À Koh Samui, black-out, cela veut dire :
- Pas d’électricité, bien sûr
- Pas d’eau dans la plupart des maisons, dotées de pompes électriques
- Plus d’Internet
- Plus de Smartphones ou de tablettes
- Plus d’argent : distributeurs électroniques de billets en panne et banques en vacances !
Le troisième jour, des groupes électrogènes mobiles ont enfin pu alimenter l’île, pendant quelques heures chaque jour, et un quartier à la fois.
En fait, les deux îles sont alimentées par un câble électrique en provenance du continent, dont les deux îles sont éloignées d’une quarantaine de kilomètres. Et ce câble a été endommagé par un chalutier. Evidemment, rien n’était prévu en cas de rupture de câbles. Il a fallu attendre trois jours avant que les camions électrogènes ne soient envoyés par le continent. Par ailleurs, pour connaître les heures de mise en service des groupes il fallait parler le thaï, ou avoir une copine thaï. Ce qui n'est pas mon cas. Aucune information en anglais, à part dans les hôtels, tout de même. Il n’y a toujours aucune radio locale, en langue anglaise, pour diffuser les informations en cas de sinistre à l’attention des nombreux résidents et touristes étrangers de l’île.
Bien entendu, maintenant que tout est rétabli, et même avant, pour les autorités locales cette coupure totale d’électricité pendant 72 heures, au moins, « Ce n’est pas grave !»
Comme n’étaient pas grave les inondations catastrophiques qui ont dévasté Ko Samui en octobre 2010 et en mars 2011. Ces inondations répétées, ont, je le rappelle, entraîné la mort d’un nombre indéterminé de personnes (black-out également, mais sur les informations cette fois) et des dégâts matériels considérables.
En attendant, et en dépit du fait que ce n’était pas grave, Ko Samui et Ko Panghan ont été considérées par le gouvernement thaïlandais comme régions sinistrées et ont bénéficié d’un crédit de 50 millions de bahts afin, je cite, « d’aider les personnes ayant eu à souffrir de la panne » Je doute fort que les touristes et les résidents étrangers qui ont eu à subir les inconvénients de cette panne soient jamais dédommagés.Si au moins cette subvention pouvait servir à acheter des groupes électrogènes de secours, qui pourraient être mis en fonction rapidement, ce serait certainement une excellente chose. Mais je me permets d’en douter.si
Ce n’est pas grave, mais 30 % des touristes ont tout de même quitté l’île suite à ce black-out et il m’étonnerait qu’elles reviennent. De même que ne reviendront jamais celles qui ont subi les inondations passées.
Encore une fois, que le câble ait été rendu inutilisable, on pourrait le comprendre. Bien que l’on puisse quand même s’interroger sur le fait qu’il ne soit prévu aucun équipement de secours sur place en cas de rupture du dit câble. Mais au-delà de ces problèmes techniques ce qui m’a le plus choqué, comme la dernière fois lors des inondations, c’est, encore une fois la désinvolture, et je suis poli, des autorités locales à l’égard des touristes et des résidents étrangers de l’île. Les locaux quant à eux, après quelques millénaires d’impéritie, sont blindés et font preuve dans ces circonstances d’un fatalisme à toute épreuve.
De même, les banques qui ferment et mettent leur personnel en vacances à chaque fois qu’il y a de gros problèmes dans les îles, ça m’interpelle gravement. En effet, la première fonction d’une banque, si je ne m’abuse, c’est quand même de rendre leur argent à ses clients lorsqu’ils en ont besoin. J’avoue que le panneau affiché sur les banques stipulant : «No electricity, closed» m’est resté en travers de la gorge. En effet, n’étant pas commerçant, étant retraité et ne pratiquant aucune activité contre espèces sonnantes et trébuchantes, ce qui est plutôt rare à Samui, et n’ayant pas enterré d’argent dans mon jardin et encore moins dans les tiroirs, lorsque les distributeurs sont en panne, après quelques jours,je n’ai plus d’argent. Heureusement qu’une amie commerçante m’a dépanné, sinon je n’aurais plus rien faire pendant au moins deux jours.
Les banques objecteront sans doute qu’en l’absence d’ordinateurs elles ne peuvent plus travailler. Ah bon ? Comment faisaient elles avant ? Un caissier ne peut plus travailler sans ordinateur ? Qu’elles prennent donc exemple sur les 7/11 et Mini Mart locales (supérettes ouvertes 24h sur 24) Elles aussi sont complètement informatisées (codes barres et ordinateurs) mais cela ne les empêchent pas de délivrer leurs produits pendant les crises. Tout est noté à la main et régularisé ensuite, c’est tout.
En fait, le problème essentiel c'est que pour les autorités locales, les touristes et les résidents étrangers n'existent pas. Ils n'ont aucun droit, aucune mesure spécifique n'est prévue pour eux, et ils n'ont rien à dire quand rien ne va plus. Si j'ai du mal à admettre ce raisonnement, je peux le comprendre car en France même, dans mon pays, l'attitude des autorités à l'égard des étrangers est également détestable. Toutefois, en ce qui concerne Samui, je pose juste une question : que deviendrait Samui s'il n'y avait plus ni touristes, ni résidents étrangers ?
A toutes choses malheur est bon, dit le proverbe. Que j’ai pu vérifier encore une fois car, ayant de plus en plus de mal à supporter les avanies (sans framboises) de Samui, j’en ai profité pour partir pendant deux jours, vers l’île voisine de Koh Panghan. Grand bien m’en a pris car, même si Koh Panghan subissait le même problème électrique, il se trouve que la vie y est désormais beaucoup plus agréable qu’à Samui.
J’ai loué un un scooter (200 bahts (5 euros) par jour) et j’ai trouvé un excellent hôtel, le Thaniza Resort, à l’entrée de Haad Rin et les pieds dans l’eau (1000 bahts, 25 euros la nuit, petit déjeuner compris, Wifi, TV, satellite ...quand il y a du courant )
À l’exception de la fameuse Full Moon, de renommée mondiale, qui a lieu chaque jour de pleine lune (20 000 personnes siur la plage de Had Rin !) Koh Panghan est une île infiniment plus calme et reposante que Samui. Les habitants y sont beaucoup plus cool et n’ont pas à l’égard des étrangers le mépris endémique des autochtones, que l’on peut constater tous les jours à Samui, à Pattaya, ou à Phuket. Ou à Paris !
Comme j’aime à le dire, Koh Panghan c’est Samui, il y a 15 ans. Et j’aurais beaucoup aimé Samui il y a 15 ans. J’avais visité cette île il y a trois ans et j‘avais hésité à l‘époque entre m’installer à Samui ou à Koh Panghan. J’avais choisi alors Samui. Je ne regrette absolument pas mon choix d’alors. J’ai passé trois agréables années à Samui, à l’exception des deux fâcheux épisodes évoqués plus haut.
Trois ans plus tard en revanche Samui a beaucoup changé, et selon moi, pas dans le bon sens. Trop de monde, trop de trafic, trop de maisons en construction qui souvent défigurent le paysage. Samui est un chantier permanent. Mais surtout on ne fait pas grand-chose à Samui, et je suis poli, pour accompagner dans les meilleures conditions cet important développement. Beaucoup de routes sont encore en mauvais état, dont la mienne, la fameuse Crossroad, qui permet d’aller de façon transversale de Bangrak où j’habite vers Chaweng. Cette route, confidentielle il y a trois ans, est désormais extrêmement fréquentée et dans un état pitoyable. Notamment, à l’occasion des pluies annuelles où l’on patauge régulièrement dans la gadoue.
Si on ajoute à cela l’absence de réactivité des autorités en cas de sinistre important, les prix qui augmentent constamment (Samui est un des endroits les plus chers de Thaïlande) l’attitude de plus en plus désagréable des locaux à l’égard des farangs (étrangers) vous comprendrez qu’en ce qui me concerne, et notamment suite au dernier épisode électrique, Samui, c’est fini. On m’a parfois fait remarquer, y compris certains farangs, que si je n’étais pas content je n’avais qu’à aller ailleurs. Je ne suis plus content, et je vais aller ailleurs.
J’envisageais déjà d’émigrer rapidement vers Chiang Mai, mais compte tenu de l’impression très favorable que m’a laissé cette île je pense très sérieusement à me diriger plutôt, dans un très proche avenir, vers Koh Panghan. Il est vraisemblable que je connaîtrai encore des problèmes d’électricité dans ma nouvelle île mais je suis persuadé que j’y supporterai beaucoup mieux ce genre de problème. Koh Panghan m’apparaît véritablement comme une île encore préservée. Ce qui est plutôt rare par les temps qui courent.
L’opinion de la plupart des gens de Samui par rapport à Koh Panghan c’est, pour résumer trivialement : Panghan est une île magnifique, mais on peut y mourir d’ennui. En ce qui me concerne, il se trouve que mes deux activités principales sont le sport et l’animation de mon site Internet. J’ai pu vérifier qu’à Panghan, on capte la 3G quasiment partout. Par ailleurs, pour le motard que je suis il y a quantité de chemins à explorer dans cette île. Il me faudra juste changer ma Honda 200 Shadow contre une solide trial. Pour le reste, comme vous le savez, je suis célibataire et j’entends bien le rester. Il y a certainement beaucoup plus de lady bars à Samui, mais très franchement, les thaïlandaises, j’en ai fait plusieurs fois le tour, si j’ose dire, et ce ne sont pas elles qui me feront abandonner le célibat. Que j’apprécie tous les jours un peu plus.
En tout état de cause, si vraiment ça devenait pénible je pourrais toujours déménager vers Chiang Mai. Il me reste juste à y trouver une maison à louer mais ce ne sera pas trop difficile, car n’étant absolument pas un homme d’intérieur cela ne me posera aucune espèce de difficultés.
De plus, Koh Panghan n’étant qu’à 40 minutes par bateau (280 bahts, 8 euros, l’aller simple) cela me permettra de ne pas couper trop brutalement les ponts avec mes amis de Samui. De la même façon il existe un ferry qui dessert Koh Panghan et mon déménagement ne posera, lui non plus, pas de problème. Surtout, je n’aurai pas à me débarrasser, une fois de plus, de la plupart de mes effets pour voyager léger.
Finalement, les avanies de Samui auront eu sur moi un effet bénéfique. Elles m’évitent de m’encroûter et m’incitent à changer d’horizon.
Alors, merci Samui et... bye, bye.