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TRIBUNE
Le mot "climatosceptique" est fréquemment utilisé lors des conférences sur le climat, notamment la COP, et face aux avertissements d'organisations telles que le GIEC et l'ONU. Cependant, est-il juste de nommer "sceptiques" ceux qui rejettent les conclusions scientifiques, alors que leurs discours et actions ne correspondent pas à un véritable scepticisme ?
Le doute, dans son essence, peut représenter une démarche intellectuelle libre de préjugés : on peut douter en quête d'arguments plus solides ou en attente d'éclaircissements sur certaines théories ou hypothèses.
N.D.L.R : Le doute a toujours été le fondement de la science contrairement à ce qu'on a voulu nous faire croire lors de la récente crise sanitaire. Comme la démontré Karl Popper, une théorie scientifique n'est juste que si l'on peut montrer qu'elle est fausse. Je cite Popper : “Au total, le critère de la scientificité d'une théorie « réside dans la possibilité de l'invalider, de la réfuter ou encore de la tester » (Conjectures et réfutations, La croissance du savoir scientifique”, pp. 64-65).
Ce doute ne traduit pas une méfiance systématique, mais incite plutôt à une analyse minutieuse, menant à un jugement éclairé. Cela rappelle la méthode de Descartes, pour qui la première étape de toute réflexion intellectuelle était de remettre en question tout ce qui semble simplement probable. N.D.L.R : le fameux “Tabula rasa” (faire table rase).
Le scepticisme, une philosophie ancestrale, s'est distingué grâce à des figures telles que Pyrrhon (IIIe siècle av. J.-C.) et Sextus Empiricus (IIe siècle ap. J.-C.). Ces penseurs ont influencé des philosophes renommés comme Montaigne (XVIe siècle) et Hume (XVIIIe siècle), connus pour la profondeur et la richesse de leurs travaux. Le scepticisme ne se limite pas à semer le doute ou à nier la vérité, mais considère plutôt que cette dernière est souvent hors de portée intellectuelle, recommandant ainsi la prudence et la suspension du jugement face à l'incertain.
Il est crucial de distinguer le soupçon du doute. Alors que le doute incarne la prudence dans le processus de jugement, le soupçon traduit une méfiance envers les autorités ou les communautés scientifiques. Ce soupçon, fréquemment souligné par les chercheurs ciblés par les attaques des climatosceptiques, vise à miner la crédibilité des recherches scientifiques, réduisant des décennies de données, d'observations et de conclusions, toutes rigoureusement validées, à de simples opinions ou croyances.
En contradiction avec une telle approche, ceux que l'on appelle climatosceptiques présentent une version alternative de l'histoire climatique, s'appuyant sur des arguments assemblés de manière ad hoc, flirtant souvent avec des théories du complot : niant le rôle de l'homme dans le réchauffement, affirmant que la Terre se réchauffe naturellement, ou dépeignant les scientifiques comme déconnectés de la réalité.
Plutôt que de démontrer une rigueur scientifique, ils misent sur l'ignorance de leur public pour semer le doute et le soupçon, tissant un récit alternatif infondé. Les appeler "climatosceptiques" constitue une usurpation d'un riche héritage philosophique, laissant presque penser qu'ils ont remporté une victoire.
Le terme "climatosceptique" devrait plutôt, contrairement à son usage actuel, désigner une prudence face aux conclusions scientifiques sur le climat, une capacité à distinguer la météo du climat, et un engagement à s'appuyer sur un corpus substantiel de données avant de tirer des conclusions.
Gilles Barroux (Enseignant de philosophie)
Gilles Barroux est chercheur associé au Laboratoire Sphere (sciences, philosophie, histoire) du CNRS.
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