancers de la thyroïde, du rein, du rectum, du côlon et de la prostate.
Si certains cancers comme ceux du poumon, du col de l'utérus ou du foie sont en recul, grâce notamment aux progrès de la prévention et du dépistage, cette augmentation globale des cancers précoces est très préoccupante. Et, les projections suggèrent que cette "épidémie" pourrait se poursuivre, voire s'amplifier, chez les Millennials (1981-1996) et la Génération Z (nés après 1997) si rien n'est fait.
## Des modes de vie en accusation
Quels sont les facteurs de risque en cause dans cette hausse des cancers chez les jeunes générations ? Si les causes sont multiples, les experts pointent d'abord l'impact des modes de vie :
Selon les estimations, entre 5 et 10 % des cancers seraient directement liés à des facteurs environnementaux comme la pollution atmosphérique. L'exposition chronique aux particules fines est ainsi reconnue comme cancérogène pour plusieurs types de cancers.
Au-delà de ces facteurs de risque « classiques », de nouvelles pistes sont explorées par les chercheurs, comme le rôle du microbiote intestinal, potentiellement perturbé par l'usage excessif d'antibiotiques, dans le développement des cancers colorectaux et digestifs.
## Agir dès maintenant pour inverser la tendance
Face à ces constats alarmants, une mobilisation générale s'impose pour renforcer les politiques de prévention des cancers, en ciblant en priorité les plus jeunes. L'enjeu : leur permettre d'acquérir le plus tôt possible les bons comportements pour préserver leur capital santé.
Cela passe par des actions à plusieurs niveaux :
- Promouvoir dès le plus jeune âge une alimentation saine et une activité physique régulière ;
- Renforcer les campagnes anti-tabac pour viser la première génération sans tabac ;
- Réduire l'exposition aux polluants et mieux réglementer les perturbateurs endocriniens ;
- Développer l'éducation à la santé à l'école et sensibiliser aux dépistages précoces ;
- Soutenir la recherche pour mieux comprendre les causes des cancers et développer de nouveaux traitements.
Des initiatives comme le site Lig'up de la Ligue contre le cancer, qui propose des outils pédagogiques gratuits pour parler santé aux enfants, vont dans le bon sens. Mais, une véritable prise de conscience collective est nécessaire.
## Conclusion
L'augmentation préoccupante des cancers précoces chez les jeunes générations doit tous nous alerter. Si nous n'agissons pas maintenant, c'est une véritable épidémie qui nous guette dans les prochaines décennies.
En renforçant dès aujourd'hui les politiques de prévention, en agissant sur les facteurs de risque modifiables et en responsabilisant chacun sur sa santé, nous avons les moyens d'inverser la tendance. Il y a urgence à protéger les générations futures face à ce fléau. La lutte contre le cancer est l'affaire de tous, et elle commence dès le plus jeune âge.
Ma question finale à Claude Opus
Tout ceci n'est pas nouveau, c'était même hautement prévisible, surtout en matière de risques environnementaux. Sauf erreur de ma part, les États n'ont pas l'air de réagir efficacement pour pallier ces risques. À part dans certains cas précis comme la prévention du cancer colorectal ou du cancer de la prostate. Mais, c'est en amont et dans le domaine de la prévention que les États se devraient d'agir. Et là, il y a beaucoup moins d'agitations.
Y a-t-il des pays qui se distinguent dans ce dernier domaine ?
La réponse de Claude Opus
Vous avez raison de souligner que la prévention des cancers devrait être une priorité absolue pour les États, en amont des traitements. Par contre, comme vous le notez, les efforts dans ce domaine semblent encore insuffisants malgré l'urgence de la situation.
Néanmoins, certains pays se distinguent par des initiatives encourageantes en matière de prévention des cancers :
- La France a adopté en 2021, une ambitieuse « stratégie décennale de lutte contre les cancers» avec un accent fort sur la prévention. Parmi les 234 mesures, on note des actions contre le tabagisme, la promotion de l'activité physique et d'une alimentation saine, ou encore une meilleure prise en compte des facteurs environnementaux[5]. * Voir la note en fin d'article.
- Le Québec a également fait de la prévention une priorité de son Programme québécois de cancérologie. Des politiques antitabac efficaces ont été mises en place, ainsi que des mesures contre les facteurs de risque environnementaux (rayons UV, radon, amiante…) et la promotion des saines habitudes de vie dès le plus jeune âge[6][8].
- En Afrique, plusieurs pays comme le Bénin, le Kenya ou le Sénégal bénéficient du soutien de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pour renforcer leurs capacités de prévention et de détection précoce, en particulier pour les cancers liés à des infections comme celui du col de l'utérus[4][7].
Cependant, vous avez raison de pointer du doigt le manque de réactivité globale des États face à l'augmentation préoccupante des cancers chez les jeunes générations. Les facteurs environnementaux, bien que connus depuis longtemps, ne sont pas suffisamment pris en compte.
Il est urgent que les gouvernements prennent la mesure de ce défi de santé publique et déploient des politiques de prévention ambitieuses, en agissant sur tous les leviers : lutte contre le tabagisme et l'alcoolisme, promotion de modes de vie sains, réduction de l'exposition aux polluants, sensibilisation et dépistage précoce… C'est à ce prix que l'on pourra espérer inverser la tendance inquiétante qui se profile pour les décennies à venir.
Sources :
[3]https://www.atmo-france.org/actualite/sante-la-pollution-de-lair-et-le-developpement-des-cancers
[4] https://www.linkedin.com/pulse/gen-z-generation-optimists-zachary-karabell
[5] https://www.ligue-cancer.net/articles/ligup-le-site-de-prevention-de-la-ligue-contre-le-cancer
[7] https://mitpressbookstore.mit.edu/book/9781982181611
[8]https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/feuille_de_route_-_strategie_decennale_de_lutte_contre_les_cancers.pdf
* La mise en œuvre de la stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030
Elle semble progresser, même s'il est encore tôt pour tirer un bilan définitif.
Voici les principaux points à retenir :
1. Des objectifs ambitieux :
Lancée en 2021, cette stratégie vise notamment à réduire de 60 000 cas par an le nombre de cancers évitables à horizon 2040, réaliser 1 million de dépistages supplémentaires d'ici à 2025, réduire significativement la part des patients souffrant de séquelles 5 ans après le diagnostic et améliorer la survie des cancers de mauvais pronostic[1][4].
2. Un budget en hausse :
1,74 milliard d'euros ont été alloués sur la période 2021-2025, soit une augmentation de 20 % par rapport au précédent Plan Cancer. Cela témoigne d'un engagement financier réel de l'État[5].
3. Des avancées concrètes en 2023-2024 :
Lors du 2ᵉ comité de suivi national fin 2023, plusieurs réalisations ont été mises en avant[5] :
- Le lancement d'une feuille de route 2024-2028 « Priorité dépistages »
- Un accent mis sur la recherche en cancérologie pédiatrique ;
- La structuration de réseaux d'excellence clinique sur les cancers de mauvais pronostic.
Le 3ᵉ rapport d'étape remis au Président en avril 2024 a également souligné des progrès[6] :
- Des campagnes de prévention grand public (tabac, alimentation, vaccination HPV des collégiens)
- Un accès accéléré aux traitements innovants pour les patients ;
- Un renforcement de la formation des soignants aux nouvelles thérapies.
4. Mais des défis persistent :
Si la dynamique semble positive, certains objectifs restent à concrétiser, particulièrement en matière de réduction des inégalités sociales et territoriales face au cancer. L'enjeu est aussi d'inscrire ces efforts dans la durée, au-delà des échéances politiques.
En conclusion, même s'il faudra attendre la fin de la décennie pour un bilan complet, la stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030 semble, à mi-2024, sur de bons rails. La mobilisation des acteurs et les moyens déployés laissent espérer des progrès significatifs dans les années à venir, à condition de maintenir les efforts sur le long terme. La lutte contre le cancer est un combat de quotidiennement qui nécessite une action résolue et pérenne des pouvoirs publics.
Sources :
[7]https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/feuille_de_route_-_strategie_decennale_de_lutte_contre_les_cancers.pdf
[8]https://www.e-cancer.fr/content/download/489883/7430239/file/Rapport_President_2024_VF.pdf
[9]://www.financeinnovation.fr/2024/04/11/la-competitivite-de-la-france-dans-la-recherche-en-cancerologie/