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«L'avenir n'est plus ce qu'il était» [Paul Valéry]



Comment arrêter de fumer ?

J'ai été grand fumeur pendant 30 ans, à raison de trente à quarante cigarettes par jour, depuis l'âge de 15 ans.



Comment arrêter de fumer ?
Je ne fume plus, du tout, depuis 1994. Et cela ne me manque nullement.

Suis-je un monstre de volonté ? Un Parangon de vertu ? Un ascète (de Limoges) ?

Que nenni ! Je suis comme tout le monde, avec mes petites qualités et mes grandes faiblesses. Simplement, j'ai trouvé le « truc.»

Ce « truc » ne marche-t-il que pour moi ou peut-il marcher avec d'autres personnes ? Je n'en sais rien, mais rien ne vous empêche d'essayer.

Tout d'abord, il existe un médicament très efficace dont on ne parle pas assez, c'est le timbre anti-tabac.

En effet, le timbre anti-tabac est très efficace, surtout chez les vrais accros à la nicotine et au ramonage de poumons. À condition de suivre le traitement jusqu'au bout, même si ce n'est pas donné. En fait, c'est beaucoup moins cher que votre "budget fumée" actuel. Un budget pour de la fumée ? Cela ne vous dérange pas quelque part ?

L'échec classique intervient lorsque, après quelques jours seulement de traitement, vous n'éprouvez déjà plus le besoin de fumer (si, si !). Vous abandonnez alors le traitement, heureux d'avoir économisé quatre sous et fier de votre maîtrise. Puis, vous entrez dans un café ou vous passez une soirée entre amis, le parfum de la fumée vous parvient aux narines, vous rappelle quelque chose d'agréable et voilà ! Vous repiquez au truc.

Vous avez perdu 100 €, votre fierté, et votre vie par-dessus le marché, à plus ou moins longue échéance.

Bien évidemment, le timbre ne suffit pas. Le secret, c'est dans un même mouvement, de remplacer la cigarette par autre chose, autrement dit de changer de mode de vie. Je m'explique.

Le matin, comme tous les fumeurs du monde je n'étais bon à rien avant ma première cigarette. Et, très mal disposé, quoique souvent bien mis (Pierre Daninos) après ma première cigarette.

Autrement dit, jusqu'à dix ou onze heures du matin j'étais dans le brouillard, au propre comme au figuré. Lorsque j'ai cessé de fumer, j'ai décidé de faire du sport le matin au réveil. Ainsi, j'ai pris ma voiture et je suis parti marcher et courir dans la campagne, nu avec mes chiens mouillés (Guy Bedos). Chose qui ne m'était pas arrivé depuis mon service militaire.

Au lieu d'aspirer de la fumée, j'ai recommencé à respirer de l'oxygène, sans filtre.

Savez-vous que l'air de la campagne, le matin en hiver, ça ramone aussi les poumons, et, très fort ?

J'ai donc redécouvert des sensations oubliées, comme la fragrance des saisons, le silence reposant des matins calmes troublé seulement par le chant des oiseaux et les halètements de ma puissante haleine (Lamartine, au dixième kilomètre!),

L'odeur enfin de ma mie, oubliée depuis si longtemps (La Ronde des Pains, 3 heures du matin). Jusqu'à des senteurs oubliées depuis l'enfance, celles des aiguilles de pin, de la mousse sur les arbres, des madeleines enfin (Laisse, Marcel ! ).

Mais, brisons là ces effusions pour constater cliniquement que désormais si l'envie de fumer de nouveau me taraude, je dis non sur le champ . Et ce, uniquement pour m'accrocher au plaisir, chaque jour renouvelé, de mes promenades matutinales. Qui effectivement n'ont plus rien de commun avec les matins nauséeux et bronchitiques de mon passé tabagique.

Il faut impérativement ajouter à cela certaines considérations qu'il convient, au début de la période d'abstinence, de se répéter constamment lorsque l'envie de crapoter vous tenaille et que vous êtes sur le point de faiblir :

Imaginez votre tombe, avec une inscription, disant à peu près : ici repose XXX ( remplacez par votre nom et votre prénom), il aimait la vie, il est parti en fumée...

N'hésitez pas à user et même à abuser pendant cette période difficile des visions macabres ou horribles ; ainsi votre famille éplorée rassemblée autour de votre tombe, ou plus tragique encore l'intérieur de vos poumons. C'est facile, observez votre paquet de cigarettes.

Plus prosaïquement prenez l'habitude de vous livrer à de petits exercices de calcul mental, comme :

  • 10 € multiplié par 30 (multiplié encore par 2 ou par 3, si vous êtes vraiment accro : je fumais trois paquets par jour quand j'ai cessé de fumer !)
  • multipliez le résultat par 12
  • et multipliez enfin le résultat par le nombre de vos années d'addiction au tabac ...

Non seulement vous aurez un moment oublié votre envie de fumer mais vous deviendrez expert en calcul mental.

Et, vous aurez trouvé de surcroît un moyen de financer votre futur smartphone de compétition. En deux ans et sans intérêt… C'est Sofinco qui l'a dans le dos .

Si vous voulez vraiment vous faire du mal, regardez à la TV nos ministres (je sais que c'est dur mais faites un effort, c'est avec votre vie que vous jouez, tout de même) annoncer environ tous les six mois et d'un ton patelin qu'afin de combler le trou de la Sécu le tabac et les alcools vont (encore) augmenter. Et, si vous ne supportez vraiment pas ce spectacle, enregistrez-le sur une cassette, ça vous servira plus tard .

À propos, savez-vous comment ils appellent ça les techno-grattes ? Des recettes de poche ! Quelle poche ? Mais, la vôtre, mon bon monsieur !

Observez ensuite attentivement les gens qui fument. Au début, vous les envierez, vous aspirerez discrètement leur fumée, vous fumerez par procuration.

Puis, graduellement, vous commencerez à les voir tels qu'ils sont, vous prendrez conscience de leur teint blême, de leurs mains qui tremblent, de leurs gestes saccadés, de leur regard hagard vers le paquet qui se vide, de leur haleine fétide et de l'odeur peu ragoûtante qu'ils promènent partout avec eux. Si, si... Quand on fume, on ne sent plus rien.

Lorsque vous commencerez à les mépriser discrètement, lorsque la vue de votre meilleur ami tirant dès le matin sur son clope baveux vous emplira de pitié, quand la vue d'une jolie femme approchant négligemment l'embout mordoré d'une longue cigarette de ses lèvres aussi écarlates que charnues vous inspirera, non plus du désir, mais comme un vague dégoût, vous saurez que vous avez gagné.

Vous aurez gagné non seulement quelques années de plus, mais surtout de belles années, exemptes désormais de brouillard et de toux matineuses.

Vous pourrez vous repasser la cassette du ministre annonçant l'augmentation des recettes de poche, et rigoler franchement en songeant à ces cons de moutons que l'on tond.

Vous pourrez regarder de nouveau en face vos proches, enfin autorisés à respirer de l'oxygène sans adjuvant.

-« Chérie, bébé, pourquoi ne toussez-vous plus »

Vous pourrez vous offrir le tour du monde de vos rêves avec les économies réalisées. Madame vous encouragera et belle maman elle-même ne trouvera rien à redire, ce qui méritera d'être souligné.

Vous pourrez enfin vous regarder dans la glace sans blêmir et être sûr que plus personne, jamais, ne pourra vous accuser de manquer de volonté.

Vous vous surprendrez à chanter de nouveau le matin sous la douche. Au grand dam de votre petite famille qui n'en demandait pas tant, mais on ne peut gagner sur tous les tableaux !

Lundi 29 Juillet 2002

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