Interprétation et contextualisation
Tout d’abord, pour répondre à ces procureurs, le « sang impur » tant décrié est souvent mal interprété, voire de manière simpliste et irréfléchie. Par ignorance, par hypocrisie, ou par bêtise tout simplement, ces gardiens de la pensée unique ignorent tout du sens du refrain.
Aux armes, citoyens
Formez vos bataillons
Marchons, marchons !
Qu’un sang impur
Abreuve nos sillons !
Comme l’a très bien expliqué François Asselineau dans sa géniale conférence sur l’Histoire de France, le « sang impur » est en réalité celui du peuple français.
En 1792, alors que l’Europe monarchiste coalisée – ainsi que les nobles français émigrés – est en guerre contre la France révolutionnaire, le peuple est appelé à défendre ses frontières. Dans sa garnison de Strasbourg, à la demande du maire Philippe-Frédéric de Dietrich, le capitaine Claude Joseph Rouget de Lisle écrit ce « chant de guerre pour l’armée du Rhin » pour exhorter les troupes. Repris en cœur par les fédérés marseillais montant sur Paris, il sera baptisé « Marseillaise » par la population.
Ici, le « sang impur » est une référence à celui du peuple, pauvre à la peau basanée, par opposition au « sang pur » – ou « sang bleu » – qui est celui de la noblesse. Ce sang du peuple martyr est voué à abreuver les « sillons » (tranchées creusées sur les champs de bataille) des armées révolutionnaires parties sur le front, et ainsi nourrir la terre de France. Pour confirmer cette interprétation, rien de plus simple. Le 4ème couplet est on ne peut plus clair :
Tout est soldat pour vous combattre,
S’ils tombent, nos jeunes héros,
La terre en produit de nouveaux,
Contre vous tout prêts à se battre !
C’est donc ici le sang de « nos jeunes héros » qui abreuve les sillons afin d’en faire germer de nouveaux irréductibles. En aucun cas il ne s’agit de sang étranger, et il n’est également nullement question de race ou d’ethnie. Ainsi, le « sang impur » est bien celui du peuple révolutionnaire. Les paroles parlent d’elles-mêmes.
Je dois avouer qu'à l'instar de beaucoup de français j'étais moi aussi abusé par la notion de "sang impur dont il convient d'abreuver nos sillons"
Je trouvais cela un brin violent mais après tout la Marseillaise est un chant révolutionnaire censée galvaniser nos soldats et tout le monde sait maintenant que la Révolution, comme nos soldats, ne font pas dans la dentelle.
Merci donc, à M. Lings d'éclairer notre lanterne, si j'ose dire.