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«L'avenir n'est plus ce qu'il était» [Paul Valéry]



Orgasme : les hommes simulent aussi !

Un excellent article de Rue 69 (annexe de Rue 89)





Parce qu’ils n’y arrivent pas, certains hommes font semblant. Orgasme et éjaculation ne sont pas toujours liés.

En cherchant des témoins pour cet article, j’ai souvent eu le droit à cette réaction : « Quoi, un garçon qui simule ? Mais ça n’existe pas, ce n’est pas possible. »

Au lit, la simulation des hommes est soit méconnue, soit taboue. Bizarrement, la simulation des femmes – ces grandes comédiennes menteuses – est au contraire bien acquise pour tous.

Mais il n’empêche, certains hommes simulent. Ce n’est pas parce qu’on a un zizi qui produit du sperme – censé prouver irréfutablement l’orgasme – qu’on ne peut pas mentir. Car on peut éjaculer sans vraiment jouir, et jouir sans éjaculer... oui oui.

Auteur du « Sexe de l’homme », Ronald Virag est sexologue et chirurgien cardio-vasculaire. Il résume ainsi les choses :

« L’animal humain est doué de la parole – donc, il peut mentir – et possède un cerveau supérieur avec lequel il peut diversifier son plaisir ou esquiver une phase d’abandon qui mettrait en péril le mâle dominant qu’il est. »

« Tu râles comme un gorille pour rien »

François [tous les prénoms ont été changés, ndlr] reconnaît avoir feint le plaisir, notamment parce qu’il avait joui trop vite (à son goût) :

« T’éjacules, tu penses que c’est trop rapide. Alors là, tu simules la non-jouissance absolue, genre tu ne fais plus un bruit tellement t’es concentré. Ensuite, quand tu penses qu’elle a eu son compte, tu râles comme un gorille pour rien. »

Mais à 31 ans, François ne ressent plus le besoin de jouer la comédie :

« Aujourd’hui, si j’ai le même problème, je dis un petit mot simple, genre : “J’avais tellement envie de toi.” Et c’est pas grave, tu prends une autre capote, et tu remets ça. »

« L’enjeu, c’est de ne pas débander trop vite »

Il pense donc que la simulation va plutôt de pair avec un manque d’expérience sexuelle. Pour lui, c’est aussi beaucoup lié à la culture de la performance chez les mecs.

Ah ! La voilà, la question de la virilité. Cette pression dont on vous avait déjà parlé  que ressentent les hommes lors des premiers rapports. François dit s’en être affranchi :

« Le sexe, ce n’est pas linéaire. Des fois tu jouis vite, des fois, non. Maintenant que j’ai dépassé le côté normatif, je ne me prends plus la tête et ça ne me viendrait plus à l’idée de simuler. »

Martin raconte avoir continué ses va-et-vient alors même qu’il avait joui et éjaculé. Parce que sinon, « c’était l’affiche » :

« Tu te dis : “Il faut que je montre que je suis performant.” Et puis il y a ce moment où tu sens que tu vas partir. Là, tu te dis : “Putain, fait chier.”

Tu ne fais pas de bruit bizarre. Et tu continues. L’enjeu, c’est de ne pas débander trop vite, et aussi de faire jouir la fille le plus vite possible. »

Pour ne pas se faire griller, il raconte qu’il est possible de cacher son visage et ses expressions en mettant sa tête à côté de celle de sa partenaire, hors du champ de vision de celle-ci.

Pour Martin, simuler n’est pas tellement une question d’âge. A 28 ans, il reconnaît avoir menti il n’y a encore pas si longtemps :

« Ce n’est pas un truc d’âge. Ça dépend de depuis combien de temps tu n’as pas fait l’amour, de la position dans laquelle tu es. »

« Le gars est crevé, pas motivé »

LES FEMMES ET LA SIMULATION

Au hasard, une étude parmi tant d’autres dans un article parmi tant d’autres. C’est un papier de Terrafemina  titré « Pourquoi les femmes simulent-elles ? ». On y apprend que « 60% des femmes auraient déjà feint l’orgasme ». Pour au moins quatre raisons, explique dans l’article Erin Cooper, le chercheur américain responsable de l’étude :

  • ces femmes sont parfois mal à l’aise avec leur intimité ;
  • n’ont pas confiance en leur sexualité ;
  • veulent améliorer leur propre expérience sexuelle ;
  • s’exciter et exciter leur partenaire.

En gros, il y a deux cas de figure de simulation chez les hommes :

  • il a joui et continue de faire semblant de prendre du plaisir ;
  • il n’a pas joui et fait semblant d’avoir un orgasme.

Sur le forum Doctissimo, un internaute, Chef wiggum, raconte  une histoire qui relève du deuxième cas et qui le « fait halluciner ». Celle d’un « copain qui a couché avec une fille (fort séduisante en plus), après une longue soirée de tournée des bars entre amis » :

« Ils en arrivent à coucher ensemble. D’après lui, tout se passe bien, c’est vulgairement “un bon coup”, mais le gars est crevé, pas motivé (je comprends pas mais bon...).

Bref, il en vient à simuler... Il avait une capote (normal), et pousse des rugissements de mâle en rut avant de se retirer. »

« Un problème d’“anéjaculation” »

Félix a aussi simulé de cette manière. Au téléphone, il en parle très librement. Ça lui est arrivé « pas mal de fois ». Il raconte qu’il y a un moment où « t’en as marre » :

« D’un coup, la fille ne t’excite plus. T’es plus dedans, parce que c’est bon, t’as fait le tour.

Si tu as bu, c’est facile, il y a l’excuse de l’alcool. Mais sinon, tu fais comme si tu finissais. Et tu le fais comprendre.

Il faudrait pouvoir dire “J’en ai marre”, mais ce n’est pas possible. »

Et puis certains hommes n’arrivent tout simplement pas à jouir. Alors, pour ne pas imposer à leur partenaire un rapport long et pénible, ils font semblant de terminer. On parle dans certains cas d’ « anéjaculation ».

En réponse au commentaire de Chef wiggum, Gary95 raconte son expérience sur Doctissimo :

« Moi, j’ai déjà simulé, mais c’est parce que j’ai un problème d’anéjaculation, c’est-à-dire que je n’arrive pas à éjaculer pendant l’acte (seulement quand je suis chez moi, à la masturbation). Et si je ne simule pas, ça pourrait durer deux ou trois heures. Donc voilà. »

On peut aussi jouir sans éjaculer

Parler de simulation chez l’homme, c’est aussi tout de suite parler d’un détail pratique et pas très classe. Pour beaucoup, si un homme simule la jouissance, sa ou son partenaire peut s’en rendre compte très facilement. Il n’y aura pas d’« évasion » de sperme après le rapport.

Félix contrecarre l’argument : « Si t’as une capote, ça ne se voit pas. »

Sous-entendu : le ou la partenaire ne va pas aller vérifier qu’il y a bien un dépôt dans le préservatif.

Il ne faut d’ailleurs pas oublier non plus que la jouissance chez l’homme n’est pas forcément accompagnée d’une éjaculation. Ronald Virag explique :

« L’orgasme et l’éjaculation sont associés mais dissociés dans leur physiologie. L’éjaculation est un réflexe local, engendrant l’orgasme qui est cérébral, d’où le plaisir ressenti et sa variabilité potentielle. »

25% des hommes simuleraient

Il donne ainsi deux exemples pour expliquer comment certains hommes parviennent à l’orgasme sans éjaculation :

« Avec de l’entraînement, notamment avec le tao  et le tantrisme, on peut contrôler jusqu’à obtenir une éjaculation non pas extériorisée mais dans la vessie (dite éjaculation rétrograde) et un orgasme.

Et puis, dans les maladies de la prostate, comme l’adénome  par exemple, l’éjaculation peut être rétrograde ou absente (après destruction de la prostate par chirurgie ou radiothérapie). Pourtant, l’orgasme est parfaitement conservé. »

Quand on lui demande s’il pense que les cas de simulation sont fréquents chez les hommes, il répond :

« Non, de mon expérience clinique, mais il n’y a pas, à ma connaissance, d’étude scientifique sur le thème. »

François pense plutôt le contraire :

« Ça a dû arriver à tous les mecs au moins une fois. »

« J’ai appris tard que la fille ne sentait pas l’éjaculation »

QUE DISENT LES CHIFFRES SUR LE DÉSIR ?

Dans les faits, on peut aussi assez facilement mesurer un fossé, sur la question du désir au moins, entre hommes et femmes. Elles font plus souvent l’amour sans en avoir envie.

 

Dans « Enquête sur la sexualité des Français », des sociologues Nathalie Bajos et Michel Bozon, on apprend que 9,2% des femmes sondées ont souvent eu des rapports sexuels pour faire plaisir à leur partenaire et sans en avoir vraiment envie. Les hommes, eux, ne sont que 2,4% à faire la même réponse.

De notre côté, on a bien essayé de trouver au moins une grande étude sur le sujet, mais pas grand-chose. On a seulement trouvé cette étude américaine  datant de 2010 et menée sur 200 étudiants, selon laquelle 25% des hommes admettent qu’il leur est déjà arrivé de simuler un orgasme pendant un rapport sexuel, contre 50% des femmes.

Ces chiffres décalés s’expliquent sûrement en partie par le fait que certains hommes ne savent même pas que la solution de la simulation existe, ou elle leur semble compliquée. Guillaume raconte :

« J’ai appris tard que la fille ne sentait pas notre éjaculation.

J’avais 18 ans et j’étais avec une de mes premières filles. Elle m’a demandé si j’avais joui et j’ai été étonné. Pour autant, j’en ai fait aucune déduction. Ça ne m’a jamais trop traversé l’esprit de faire semblant.

Ça me semble quand même difficile à faire. Si j’ai joui, je pourrais continuer mais je ne pourrais tenir qu’une minute ou deux, pas plus. »

N.B

J'ai évoqué cette question plusieurs fois sur ce site, dans la rubrique sexualité, depuis fort longtemps.

Voir par exemple cet article :http://www.deridet.com/A-propos-de-l-orgasme-masculin_a1456.html

Pour info, le commentaire que j'ai adressé à rue 69, sur cet article.

 
Contrairement à ce que pensent la plupart des femmes, la sexualité masculine est au moins aussi complexe que la sexualité féminine. 
 
En effet,  comme chez la femme, il y a des degrés dans l'orgasme masculin. Autrement dit, un homme peut éjaculer sans éprouver l'orgasme. Ce qui explique au passage que certaines femmes plus attractives que d'autres. De même, ce n'est pas parce qu'un homme a une érection qu'il est aussi excité qu'il en a l'air. 
 
Par ailleurs, les hommes, lorsqu'ils utilisent des préservatifs, peuvent, comme les femmes, simuler l'orgasme.
 
J'ai 65 ans et je simule depuis fort longtemps. En effet, il se trouve que je suis sujet depuis quelques années à une anéjaculation partielle. Ce qui veut dire tout simplement, que les femmes, même les plus expertes, que j'ai grand plaisir à pratiquer, ne me font plus jouir. En revanche, connaissant mon point G depuis longtemps, je n'ai aucun problème à éprouver, seul et quotidiennement, des orgasmes bien plus puissants  que ceux que je connaissais jadis avec les femmes. 
 
De fait, depuis plusieurs années, je ne pratique le coït hétérosexuel que pour aérer ma sexualité et pour le plaisir ... de faire plaisir. Aux femmes, bien sûr, mais aussi à mon ego, évidemment. Quant aux hommes, je les connais trop, et depuis trop longtemps, pour qu'ils aient la moindre chance de m'exciter sexuellement
 
Par ailleurs, il m'est effectivement arrivé de mettre fin à des coïts ennuyeux en simulant l'orgasme. Je n'ai encore jamais vu une femme vérifier le fond de mes préservatifs.
 
En conclusion, je dirais, comme ce bon vieux Marx, Groucho pas Karl, fort peu primesautier au demeurant, que finalement, les hommes sont des femmes comme les autres.

http://www.rue89.com/rue69/2012/06/24/orgasme-si-si-les-hommes-aussi-simulent-233283?page=2#comment-3142969

Jeudi 28 Juin 2012

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