Ce document, qui relève d'un appel d'offre, émane de la délégation à la Communication du ministère de l'Education nationale et date du 15 octobre, soit il y a trois semaines:
"Article 1: Les présents marchés portent sur la veille de l'opinion dans les domaines de l'éducation, de l'enseignement supérieur et de la recherche. (...)
Article 4 : Chaque marché est conclu du 1er janvier 2009 jusqu'au 31 décembre 2009."
C'est un peu plus loin que la volonté des ministères concernés apparait le plus explicitement ("description des prestations"):
"Le dispositif de veille vise, en particulier sur Internet, à:
identifier les thèmes stratégiques (pérennes, prévisibles, émergents)
identifier et analyser les sources stratégiques ou structurant l'opinion
repérer les leaders d'opinion, les lanceurs d'alerte, et analyser leur potentiel d'influence et leur capacité à se constituer en réseau
décrypter les sources des débats et leur mode de propagation
anticiper les risques de contagion et de crise.
En clair: le ministère de l'Education nationale va débourser 100 000 euros par an, et celui de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, 120 000 euros, pour surveiller l'opinion dans la Toile.
Suit une liste des espaces à surveiller de plus près, blogs et sites participatifs notamment, auxquels s'ajoutent, selon les termes de l'appel d'offre, médias traditionnels, dépêches d'agences, baromètres et enquêtes annuelles.
Non, ce n'est pas un canular: sur le site du Journal officiel, on retrouve bien cet appel d'offre pour le marché public de la veille de l'opinion parmi les personnels de l'Education nationale.
Aussi spectaculaire soit-elle, cette volonté d'identifier les leaders de la contestation n'est pas nouvelle. C'est en tous cas ce dont témoignait samedi une vingtaine de directeurs d'école réfractaires, réunis à Paris pour une journée de travail sur le fichier base-élèves.
Dans le Lot, quarante réfractaires à la base élève en avril, quatre aujourd'hui
Au total, cette toute première journée de coordination nationale, qui réunissait une vingtaine de collectifs départementaux, a rassemblé 75 personnes, dont de nombreux parents d'élèves. Leur but: faire le point sur "le fichage des enfants", notamment depuis le nouveau décret qui est venu modifier le contenu du fichier le 1er novembre dernier.
Mais aussi soutenir les directeurs d'écoles récalcitrants. Car le ministère met la pression sur ces derniers résistants au fichier, parfois quatre ans après le lancement de la base-élèves dans leur zone. Ils le disent d'ailleurs eux-mêmes, à l'instar de Jean:
"Entre une entrée en vigueur morcellée et le discours moderniste qui allait avec, le ministère a réussi à émietter la contestation. Le milieu enseignant a fini par entrer dedans honteusement. Dans le Lot, nous étions quarante directeurs d'école réfractaires en avril, dix en juillet, et seulement quatre aujourd'hui. Il était temps de monter au front nationalement alors que certains renonçaient parce qu'ils se sentaient lâchés."
Jean, à trois ans de la retraite, enseigne depuis trente-trois ans et gagne 2600 euros net. Directeur depuis plus de vingt ans, il travaille dans de "très petites écoles" et est aujourd'hui à la tête d'une classe unique:
"Dans les petites écoles, on suit les enfants pendant cinq ans, on a une relation beaucoup moins administrative au terrain. Or la Base-élèves et le fichage des élèves, c'est la mise à mort d'un encadrement que le ministère juge trop humaniste. J'en fais une question de principe et accepter de ficher mes élèves, ce serait comme un reniement à la fin de ma carrière."
Pression financière et menaces de fermetures de classes
Parce qu'il s'oppose, Jean y perd financièrement: pour faire taire la bronca contre le fichier base-élèves et ses scories (comme le numéro d'identifiant qui immatricule les enfants jusqu'à… 35 ans), la hiérarchie de l'Education nationale a décidé de sanctionner sur la fiche de paye.
Pour l'instant, le directeur d'école du Lot a eu deux retenues sur salaire, à raison d'un trentième du brut, soit environ 104 euros de moins à chaque fois. Une folie militante?
"Avant cela, je n'avais jamais eu de conflit dur avec l'inspection d'académie, j'étais bien noté et j'avais acquis une certaine légitimité: on me fait venir à l'IUFM! J'étais comme un dinosaure endormi, rangé des voitures en ce qui concerne le militantisme. Mais pour moi cette lutte-ci est encore plus fondamentale que toutes les autres, même celles pour les suppressions de postes."
Mireille, elle, est à la retraite depuis l'été, mais a ferraillé contre la base-élèves pendant deux ans depuis le Vercors, où elle était directrice d'école. Elle raconte que, lors d'une réunion publique organisée dans un village par des parents, la hiérarchie académique lui a ordonné de se taire, en la menaçant de sanctions. Elle n'en a rien fait et a même déposé un recours devant le Conseil d'Etat, cosigné d'un parent d'élèves. L'audience devant le Conseil d'Etat aura lieu le 26 novembre.
"On immatricule des enfants de cinq ans pour les trente-cinq années suivantes!"
Mireille, contrairement aux autres, n'a jamais vu son salaire amputé mais raconte que certains directeurs d'école commencent à flancher. Ainsi, cette instit rennaise qui a renoncé à un poste de direction à force de pressions. Ou encore ce courrier de l'inspection d'académie du Lot, que Rue89 s'est procuré, qui menace les directeurs d'école de fermer des classes:
"Le premier constat des saisies des élèves fait apparaître une diminution de l'ordre de cinq cents élèves par rapport à l'an dernier. Je rappelle que le constat arrêté au niveau académique et national sur lequel s'appuiera le travail de préparation de rentrée, notamment pour les suppressions et créations d'emplois, est celui de la base élèves."
Christophe, lui, promet de tenir bon. Directeur dans la Vienne, il avait pris contact avec Rue89 il y a plusieurs semaines mais hésitait à s'exprimer au grand jour (même s'il est syndiqué). Comme d'autres, il a subi des pressions. Par oral, on l'a menacé de sanctions de l'ordre d'une journée de salaire retenue par journée réfractaire. Sachant qu'il n'a pas flanché depuis la rentrée de septembre, la fronde commençait à peser cher: Christophe, six ans au compteur, gagne 1700 euros par mois.
Finalement,la pénalité sera la même que pour les autres: un trentième par lettre d'injonction. Sorti de l'anonymat, il espère mobiliser à nouveau:
"La base-élèves et le numéro d'immatriculation des enfants sont devenus des sujets tabous. Quand on en parle, on dirait que les collègues ne sont pas fiers, ils préfèrent regarder ailleurs."
En écho, Jean, pour qui les menaces verbales se sont transformées en retenue d'un trentième par injonction écrite, s'interroge : "comment la profession a pu basculer là-dedans?"
En juin, Darcos a parlé à l'Assemblée de "fichier liberticide". Depuis, ils disent qu'ils sont revenus en arrière en supprimant certains champs. Mais c'est un écran de fumée, car ce que nous avons fini par comprendre, c'est que c'est le numéro d'identifiant qui est le plus problématique. On immatricule des enfants de cinq ans pour les trente-cinq années suivantes!"
Côté ministère, on espère faire taire la contestation en affirmant que des modifications ont bien été faites dans le fichier, après que le ministre avait reconnu certains écueils à l'ancienne mouture, le 13 juin dernier.
Via Par Chloé Leprince | Rue89 | 09/11/2008
"Article 1: Les présents marchés portent sur la veille de l'opinion dans les domaines de l'éducation, de l'enseignement supérieur et de la recherche. (...)
Article 4 : Chaque marché est conclu du 1er janvier 2009 jusqu'au 31 décembre 2009."
C'est un peu plus loin que la volonté des ministères concernés apparait le plus explicitement ("description des prestations"):
"Le dispositif de veille vise, en particulier sur Internet, à:
identifier les thèmes stratégiques (pérennes, prévisibles, émergents)
identifier et analyser les sources stratégiques ou structurant l'opinion
repérer les leaders d'opinion, les lanceurs d'alerte, et analyser leur potentiel d'influence et leur capacité à se constituer en réseau
décrypter les sources des débats et leur mode de propagation
anticiper les risques de contagion et de crise.
En clair: le ministère de l'Education nationale va débourser 100 000 euros par an, et celui de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, 120 000 euros, pour surveiller l'opinion dans la Toile.
Suit une liste des espaces à surveiller de plus près, blogs et sites participatifs notamment, auxquels s'ajoutent, selon les termes de l'appel d'offre, médias traditionnels, dépêches d'agences, baromètres et enquêtes annuelles.
Non, ce n'est pas un canular: sur le site du Journal officiel, on retrouve bien cet appel d'offre pour le marché public de la veille de l'opinion parmi les personnels de l'Education nationale.
Aussi spectaculaire soit-elle, cette volonté d'identifier les leaders de la contestation n'est pas nouvelle. C'est en tous cas ce dont témoignait samedi une vingtaine de directeurs d'école réfractaires, réunis à Paris pour une journée de travail sur le fichier base-élèves.
Dans le Lot, quarante réfractaires à la base élève en avril, quatre aujourd'hui
Au total, cette toute première journée de coordination nationale, qui réunissait une vingtaine de collectifs départementaux, a rassemblé 75 personnes, dont de nombreux parents d'élèves. Leur but: faire le point sur "le fichage des enfants", notamment depuis le nouveau décret qui est venu modifier le contenu du fichier le 1er novembre dernier.
Mais aussi soutenir les directeurs d'écoles récalcitrants. Car le ministère met la pression sur ces derniers résistants au fichier, parfois quatre ans après le lancement de la base-élèves dans leur zone. Ils le disent d'ailleurs eux-mêmes, à l'instar de Jean:
"Entre une entrée en vigueur morcellée et le discours moderniste qui allait avec, le ministère a réussi à émietter la contestation. Le milieu enseignant a fini par entrer dedans honteusement. Dans le Lot, nous étions quarante directeurs d'école réfractaires en avril, dix en juillet, et seulement quatre aujourd'hui. Il était temps de monter au front nationalement alors que certains renonçaient parce qu'ils se sentaient lâchés."
Jean, à trois ans de la retraite, enseigne depuis trente-trois ans et gagne 2600 euros net. Directeur depuis plus de vingt ans, il travaille dans de "très petites écoles" et est aujourd'hui à la tête d'une classe unique:
"Dans les petites écoles, on suit les enfants pendant cinq ans, on a une relation beaucoup moins administrative au terrain. Or la Base-élèves et le fichage des élèves, c'est la mise à mort d'un encadrement que le ministère juge trop humaniste. J'en fais une question de principe et accepter de ficher mes élèves, ce serait comme un reniement à la fin de ma carrière."
Pression financière et menaces de fermetures de classes
Parce qu'il s'oppose, Jean y perd financièrement: pour faire taire la bronca contre le fichier base-élèves et ses scories (comme le numéro d'identifiant qui immatricule les enfants jusqu'à… 35 ans), la hiérarchie de l'Education nationale a décidé de sanctionner sur la fiche de paye.
Pour l'instant, le directeur d'école du Lot a eu deux retenues sur salaire, à raison d'un trentième du brut, soit environ 104 euros de moins à chaque fois. Une folie militante?
"Avant cela, je n'avais jamais eu de conflit dur avec l'inspection d'académie, j'étais bien noté et j'avais acquis une certaine légitimité: on me fait venir à l'IUFM! J'étais comme un dinosaure endormi, rangé des voitures en ce qui concerne le militantisme. Mais pour moi cette lutte-ci est encore plus fondamentale que toutes les autres, même celles pour les suppressions de postes."
Mireille, elle, est à la retraite depuis l'été, mais a ferraillé contre la base-élèves pendant deux ans depuis le Vercors, où elle était directrice d'école. Elle raconte que, lors d'une réunion publique organisée dans un village par des parents, la hiérarchie académique lui a ordonné de se taire, en la menaçant de sanctions. Elle n'en a rien fait et a même déposé un recours devant le Conseil d'Etat, cosigné d'un parent d'élèves. L'audience devant le Conseil d'Etat aura lieu le 26 novembre.
"On immatricule des enfants de cinq ans pour les trente-cinq années suivantes!"
Mireille, contrairement aux autres, n'a jamais vu son salaire amputé mais raconte que certains directeurs d'école commencent à flancher. Ainsi, cette instit rennaise qui a renoncé à un poste de direction à force de pressions. Ou encore ce courrier de l'inspection d'académie du Lot, que Rue89 s'est procuré, qui menace les directeurs d'école de fermer des classes:
"Le premier constat des saisies des élèves fait apparaître une diminution de l'ordre de cinq cents élèves par rapport à l'an dernier. Je rappelle que le constat arrêté au niveau académique et national sur lequel s'appuiera le travail de préparation de rentrée, notamment pour les suppressions et créations d'emplois, est celui de la base élèves."
Christophe, lui, promet de tenir bon. Directeur dans la Vienne, il avait pris contact avec Rue89 il y a plusieurs semaines mais hésitait à s'exprimer au grand jour (même s'il est syndiqué). Comme d'autres, il a subi des pressions. Par oral, on l'a menacé de sanctions de l'ordre d'une journée de salaire retenue par journée réfractaire. Sachant qu'il n'a pas flanché depuis la rentrée de septembre, la fronde commençait à peser cher: Christophe, six ans au compteur, gagne 1700 euros par mois.
Finalement,la pénalité sera la même que pour les autres: un trentième par lettre d'injonction. Sorti de l'anonymat, il espère mobiliser à nouveau:
"La base-élèves et le numéro d'immatriculation des enfants sont devenus des sujets tabous. Quand on en parle, on dirait que les collègues ne sont pas fiers, ils préfèrent regarder ailleurs."
En écho, Jean, pour qui les menaces verbales se sont transformées en retenue d'un trentième par injonction écrite, s'interroge : "comment la profession a pu basculer là-dedans?"
En juin, Darcos a parlé à l'Assemblée de "fichier liberticide". Depuis, ils disent qu'ils sont revenus en arrière en supprimant certains champs. Mais c'est un écran de fumée, car ce que nous avons fini par comprendre, c'est que c'est le numéro d'identifiant qui est le plus problématique. On immatricule des enfants de cinq ans pour les trente-cinq années suivantes!"
Côté ministère, on espère faire taire la contestation en affirmant que des modifications ont bien été faites dans le fichier, après que le ministre avait reconnu certains écueils à l'ancienne mouture, le 13 juin dernier.
Via Par Chloé Leprince | Rue89 | 09/11/2008
Reçue ce jour la lettre ouverte au ministre de l'éducation, d'une collègue enseignante et blogueuse. Directement inspirée par le sujet qui nous préoccupe ici.
" Monsieur le Ministre,
Vous l’avez donc remarqué, les enseignants sont concernés par…l’éducation.
De ce fait, nous nous intéressons de près à ce que vous dites et à ce que vous faites. Nous réagissons. Tantôt en accord, souvent en désaccord. Que voulez-vous, entre nous, nous avons déjà bien du mal à nous entendre…
L’enseignant d’aujourd’hui, je ne vous l’apprends pas, n’est plus l’enseignant d’hier. Le monde bouge. Il s’est donc adapté, tel un mutant, aux nouvelles exigences, aux nouveaux défis, en essayant de jamais perdre de vue l’essentiel, son élève, ses élèves, les élèves.
Cette adaptation l’a tout naturellement amené à se saisir d’un mode de communication qui, depuis quelques années a pris un essor relativement important, et qui n’en est qu’à ses débuts, le blogging.
Des blogs de profs, des sites d’instits, des forums de professionnels ont vu le jour un peu partout. Peu à peu ils ont tissé un véritable réseau d’échanges, formidable vivier d’énergies, de propositions, de contre-propositions. Via Internet, les enseignants se sont donc emparés d’un concept directement lié à celui de la démocratie participative, le dialogue en direct.
Il semble que vous soyez intrigué par ce nouveau phénomène.
Des enseignants qui discutent, s’empoignent parfois, en dehors des heures de présence dans l’institution, en dehors des partis ou des groupements syndicaux. La nuit, les jours fériés, les week-end.
Des enseignants qui partagent entre eux leurs aventures pédagogiques, témoignent sans détour de leurs expériences sur le terrain.
Des enseignants qui mettent gratuitement à la disposition de leurs collègues ou de leurs élèves, du contenu personnel, des fiches, des cours, des outils, du temps!
Des enseignants qui s’adressent aux parents, qui expliquent, qui entrent en contact, qui n’ont pas peur.
Des enseignants qui sortent de leur réserve, qui n’ont rien à cacher, qui osent exprimer leurs doutes et leurs réussites, sans gloire ni honte.
Ces enseignants blogueurs semblent vous surprendre.
Qui sont-ils? Que disent-ils? Où sont-ils?
Mais Monsieur le Ministre, nous sommes là! Il suffirait d’un ou deux clics pour que vous entriez dans notre blogosphère, nul besoin d’embaucher des chasseurs, nul besoin de dépenser 200 000 euros, nul besoin d’une équipe de veille. NOUS SOMMES LA!
Vous voulez comprendre? Et bien venez, participez, entrez dans la ronde, vous y êtes invité! Nous ne serons pas toujours d’accord, et alors? Vous ne serez pas forcément accueilli avec les usages du politiquement correct, et alors? C’est le risque à prendre. Mais derrière ce risque, et comme en résonance immédiate, le mot “ensemble” trouve toute sa puissance. Ensemble, même différents. Ensemble même sans être d’accord. C’est cela la force d’Internet. Etre ensemble malgré la distance et en dépit des idées qui nous séparent.
Je puis en témoigner aujourd’hui, après quelques mois de blogging, j’ai tant appris, j’ai découvert tant de talents. Vous cherchez des leaders d’opinion? Si je puis me permettre, Monsieur le Ministre, cherchez juste des enseignants, vous trouverez des femmes et des hommes passionnés, inventifs, acharnés.
Alors voilà, je vous invite à nous rejoindre, je vous invite à tenter l’expérience. Ici et dès à présent. Ici ou ailleurs. Nous sommes des milliers. Si vous vous considérez comme un parmi nous, votre place est avec nous.
Alors, le voulez-vous?
Certains disent WE CAN DO IT!
D’autres N’AYEZ PAS PEUR!
Ce soir j’ai l’audace de vous le demander en direct:
LE VOULEZ-VOUS? "
L'adresse de cette lettre sur le blog Bleu Primaire
" Monsieur le Ministre,
Vous l’avez donc remarqué, les enseignants sont concernés par…l’éducation.
De ce fait, nous nous intéressons de près à ce que vous dites et à ce que vous faites. Nous réagissons. Tantôt en accord, souvent en désaccord. Que voulez-vous, entre nous, nous avons déjà bien du mal à nous entendre…
L’enseignant d’aujourd’hui, je ne vous l’apprends pas, n’est plus l’enseignant d’hier. Le monde bouge. Il s’est donc adapté, tel un mutant, aux nouvelles exigences, aux nouveaux défis, en essayant de jamais perdre de vue l’essentiel, son élève, ses élèves, les élèves.
Cette adaptation l’a tout naturellement amené à se saisir d’un mode de communication qui, depuis quelques années a pris un essor relativement important, et qui n’en est qu’à ses débuts, le blogging.
Des blogs de profs, des sites d’instits, des forums de professionnels ont vu le jour un peu partout. Peu à peu ils ont tissé un véritable réseau d’échanges, formidable vivier d’énergies, de propositions, de contre-propositions. Via Internet, les enseignants se sont donc emparés d’un concept directement lié à celui de la démocratie participative, le dialogue en direct.
Il semble que vous soyez intrigué par ce nouveau phénomène.
Des enseignants qui discutent, s’empoignent parfois, en dehors des heures de présence dans l’institution, en dehors des partis ou des groupements syndicaux. La nuit, les jours fériés, les week-end.
Des enseignants qui partagent entre eux leurs aventures pédagogiques, témoignent sans détour de leurs expériences sur le terrain.
Des enseignants qui mettent gratuitement à la disposition de leurs collègues ou de leurs élèves, du contenu personnel, des fiches, des cours, des outils, du temps!
Des enseignants qui s’adressent aux parents, qui expliquent, qui entrent en contact, qui n’ont pas peur.
Des enseignants qui sortent de leur réserve, qui n’ont rien à cacher, qui osent exprimer leurs doutes et leurs réussites, sans gloire ni honte.
Ces enseignants blogueurs semblent vous surprendre.
Qui sont-ils? Que disent-ils? Où sont-ils?
Mais Monsieur le Ministre, nous sommes là! Il suffirait d’un ou deux clics pour que vous entriez dans notre blogosphère, nul besoin d’embaucher des chasseurs, nul besoin de dépenser 200 000 euros, nul besoin d’une équipe de veille. NOUS SOMMES LA!
Vous voulez comprendre? Et bien venez, participez, entrez dans la ronde, vous y êtes invité! Nous ne serons pas toujours d’accord, et alors? Vous ne serez pas forcément accueilli avec les usages du politiquement correct, et alors? C’est le risque à prendre. Mais derrière ce risque, et comme en résonance immédiate, le mot “ensemble” trouve toute sa puissance. Ensemble, même différents. Ensemble même sans être d’accord. C’est cela la force d’Internet. Etre ensemble malgré la distance et en dépit des idées qui nous séparent.
Je puis en témoigner aujourd’hui, après quelques mois de blogging, j’ai tant appris, j’ai découvert tant de talents. Vous cherchez des leaders d’opinion? Si je puis me permettre, Monsieur le Ministre, cherchez juste des enseignants, vous trouverez des femmes et des hommes passionnés, inventifs, acharnés.
Alors voilà, je vous invite à nous rejoindre, je vous invite à tenter l’expérience. Ici et dès à présent. Ici ou ailleurs. Nous sommes des milliers. Si vous vous considérez comme un parmi nous, votre place est avec nous.
Alors, le voulez-vous?
Certains disent WE CAN DO IT!
D’autres N’AYEZ PAS PEUR!
Ce soir j’ai l’audace de vous le demander en direct:
LE VOULEZ-VOUS? "
L'adresse de cette lettre sur le blog Bleu Primaire