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«L'avenir n'est plus ce qu'il était» [Paul Valéry]



ST BARTH : Le caillou magnifique ! Edition remaniée 2025 (texte et photos).

Saint Barthélemy est une île minuscule (24 km² !) Située à 300 km de la Guadeloupe, juste en face de Saint-Martin, à 18 km.



L'anse des Cayes, où j'ai habité quatre ans, il y a presque 50 ans ! Photo originale améliorée par Photoleap
L'anse des Cayes, où j'ai habité quatre ans, il y a presque 50 ans ! Photo originale améliorée par Photoleap


J’ai eu la chance de résider à Saint-Barthélemy, de 1978 à 1982, comme premier (j'ai inauguré le poste) agent comptable des îles du Nord.

En clair, j'étais intendant, on dit maintenant Agent Comptable (comptable public, comme le Trésoriers Payeurs Généraux, mais, pas avec les mêmes indemnités 😉) des trois collèges de Saint-Barthélémy et de Saint-Martin, ainsi que du lycée professionnel de Saint-Martin et de son GRETA (Centre de formation continue).

Tout cela avec une seule secrétaire autochtone, mais avec l'informatique, que j'ai découverte à cette occasion et sans laquelle je n'aurais jamais pu assumer correctement ma fonction d'agent comptable de trois collèges, un lycée professionnel et un GRETA qui avait recruté une vingtaine de contractuels. 

Au tout début, j'assurais aussi la paie de tous les profs (quasiment tous non titulaires) de l'agence comptable. Plus, les bourses, et quasiment tous les élèves étaient boursiers !

Avant l'ordinateur, je disposais pour seul matériel d'un duplicateur à encre ! Enfin, à cette époque la comptabilité en partie double était une nouveauté dans l'administration. En bref, j'étais dans un endroit paradisiaque, mais j'ai vraiment essuyé les plâtres !

St Barth : une île complètement atypique dans les Caraïbes.

Il n’y a pas d’eau, ce qui est extrêmement rare pour une île habitée depuis 1648 ! Aucune source, aucune rivière. C’est réellement un caillou. De nos jours, l'eau est produite par une usine locale de dessalement d’eau de mer. Chaque maison est construite sur une citerne qui recueille les (très rares) eaux de pluie. St Barth étant hors-taxe depuis toujours, on avait l'habitude de dire en plaisantant que l'eau y était aussi chère que le whisky.

Ma première affectation aux Antilles fut en vérité le Rectorat de Fort de France en Martinique. Mais, un an plus tard, ayant passé mon voyage de noces à St Barth avec une française qui m'avait accompagné aux Antilles, j'ai demandé mon affectation à ST Barth. En délégation rectorale, c'est-à-dire sur décision du recteur et non du ministère, alors que j'étais fonctionnaire titulaire de catégorie A. Ce qui me fut accordé d'abord en raison des nombreux « audit » que j'avais accepté de faire dans plusieurs services du Rectorat, en dépit du fait que j'étais auparavant chef de division financière adjoint dans mon précédent Rectorat, celui de Rouen où j'avais commencé ma carrière en 1973, et surtout parce qu'une nouvelle Agence comptable venait d'être créée, suite aux nationalisations des collèges de St Barth et St Martin.

Saint Barth fut suédoise avant de redevenir française. Ce qui explique les couleurs pimpantes des maisons locales (s'il en reste encore) et la propreté générale de l'île, ce qui, il y a quarante ans du moins, n'était pas si fréquent dans les Caraïbes.

Last but not least, Saint Barth est une île qui appartient depuis toujours… aux Saint Barths. Ce qui, il y a presque 50 ans, est également peu courant dans cette région.

A propos de Saint-Martin, l'île la plus proche où j'ai habité ensuite durant onze ans (la mairie de St Barth ne voulait plus payer mon logement de fonction et on avait construit des logements de fonction au collège de Saint-Martin), les capitaux américains, et ceux de la mafia, surtout en partie Hollandaise, ont depuis longtemps marqué cette île de leur empreinte.

Rien de tout cela à Saint Barth (même si beaucoup ont essayé) dont les habitants sont restés très pauvres, jusque dans les 1980.

Il se trouve que j’étais en poste à Saint Barth depuis 1978. Rockfeller avait déjà sa villa, mais les « métros », comme on disait à l'époque, étaient plutôt rares.

Dans les années 80 j’ai vu arriver la jet set française. À sa tête Eddie Barclay et sa joyeuse bande, dont Henri Salvador, Stéphane Collaro, et j’ai oublié les autres. J’ai joué à la pétanque avec ces trois-là.

Ce sont eux qui ont fait de Saint Barth cette niche à millionnaires qu’elle est devenue. Il faut dire que 24 km² (c’est la superficie de ST Barth) c’est très peu pour tous ces millionnaires qui se battent à grands coups de millions d’euros pour arracher le peu de terrains à vendre qui doit rester aujourd’hui.

Si vous voulez avoir une idée du niveau des prix à Saint Barth, faites une recherche de location sur Booking.com. J’ai essayé, je suis parti en courant. Je ne sais si cela a changé (ça m’étonnerait) mais si vous n’avez pas une réservation d’hôtel, ou un St Barth qui se porte garant pour vous, vous n'aurez pas le droit de séjourner dans lîle plus d’une journée !

Une agence de voyages a classé les destinations les plus chères du monde. Le groupe a découvert que Gustavia, sur l'île caribéenne de Saint-Barthélemy, était la plus chère (25/07/2023).

Les Saint Barths eux-mêmes se sont considérablement enrichis depuis mais ont toujours veillé à conserver leur main mise sur l’île. Jusqu’à obtenir récemment la sortie de l’Europe (!) la pérennisation de leur statut fiscal privilégié (pas de T.V.A) et le statut (peu contraignant) de Collectivité d’Outre-Mer.

À Saint Barth, et je pense que cela n’a pas changé depuis 40 ans, le pouvoir économique, est entre les mains des Saint Barths. Qui, par exemple, ont toujours refusé d’agrandir la piste de l’aéroport. Ou d'accueillir des avions de plus de 20 places. Pas de Jumbo Jet à Saint Barth ! Et, ils ont bien raison ! Quand on voit ce que certaines charmantes îles sont devenues avec l’afflux de touristes, on comprend que les St Barth aient été méfiants.

Le seul problème est que Saint Barth est devenu une île réservée aux touristes très fortunés. Les hôtels ne font pas dans la Formule 1. Quant au camping sauvage n’y songez même pas !

Lorsque j’étais à Saint Barth la mairie me logeait dans une maison neuve, les pieds dans l'eau, qui lui coûtait, à l’époque, 1500 F par mois de loyer. Il y a quelques années, j'ai rencontré quelqu’un qui louait cette même maison 15 000 F par mois ! Je suis sûr qu’aujourd’hui, c’est beaucoup plus, au moins 3000 à 5 000 euros par mois.

Quant à moi, j’ai adoré St Barth quand j’y étais, il a 42 ans, mais je n’ai aucune attirance pour ce qu’elle est devenue. J'ai connu depuis quantité d’endroits aussi idylliques, mais bien plus abordable.

Il y a quelques années je suis tombé par hasard sur des diapositives que j’avais faites à l’époque. Je les ai scannées, puis nettoyées avec Photoshop. A cet égard l’outil tampon est fabuleux et il m’a bien servi !

Aujourd'hui, j'ai restauré de nouveau ces photos, qui datent de presque 50 ans, avec l'I.A Photoleap, et ajouté un article sur Saint Barth rédigé avec ma nouvelle I.A Genspark

N.B : J'ai eu deux enfants, deux garçons
  • l'un à Saint Barth en 1978 et, ce fut épique : le dispensaire, à l'époque il n'y avait pas d'hôpital, de St Barth ne comportant q'une  bouteille d'oxygène en cas de problème et le médecin était un Volontaire A l'aide Technique, c'est-à-dire un très jeune médecin effectuant son service militaire dans ce cadre.
  • l'autre à Saint-Martin en 1989, là, il y avait un hôpital et ce fut un accouchement sans histoire.
Ce qui est dommage, c'est que ces deux enfants (j'en ai eu deux autres auparavant d'un premier mariage) ont peu de chance de revoir leur île natale. Pour le premier, né à Saint Barth, lorsqu'il s'est marié j'avais demandé au maire de St Barth, un ancien collègue avec qui je m'étais toujours bien entendu, s'il pouvait espérer passer son voyage de noces à St Barth, il m'a poliment déclaré que cela ne serait ps possible.

En revanche, le fils de son frère né à Saint-Martin, a eu lui la chance de se voir attribuer (automatiquement) la nationalité Canadienne en plus de la nationalité française, car il est né au Canada quand son père y a travaillé quelques années. Et, par les temps qui courent, un passeport canadien pourrait s'avérer très utile à un jeune homme en quête de débouchés.

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Saint-Barthélemy : Histoire et évolution d'une île caribéenne singulière

Découverte et premières colonisations

L'île a été découverte par Christophe Colomb lors de son second voyage en 1493. À cette époque, elle était habitée par les Indiens Caraïbes qui l'appelaient Ouanalao (signifiant "pélican"). Bien que les Caraïbes utilisaient l'île, il semble qu'ils n'y résidaient pas de façon permanente.

La première occupation européenne date de 1648 avec l'arrivée des Français. Les premiers colons, environ cinquante personnes, venaient principalement de Normandie, de la région bordelaise, du Limousin et du Sud de la France. Ils portaient des noms comme Laplace, Danet, Magras, Aubin, Lédée, Questel, Bernier, Blanchard et Gréaux, patronymes encore très présents sur l'île aujourd'hui. Ces aventuriers, pêcheurs, commerçants et agriculteurs étaient venus aux Antilles dans l'espoir de faire fortune, certains fuyant également des dettes ou des poursuites judiciaires.

Cette installation s'est faite sous la houlette de Philippe Longvilliers de Poincy, alors Lieutenant Général des Îles d'Amérique. En 1653, la colonie comptait déjà 170 blancs et 50 esclaves. Cependant, cette première implantation connut un revers tragique en 1656 lorsque les Caraïbes attaquèrent l'île et massacrèrent les colons. L'île resta abandonnée pendant trois ans, avant que les français réfugiés sur les îles voisines ne reviennent s'installer en 1659 suite à un traité de paix.

Particularité ethnique et démographique

Contrairement à la plupart des îles caribéennes, Saint-Barthélemy n'a pas connu d'esclavage de masse en raison de sa configuration géographique et géologique. Son absence de points d’eau (durant des siècle ses habitants recueillaient les très rares eaux de pluie dans des calebasses), son sol pauvre et montagneux et son climat sec n'offrait pas les conditions favorables aux grandes plantations sucrières qui nécessitaient une main-d'œuvre importante. Les colons y développaient principalement la pêche, l'élevage de chèvres, la récolte de sel et la culture du coton et de l'indigo.

Cette particularité explique pourquoi Saint-Barthélemy présente aujourd'hui une démographie unique dans les Caraïbes : sa population est majoritairement d'origine européenne, descendante des colons français. Cette caractéristique s'est accentuée après l'abolition de l'esclavage en 1847 (pendant la période suédoise), lorsque la majorité de la population d'origine africaine a émigré vers les îles voisines.

Bien qu'elle ne soit pas la seule île blanche des Caraïbes (Saba dans les Antilles néerlandaises présente également une population majoritairement d'origine européenne), Saint-Barthélemy se distingue nettement dans une région où la plupart des îles ont une population majoritairement d'origine africaine ou métissée.

Période suédoise

Un fait marquant de son histoire est que Saint-Barthélemy fut cédée par le Roi Louis XVI au Roi de Suède Gustave III en 1785. C'est de cette période que date le nom de Gustavia, sa capitale, en hommage au souverain suédois. Les Suédois firent de Saint-Barthélemy un port franc, ce qui contribua à sa prospérité commerciale.

Une ordonnance suédoise légalisa l'esclavage à Saint-Barthélemy à partir de 1787, remplaçant le Code noir français. L'esclavage y fut définitivement aboli le 9 octobre 1847, soit avant la France, ce qui provoqua un exode de la population d'origine africaine vers les îles voisines.

Retour à la France et évolution moderne

L'île est ensuite redevenue française en 1878, mais son parcours administratif a continué d'évoluer. En 2007, Saint-Barthélemy a obtenu le statut de collectivité d'Outre-mer dotée d'autonomie fiscale, ce qui a considérablement modifié son fonctionnement administratif et économique.

Saint-Barthélemy a connu un tournant majeur dans son développement lorsque David Rockefeller l'a découverte dans les années 1950. Cette visite a marqué le début de l'essor touristique de l'île, qui s'est orientée vers un tourisme de luxe plutôt que de masse.

L'île se distingue par son refus du tourisme de masse qui ne respecterait pas sa culture et son histoire. Cette politique a façonné son développement en tant que destination de luxe. L'évolution est frappante : alors que l'île n'accueillait que 310 touristes en 1963, ce nombre est passé à 47 000 en 1980, puis à 282 000 en 2003, montrant une croissance exponentielle.

Aujourd'hui, avec une population d'environ 11 414 habitants (2025) et une économie largement basée sur le tourisme haut de gamme et l'immobilier de luxe, Saint-Barthélemy continue d'évoluer tout en préservant son caractère unique dans les Caraïbes.

Défis contemporains

L'explosion du tourisme de luxe a transformé l'économie de l'île mais a également créé de nouveaux défis. La flambée des prix immobiliers (hausse d'environ 70% en dix ans) rend le logement presque inaccessible pour la population locale. Il devient quasi impossible de retrouver un bail locatif lorsqu'il vient à son terme, les prix dans les restaurants et les supermarchés ont également considérablement augmenté.

Face à ces défis, les autorités locales ont pris des mesures pour limiter la construction de gigantesques villas et favoriser l'intégration des nouvelles propriétés dans le paysage local. Les permis de construire sont désormais plus difficiles à obtenir, témoignant d'une volonté de préserver l'île pour les générations futures tout en gérant les attentes des investisseurs.

Malgré ces transformations, Saint-Barthélemy demeure un exemple fascinant d'adaptation et de résilience, illustrant comment une petite île aux ressources limitées a su se forger une identité unique et prospérer dans un monde globalisé, tout en préservant ses particularités historiques et culturelles.

 


Mercredi 16 Avril 2025

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