Depuis 2005, le régulateur des télécoms a imposé aux opérateurs une baisse de leurs tarifs de gros au niveau de la terminaison d'appel (TA). Objectif de ces mesures : faire baisser le prix de détail des communications passées depuis un poste fixe vers les mobiles, communications facturées au prix fort.
En cinq ans, ces tarifs ont perdu près des deux tiers de leur valeur. Or, malgré ces baisses successives, les prix payés par les abonnés fixes, qui ne disposent pas d'offres spécifiques pour les appels vers les mobiles, n'ont pas vraiment bougé. Pour le plus grand bonheur des opérateurs fixes qui engrangent chaque année des sommes colossales.
25 centimes par minute pour l'abonné, un coût de 5 centimes pour l'opérateur
La situation commence à agacer. "Les tarifs évoluent très peu malgré les baisses de la terminaison d'appel (TA). Les opérateurs s'arrangent pour rendre obscure la lecture des TA dans le tarif de détail et le régulateur n'a pas pour mission de vérifier l'application de ces baisses de gros dans le tarif de détail. Conséquence, il est très difficile de prouver cette non répercussion qui pourtant existe bel et bien", nous expliquait en avril dernier Edourad Barreiro, responsable des questions TIC à l'UFC Que Choisir.
Même l'Arcep semble avouer son impuissance en reconnaissant "un manque de dynamique concurrentielle sur les tarifs unitaires des communications fixe-vers-mobile et ce malgré les baisses fortes et la simplification de la structure des tarifs de terminaison d'appel mobile".
De son côté, l'association Consolib.fr a décidé de monter au front afin de dénoncer ce "scandale". Outre une pétition mise en ligne, l'association a calculé le montant du magot obtenu par les opérateurs et leur a adressé une lettre ouverte pour faire pression.
Les opérateurs fixes "ont conservé le bénéfice de cette baisse pour eux seuls, engrangeant ainsi des profits colossaux. Particulièrement touchés, les professionnels (artisans, commerçants ou PME), qui ont encore des parcs importants de fixes appelant les mobiles, paient le prix fort de ces appels fixe vers mobile", souligne l'association.
Une cagnotte de plus d'un milliard d'euros en 2009 pour les opérateurs ?
Résultat, selon ses calculs, "cette pratique de prix excessifs permettra aux opérateurs fixes de soutirer à leurs abonnés plus de 1,2 milliard d'euros en 2009 soit près de 4 euros TTC/mois/abonné. Orange réalise ainsi une marge de 943 millions d'euros dont 161 millions sur ses abonnés Internet, Free/Alice une marge de 123 millions et SFR une marge de 124 millions.
Lorsqu'un consommateur appelle un mobile à partir d'un téléphone fixe ou d'une « box », son opérateur fixe lui facture en moyenne 25 centimes par minute. Pour l'opérateur le coût de cette même minute est de l'ordre de 5 centimes !"
Dans une lettre envoyée aux opérateurs, Consolib.fr rappelle ce douloureux constat et exige que la "baisse de la terminaison d'appel bénéficie pleinement et totalement aux consommateurs et en aucun cas augmenter indûment les profits des opérateurs".
Réaliste, l'association précise que "l'Autorité de concurrence saisie sur ce sujet, au moins pour avis, devrait chercher une raison à ce surprenant parallélisme des comportements de tous les acteurs du marché". Le dossier est donc loin d'être clos.
N.D.L.R
En dépit des fortes amendes déjà infligées nos opérateurs hexagonaux continuent de pratiquer, je cite, un surprenant, mais juteux, "parallélisme des comportements."