4 août 2015 · par Un odieux connard · dans Société. ·
« Monsieur, Monsieur ! »
D’un rapide mouvement du pouce, je relève mes lunettes de soleil pour constater que ce sacripant de Diego s’est collé juste au-dessus de ma chaise longue. Il se tord nerveusement les mains et sue plus que de raison malgré la chaleur.
« Que se passe-t-il mon bon ? dis-je en levant un sourcil. Ne vois-tu pas que j’étais occupé ?
– Patron, je sais que vous détestez être dérangé pendant que vous frappez quelqu’un avec sa perche à selfie, mais c’est important.
– Important ? Plus important que d’achever ce gourgandin qui bouge encore ?
– C’est-à-dire que ça a beau être les vacances, il faudrait un peu mettre votre blog à jour, patron. Il y a des gens qui s’ennuient au bureau qui ont besoin de lecture.
– Hmmm. Tu n’as pas tort, bon laquais. Tant pis pour les activités estivales, je dois travailler un peu, tu as raison.
– Et… et moi ?«
Diego et moi-même sommes un peu étonnés de voir que le forban que je tiens par le col n’est pas encore inconscient, aussi corrigé-je la chose d’un vif coup de perche, qui dans l’affaire, active l’appareil photo encore accroché à l’arme improvisée. Je laisse glisser ma victime au sol, et confie la perche sanglante à Diego.
« Mon bon, tu connais ton affaire. Tu gardes la photo pour mon album de souvenirs, et tu vas me ranger le Monsieur façon poupée russe.
– Façon poupée russe, patron ?
– La perche dans le Monsieur, le Monsieur dans un trou, le trou dans les bois.
– Ah, oui, je vois.
– C’est plus ludique pour la police quand ils retrouvent les cadavres. Je pense à mon prochain mais… ah, ma générosité me perdra, allez, au boulot ! »
Et penchons-nous sur l’actualité. Car celle-ci est remuée par une immense vague d’indignation : en Afrique, un dentiste aurait tué un lion. Et pas n’importe lequel : une célébrité.
Erreur tragique ! Car comme chacun sait, il y a deux grands cas où Internet devient fou :
– lorsque quelqu’un fait du mal à un chat (si des chatons tentaient de franchir la Méditerranée en radeaux, il y aurait un pont depuis longtemps)
– lorsqu’une star disparaît (comme ça on peut faire des pages « Jean-Luc Delarue a jamé dans no keurs« )
Alors abattre un fameux félin, c’était j’imagine une sorte de suicide. Ou une revanche contre tous les lions qui servent de logo aux marques de sucreries. Une affaire professionnelle, en quelque sorte.
Mais pendant qu’Internet s’indigne avant de passer à autre chose, rappelons que les chasseurs sont indispensables à la régulation de certaines espèces. Pas le lion, qui est en plus tout facile à chasser (ça reste un chat ; donc à part à 5h30 du matin où il passe son temps à courir chier partout sauf dans sa caisse, ce n’est pas vraiment une cible mobile), mais bien d’autres espèces de nuisibles qui n’ont plus de prédateur.
Aujourd’hui, aidons-donc nos boucaniers préférés :
Chasseur, laisse tomber les lions.
Viens plutôt aider à réguler les vrais nuisibles de l’été.
Et dieu sait qu’ils sont nombreux. Mais, découvrons-les ensemble !
Le surfeur, à l’origine de l’expression « Briser les rouleaux »
Le surfeur
Chasseurs, inutile d’emmener votre épagneul breton pour pister la bête, car celle-ci est aisément repérable. Les cheveux aux vent et le sourire toujours prêt, il faut savoir que le surfeur est affligé d’un terrible mal qui fait qu’il ne peut se déplacer qu’au petit trot. Allez savoir pourquoi, même quand il n’est pas pressé, il trotte sur la plage avec une énorme planche sous le bras tout en commentant la nature vagues avec des anglicismes qui ne font que rappeler la nature profondément perfide de l’animal.
Le surfeur fait beaucoup de mal à l’écosystème, puisque son jeu préféré consiste à aller faire le kakou dans l’océan, de préférence là où ça remue un peu, à savoir, le territoire des requins. Une fois sur place, il se plaindra que ces enfoirés de squales ont encore essayé de lui bouffer une jambe, et appellera une fatwah de surfeurs pour liquider ces animaux qui ont le toupet d’être chez eux. Un peu comme proposer d’organiser un concert de métal dans une tanière d’our brun « Parce que l’acoustique y est super » avant de reprocher aux ours d’être un peu soupe-au-lait. Même s’ils sont très bons en pogo, reconnaissons-le.
Comment le chasser ?
Il existe principalement deux méthodes. La première consiste à installer un faux magasin de tatouages tribaux à proximité du lieu de rencontre des surfeurs. L’animal, sitôt qu’il a humé l’odeur de la mauvaise encre et du piercing infecté ne peut résister à cet appel et viendra de lui-même à vous. Vous n’avez plus qu’à utiliser votre arme, ou si vous êtes plus sportif, à le tabasser avec sa propre planche. L’autre méthode nécessite un peu plus de moyens, mais apporte aussi plus de panache : louer un canadair ainsi qu’un certain nombre d’hectolitres de sang d’agneau et verser le tout sur la zone où les surfeurs s’ébattent. Aussi artistique qu’amusant, vous ferez la joie des vacanciers qui n’appelleront jamais les secours, trop occupés qu’ils seront à filmer le tout ou à faire des selfies avec les bouts de membres rejetés par la marée.
Et si j’en capture un ?
Surtout pas ! Il ne faut pas faire souffrir l’animal inutilement. Vous êtes un chasseur, pas un monstre sans cœur. Si vous veniez malgré tout à garder un surfeur en captivité, vous le verriez vite dépérir. En 1992, un chasseur suisse tenta ainsi d’élever un surfeur capturé à Biarritz sur les rives du Lac Léman. Malgré la présence avérée d’eau, le surfeur se laissa mourir et refusa de s’alimenter en cacahuètes et cocktails à la con, pourtant ses aliments préférés. Le vétérinaire qui constata le décès de l’animal conclut que « sans squale à emmerder, le surfeur meurt« . Conclusion : pour que les surfeurs vivent, il faut des requins. Et pour qu’il y ait des requins, il faut moins de surfeurs. Chasseurs, en chassant le surfeur, vous sauvez non pas une espèce mais bien deux.
La suite ici :
« Monsieur, Monsieur ! »
D’un rapide mouvement du pouce, je relève mes lunettes de soleil pour constater que ce sacripant de Diego s’est collé juste au-dessus de ma chaise longue. Il se tord nerveusement les mains et sue plus que de raison malgré la chaleur.
« Que se passe-t-il mon bon ? dis-je en levant un sourcil. Ne vois-tu pas que j’étais occupé ?
– Patron, je sais que vous détestez être dérangé pendant que vous frappez quelqu’un avec sa perche à selfie, mais c’est important.
– Important ? Plus important que d’achever ce gourgandin qui bouge encore ?
– C’est-à-dire que ça a beau être les vacances, il faudrait un peu mettre votre blog à jour, patron. Il y a des gens qui s’ennuient au bureau qui ont besoin de lecture.
– Hmmm. Tu n’as pas tort, bon laquais. Tant pis pour les activités estivales, je dois travailler un peu, tu as raison.
– Et… et moi ?«
Diego et moi-même sommes un peu étonnés de voir que le forban que je tiens par le col n’est pas encore inconscient, aussi corrigé-je la chose d’un vif coup de perche, qui dans l’affaire, active l’appareil photo encore accroché à l’arme improvisée. Je laisse glisser ma victime au sol, et confie la perche sanglante à Diego.
« Mon bon, tu connais ton affaire. Tu gardes la photo pour mon album de souvenirs, et tu vas me ranger le Monsieur façon poupée russe.
– Façon poupée russe, patron ?
– La perche dans le Monsieur, le Monsieur dans un trou, le trou dans les bois.
– Ah, oui, je vois.
– C’est plus ludique pour la police quand ils retrouvent les cadavres. Je pense à mon prochain mais… ah, ma générosité me perdra, allez, au boulot ! »
Et penchons-nous sur l’actualité. Car celle-ci est remuée par une immense vague d’indignation : en Afrique, un dentiste aurait tué un lion. Et pas n’importe lequel : une célébrité.
Erreur tragique ! Car comme chacun sait, il y a deux grands cas où Internet devient fou :
– lorsque quelqu’un fait du mal à un chat (si des chatons tentaient de franchir la Méditerranée en radeaux, il y aurait un pont depuis longtemps)
– lorsqu’une star disparaît (comme ça on peut faire des pages « Jean-Luc Delarue a jamé dans no keurs« )
Alors abattre un fameux félin, c’était j’imagine une sorte de suicide. Ou une revanche contre tous les lions qui servent de logo aux marques de sucreries. Une affaire professionnelle, en quelque sorte.
Mais pendant qu’Internet s’indigne avant de passer à autre chose, rappelons que les chasseurs sont indispensables à la régulation de certaines espèces. Pas le lion, qui est en plus tout facile à chasser (ça reste un chat ; donc à part à 5h30 du matin où il passe son temps à courir chier partout sauf dans sa caisse, ce n’est pas vraiment une cible mobile), mais bien d’autres espèces de nuisibles qui n’ont plus de prédateur.
Aujourd’hui, aidons-donc nos boucaniers préférés :
Chasseur, laisse tomber les lions.
Viens plutôt aider à réguler les vrais nuisibles de l’été.
Et dieu sait qu’ils sont nombreux. Mais, découvrons-les ensemble !
Le surfeur, à l’origine de l’expression « Briser les rouleaux »
Le surfeur
Chasseurs, inutile d’emmener votre épagneul breton pour pister la bête, car celle-ci est aisément repérable. Les cheveux aux vent et le sourire toujours prêt, il faut savoir que le surfeur est affligé d’un terrible mal qui fait qu’il ne peut se déplacer qu’au petit trot. Allez savoir pourquoi, même quand il n’est pas pressé, il trotte sur la plage avec une énorme planche sous le bras tout en commentant la nature vagues avec des anglicismes qui ne font que rappeler la nature profondément perfide de l’animal.
Le surfeur fait beaucoup de mal à l’écosystème, puisque son jeu préféré consiste à aller faire le kakou dans l’océan, de préférence là où ça remue un peu, à savoir, le territoire des requins. Une fois sur place, il se plaindra que ces enfoirés de squales ont encore essayé de lui bouffer une jambe, et appellera une fatwah de surfeurs pour liquider ces animaux qui ont le toupet d’être chez eux. Un peu comme proposer d’organiser un concert de métal dans une tanière d’our brun « Parce que l’acoustique y est super » avant de reprocher aux ours d’être un peu soupe-au-lait. Même s’ils sont très bons en pogo, reconnaissons-le.
Comment le chasser ?
Il existe principalement deux méthodes. La première consiste à installer un faux magasin de tatouages tribaux à proximité du lieu de rencontre des surfeurs. L’animal, sitôt qu’il a humé l’odeur de la mauvaise encre et du piercing infecté ne peut résister à cet appel et viendra de lui-même à vous. Vous n’avez plus qu’à utiliser votre arme, ou si vous êtes plus sportif, à le tabasser avec sa propre planche. L’autre méthode nécessite un peu plus de moyens, mais apporte aussi plus de panache : louer un canadair ainsi qu’un certain nombre d’hectolitres de sang d’agneau et verser le tout sur la zone où les surfeurs s’ébattent. Aussi artistique qu’amusant, vous ferez la joie des vacanciers qui n’appelleront jamais les secours, trop occupés qu’ils seront à filmer le tout ou à faire des selfies avec les bouts de membres rejetés par la marée.
Et si j’en capture un ?
Surtout pas ! Il ne faut pas faire souffrir l’animal inutilement. Vous êtes un chasseur, pas un monstre sans cœur. Si vous veniez malgré tout à garder un surfeur en captivité, vous le verriez vite dépérir. En 1992, un chasseur suisse tenta ainsi d’élever un surfeur capturé à Biarritz sur les rives du Lac Léman. Malgré la présence avérée d’eau, le surfeur se laissa mourir et refusa de s’alimenter en cacahuètes et cocktails à la con, pourtant ses aliments préférés. Le vétérinaire qui constata le décès de l’animal conclut que « sans squale à emmerder, le surfeur meurt« . Conclusion : pour que les surfeurs vivent, il faut des requins. Et pour qu’il y ait des requins, il faut moins de surfeurs. Chasseurs, en chassant le surfeur, vous sauvez non pas une espèce mais bien deux.
La suite ici :