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«L'avenir n'est plus ce qu'il était» [Paul Valéry]



La beauté dans la métro ? C'est beau...on se casse !

Une belle histoire transmise par Laurent Martin. Dans un environnement commun, à une heure inappropriée, pouvons-nous percevoir la beauté ? Nous arrêtons-nous pour l'apprécier ? Reconnaissons-nous le talent dans un contexte inattendu ?



La beauté dans la métro ? C'est beau...on se casse !
Le musicien de rue était debout dans l'entrée de la station « Enfant Plaza » du métro de Washington DC. Il a commencé à jouer du violon.

C'était un matin froid, en janvier dernier.

Il a joué durant quarante-cinq minutes. Pour commencer, la chaconne de la 2ème partita de Bach, puis l'Ave Maria de Schubert, du Manuel Ponce, du Massenet et à nouveau, du Bach.

A cette heure de pointe, vers 8h du matin, quelque mille personnes ont traversé ce couloir, pour la plupart en route vers leur travail.

Après trois minutes, un homme d'âge mûr a remarqué qu'un musicien jouait. Il a ralenti son pas, s'est arrêté quelques secondes puis a démarré en accélérant.

Une minute plus tard, le violoniste a reçu son premier dollar : en continuant droit devant, une femme lui a jeté l'argent dans son petit pot.

Peu après, un quidam s'est appuyé sur le mur d'en face pour l'écouter mais il a regardé sa montre et a recommencé à marcher. Il était clairement en retard.

Celui qui a marqué le plus d'attention fut un petit garçon qui devait avoir trois ans. Sa mère l'a tiré, pressé mais l'enfant s'est arrêté pour regarder le violoniste. Finalement sa mère l'a secoué et agrippé brutalement afin que l'enfant reprenne le pas. Toutefois, en marchant, il a gardé sa tête tournée vers le musicien.

Cette scène s'est répétée plusieurs fois avec d'autres enfants. Et les parents, sans exception, les ont forcés à bouger.

Durant les trois quarts d'heure de jeu du musicien, seules sept personnes se sont vraiment arrêtées pour l'écouter un temps. Une vingtaine environ lui a donné de l'argent tout en en continuant leur marche. Il a récolté 32 dollars.

Personne ne l'a remarqué quand il a eu fini de jouer. Personne n'a applaudi.

Sur plus de mille passants, seule une personne l'a reconnu.

Ce violoniste était Joshua Bell, actuellement un des meilleurs musiciens de la planète. Il a joué dans ce hall les partitions les plus difficiles jamais écrites, avec un Stradivarius valant 3,5 millions de dollars.

Deux jours avant de jouer dans le métro, sa prestation future au théâtre de Boston était « sold out » avec des prix avoisinant les 100 dollars la place.

C'est une histoire vraie. L'expérience a été organisée par le «Washington Post » dans le cadre d'une enquête sur la perception, les goûts et les priorités d'action des gens.

Les questions étaient : dans un environnement commun, à une heure inappropriée, pouvons-nous percevoir la beauté ? Nous arrêtons-nous pour l'apprécier ? Reconnaissons-nous le talent dans un contexte inattendu ?

Une des possibles conclusions de cette expérience pourrait être : si nous n'avons pas le temps pour nous arrêter et écouter un des meilleurs musiciens au monde, jouant pour nous gratuitement quelques-unes des plus belles partitions jamais composées, avec un violon Stradivarius valant 3,5 millions de dollars, à côté de combien d'autres choses passons-nous ?

Merci à : Laurent Martin


A méditer…

Mercredi 18 Février 2009

Lu 3241 fois


1.Posté par Aredius le 18/02/2009 18:20
Ça fait un certain temps qu'on sait que "'la gratuité ne vaut plus rien".
Dans mon université, les étudiants pouvaient avoir des places de concert de l'ONPL à 2 euros (j'ai payé 25 euros)...ce fut un flop. Pourtant ils n'avaient même pas à se déplacer pour acheter les billets...

2.Posté par patrick le 22/02/2009 11:10
il faut aussi tenir compte du fait que tous n'apprécie pas la musique "classique".

3.Posté par gwen le 24/02/2009 12:46
Le problème est toujours le même:on ne prête qu'aux riches.....

4.Posté par merdeuse le 08/03/2009 20:22
C'est triste cette histoire mais c'est aussi un constat réaliste, qui aujourd'hui a encore la capacité de prendre le temps d'apprécier l'instant présent quand celui ci peut être merveilleux... Peu de gens, en tout cas peu de gens parmi ceux "happés" par une routine : "métro-boulot-dodo", absorbé par un quotidien morose qui fait oublier l'essentiel.
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Je me demande en toute égocentrisme comment j'aurai réagi en partant au travail et en me trouvant nez à nez avec ce musicien, j'ose rêver que j'aurai eu l'audace de planter mon horaire de prise de poste pour apprécier la prestation jusqu'à la fin et applaudir ce spectacle.

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