La vidéo est sympa, mais c’est le texte qui m’a le plus touché.
D’autant plus que je suis de la génération d’après la Deuxième Guerre mondiale, celle qui, la guèrre terminée, a été à l'origine de cet autre massacre en bandes organisées de la planète.
Bien sûr, je n’ai pas participé personnellement à ce massacre. Comme aujourd’hui, on ne m’a jamais demandé mon avis pour le perpétrer. Et, l'aurait-on fait, que mon avis n’aurait strictement rien changé.
Comme il est dit dans le beau texte de la vidéo : “ On y est pour rien et pourtant nous devenons complices. C'est notre faute parce qu'on s'est laissé endormir, doucement, à coup de Fake-news en intraveineuse, on a pris goût à leur confort, on s'est assoupi, bercé avec du progrès dans le biberon, on a eu la flemme.” Ce fut exactement cela pour nous, avec le bonheur en plus.
La différence avec les jeunes d'aujourd'hui c’est que ma génération a connu longtemps la face lumineuse du progrès alors que les jeunes sont déjà plongés dans sa face sombre et savent que leurs enfants y seront complètement immergés. Il est exact que la génération Y est la première de l’histoire dans laquelle les enfants se retrouvent moins… favorisés que leurs parents et leurs grands-parents.
Mais, il est non moins exact que cette génération semble beaucoup plus motivée que la mienne pour tenter de ralentir la spirale infernale qui nous guette.
Je dis nous parce que je n'aurais jamais pensé que je verrai moi-même les dégâts de cette folie des hommes. J'habite en Espagne, à 600 km de Valence et j'ai pu voir et revoir les terribles images de la catastrophe. A quelques centaines de km près, j'aurais pu en être aussi la victime. Il y a seulement quelques années, les spécialistes prévoyaient des cataclysmes pour 2 100. Nous y sommes déjà !
Je suis désolée !
On pensait que ça n'arriverait qu’aux autres, qu'aux grands perdants de ce système : pas à nous autres, privilégiés. Et, nous voilà, au même titre que le reste de l'humanité, obligés de mettre notre monde sur pause, d'entrer, consommateurs que nous sommes, en hibernation forcée… Pour la première fois, on a décidé de ralentir cette course effrénée à la croissance, au nom de la vie. Nous sommes la première génération à vivre les conséquences du réchauffement climatique et la dernière à pouvoir y faire quelque chose !
Je suis désolée ! Drôle de destin que celui de cette génération Y, drôle de sentiment que de se battre pour une guerre qu'on n'a pas nous-mêmes déclarée, c'est vrai !
Je suis désolée, on y est pour rien ! On était absent quand ils ont décidé de couper les arbres pour en faire des billets, de sacrifier la moitié des animaux marins en 40 ans, pour quelques points de croissance, d'enfermer la nature dans des parcs et de parquer le vivant dans des zoos.
On était absent quand ils ont décidé de trouer la couche d'ozone pour sentir bon des dessous les bras, quand ils ont vidé les océans pour y mettre du plastique.
On était absent lorsqu'ils ont décidé que ça valait le coup de condamner certains à la misère pour nos t-shirts à un euro qu'on oublie au fond des placards, lorsqu'ils ont décidé que certains métiers valaient mieux que d'autres, que pour finir les fins de mois . Il valait mieux être designer ou startuper que paysan, infirmier ou professeur…
J'aimerais vous dire que… ça va aller, qu'on peut continuer à “bingwatcher” Casa de Papel, popcorn à la main, pendant que nos décideurs s'occupent de faire tout le sale boulot. J'aimerais vous dire que la technologie sauvera le monde, que ces politiques en carton nous préparent autre chose qu'un avenir en porcelaine, que les grandes compagnies ont compris maintenant, ça y est !
Mais… Vous y croyez vraiment ? On y est pour rien… On y est pour rien et pourtant nous devenons complices, c'est notre faute parce qu'on s'est laissés endormir, doucement, à coups de Fake-news en intraveineuse, on a pris goût à leur confort, on s'est assoupis, bercé avec du progrès dans le biberon, on a eu la flemme.
L'inaction a le goût de pizzas Deliveroo. Pendant qu'on produit, qu'on jette et qu'on recommence, durant qu'on like, qu'on share et qu'on stalk, pendant qu'on swipe à droite pour draguer et qu'on swipe up quand on a assez de followers, il y a les derniers éléphants d'Afrique, les baleines qui s'étouffent sous le plastique, il y a les glaciers qui fondent et les forêts qui brûlent, la Terre qui se consume à mesure que l'on consomme. Il est temps de débrancher les écrans et de rallumer les cerveaux !
Comme à des enfants, on nous a raconté des histoires, on nous a dit qu'on était trop petit, que c'était déjà foutu ! Montrons-leur qu'on a grandi. On le dit, à coups de tribunes, de pétitions, de tweets, que le monde
« d'après » ne doit pas être un retour au « monde d'avant », à la « normale », parce que la « normale » ne marchait pas.
Ce monde « d'après », il nous appartient de le construire. Quand est-ce qu'on y va ? Qu'on ose envoyer tout balader ? Alors oui, il y a les États et leur inaction, les institutions et leurs sommets, les multinationales et leurs yeux fermés ! Mais, aujourd'hui, j'aimerais vous proposer quelque chose : et si… on ne les attendait pas ? Il va nous falloir du courage, de l'audace, tant il va de soi qu'il est plus facile de crier au complot que de mettre les mains dans la terre, tant il est plus confortable de dire que c'est sa faute, à l'autre, à lui, à eux…
Il va falloir qu'on ose poser la question de quoi sera-t-on fiers², comme génération, je veux dire ! Est-ce que l'on sera fier de la 5G pour télécharger le porno en une fraction de seconde, de nos cartes du monde à gratter, épuisés d'avoir fait… fait le Mexique, fait l'Inde, fait le Costa Rica. Est-ce que l'on sera fier du mascara « waterproof » ou des lunettes de réalité augmentée. quand on devient aveugle à celle que l'on a sous les yeux ? Ou est-ce que l'on sera fier d'appartenir à ceux qui ont réussi à dévier l'Histoire ? Confinés, En quarantaine d'un système malade.
Pour la première fois, on a appris que ne rien faire c'était déjà agir ! Alors, comprenons que notre flemme : canap', bol de céréales, est une validation sournoise de ce modèle, ne rien dire, c'est approuver, ne rien faire c'est ne pas vouloir que ça change Voilà un pari bien risqué que de remettre notre sort entre les mains d'une poignée de boomers… Ne les laissons pas, par leur ignorance, par leur inaction, par leur nostalgie destructrice d'un monde qui s'éteint, choisir pour nous ! Ils ont déconfiné nos corps, il va falloir déconfiner notre flemme…
Nous, ceux dont le chez-soi ne s'arrête pas à un coin de rue ou à un lit d'hôpital, nous, les privilégiés, on a usé les coutures du canapé, on a fait péter les applis pour des abdos en béton. On a lu des bouquins à rendre vide nos tables de nuit, on a appris à faire du pain et à jouer de la guitare avec des tutos YouTube, on s'est fait des apéros pixelisés, on a enfin appelé nos grands-mères, on a laissé tomber les soutifs, on a appris à coudre des masques. Nous avons été des… héros en pyjama, nous avons sauvé des vies… en pantoufles. Mais, cette fois, il ne va pas s'agir de rester chez nous.
Demain, il va nous falloir être encore plus courageux. Une nouvelle histoire nous attend dehors et croyez-moi, il va y avoir du boulot. Il va falloir se bouger, sortir dans les rues, pancartes à la main, mettre les mains dans la terre et la Terre dans nos programmes scolaires. Descendre des avions et se réconcilier avec le Lubéron, laisser les énergies fossiles dans le sol, réduire nos quatre steaks hachés par semaine et nos sushis Deliveroo du samedi soir, enfourcher les vélos, éteindre la lumière en partant, débrancher des écrans, se reconnecter au vivant. Il va nous falloir être une génération intranquille, consciente et indignée.
Qu'on soit plus que quelques-uns à être écolos, drôle de case dans laquelle on a rangé ceux qui aiment assez la vie pour se battre pour elle ! « Sauver la planète » « Protéger l'environnement ». Comme si on ne faisait pas partie de ce tout. Nous sommes des êtres vivants, au même titre que les autres que nous exterminons. Nous sommes la nature, si elle disparaît, nous disparaissons avec elle.
Si le « jour d'après » consiste simplement à refermer la parenthèse, à reprendre le cycle infernal qui a rendu possible ce virus, alors nous aurons perdu. Cela dépend de nous. Il nous appartient de prendre ce moment pour donner tort à tous ceux qui nous pensent trop petit, trop tard, trop fous. On sait déjà que ça sera difficile, et qu'on n'est même pas sûr de gagner. Mais, franchement, est-ce que ça ne vaut pas le coup d'essayer ? On n'a plus le temps de ne pas y croire.
Réveillons-nous ! [Solal]