Une véritable pandémie
Alors que l’incidence de la maladie d’Alzheimer ne cesse d’augmenter dans la population mondiale, ses causes restent encore inconnues. Pire, les traitements jusqu’alors prescrits sont désormais critiqués par les Hautes Autorités de Santé. Quant aux derniers essais cliniques sur de nouvelles molécules, ils ne sont guère encourageants. Les chiffres sont implacables : 35,6 millions d’individus dans le monde souffrent de démence, selon l’Organisation mondiale de la santé. Ils seront deux fois plus nombreux en 2030. Cette prévision est d’ailleurs optimiste puisqu’en trois ans seulement, le nombre de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et d’autres démences a progressé de près de 14 %. Malgré cela, certaines études mettent en évidence des faits très surprenants.
Et des chercheurs pourraient bien avoir découvert la cause exacte de cette dégénérescence mentale, et les nouvelles qu’ils nous apportent ont de quoi nous réjouir !
La découverte qui change tout
Premier élément, la différence de prévalence de la maladie en Asie. Le Japon, en particulier, est une exception parmi les pays industrialisés et riches : la maladie y est presque 10 fois plus rare que dans la plus part des pays riches où elle touche 2 à 4 % des adultes après 65 ans. Intriguant. En Inde, la maladie est nettement moins présente dans les régions rurales (0,51 %) que dans les régions industrielles. Mais quelle différence entre l’Inde rurale, l’Inde industrialisée et le reste du monde ? C’est le Dr Claudio Soto, chercheur et directeur du Centre de recherches des maladies neurodégénératives à l’université médicale du Texas (Houston, États-Unis) qui nous apporte la réponse.
Lui et son équipe travaillent activement à la compréhension de la maladie d’Alzheimer depuis plusieurs années et leur dernière expérience est révolutionnaire. Cette expérience est relatée dans la revue scientifique Molecular Psychiatry : le Dr Soto et son équipe ont prélevé du tissu d’un cerveau d’homme malade atteint d’Alzheimer et l’ont injecté à des souris en bonne santé. Ils ont ensuite observé ce qui se passait en comparant l’évolution de l’état de santé des animaux comparativement à un groupe de souris de contrôle. Et le résultat est édifiant : toutes les souris ayant reçu un extrait de cerveau contaminé ont développé des plaques amyloïdes et des altérations typiques de la maladie d’Alzheimer. Les chercheurs commentent leurs résultats : « Notre découverte ouvre la possibilité que la maladie d’Alzheimer résulte d’un processus infectieux qui survient aussi dans d’autres maladies neurologiques comme la maladie de la vache folle et sa variante humaine, la maladie de Creutzfeldt-Jakob.
Les mécanismes sous-jacents de la maladie d’Alzheimer sont très similaires aux maladies provoquées par des prions. Cela met en cause une protéine normale qui se met à dysfonctionner et qui devient capable de contaminer les autres protéines. Les mauvaises protéines s’accumulent alors dans le cerveau, formant les plaques amyloïdes qui semblent tuer les cellules neuronales dans la maladie d’Alzheimer. » Traduction : la maladie pourrait être liée à une forme d’infection liée à la consommation de viande ! Ce qui pourrait expliquer les différences géographiques : comparativement au Maroc, le Japon et l’Inde ont une consommation de viande beaucoup plus faible, et d’autant plus qu’on s’éloigne des grandes villes industrielles. Mais au lieu d’identifier ce prion dans les produits animaux, la recherche met tous ses efforts dans la destruction des plaques. Il n’est pas étonnant que tous les médicaments mis au point jusqu’à maintenant aient échoué : qu’ils détruisent une plaque ou cent plaques, ils ne tuent pas le prion!
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