Rassurez-vous, je ne vais pas vous gratifier d’un exposé pontifiant sur les oscars et Jean Dujardin, il y a des incompétents en surnombre qui s’en chargent depuis ce matin. Non, je vais vous narrer un épisode passé inaperçu… Un incident technique, sans doute.
Il s’agit de la remise de l’Oscar dans la catégorie « le pire navet de la campagne ». C’est Jacques Chirac, qui l’a souvent gagné dans le passé - son interprétation pathétique de « la fracture sociale », notamment, avait frappé les foules - qui le remet à Nicolas Sarkozy.
Les nominés dans la catégorie étaient :
- Jean-Louis Borloo, Christine Boutin, Frédéric Nihous et Hervé Morin pour « Finalement, je me rallie à Sarko ».
(Effectivement, c’est un nanard redoutable, au scénario complètement téléphoné. Mais les acteurs ont touché de gros cachets…)
- François Bayrou dans « Je suis différent des autres, mais il faut quand même payer la dette ».
(Oui, nous sommes dans la succession de « Je vais faire bouger les lignes », sorti en 2007. Totalement invraisemblable et ridicule. A se demander comment il fait pour trouver un producteur avec un scénario aussi peu crédible.)
- Marine Le Pen, dans « Je suis pour la laïcité et les ouvriers (blancs) » (précédé du court-métrage « j’aurai pas mes signatures »)
(Là encore, on est bien dans le foutage de gueule. C’est une resucée totale, malgré le renouvellement du générique et le rajeunissement de la distribution, tout le monde a reconnu les grosses ficelles déclinées par son père dans « Les bougnoles dehors » (1, 2, 3, 4 et 5, sortis respectivement en 1974, 88, 95, 2002 et 2007)
- Flanby, pour le triptyque « Je suis de gauche », « je vais réenchanter le rêve français » et surtout « je vais mettre la finance au pas », qui ont déjà fait se tordre de rire les critiques avisés.
Mais impossible de lutter, the winner is : Nicolas Sarkozy.
Il monte sur scène en roulant des épaules, et repousse fermement Enrico Macias et Mireille Mathieu qui veulent monter avec lui.
« Ah, merci, merci… Je suis ému, je ne m’y attendais pas. Guaino n’a pas eu le temps de me préparer de texte, mais je vais remercier toute mon équipe, sans laquelle rien n’aurait été possible.
Tout d’abord ma femme, Carla. Une vraie petite femme au foyer, simple comme tout, proche des Françaises. Tiens, j’vais vous faire une confidence (car maintenant je suis un mec sympa qui fait des confidences en souriant), je l’appelle Bobonne. Une ménagère de moins de 50 ans, qui passe ses journées en jogging bouloché et bigoudis, et qui regarde « Plus belle la vie » et « l’amour est dans le pré » en reprisant mes chaussettes et en repassant mes caleçons. Ah la brave femme…
Des femmes, j’en suis entouré, d’ailleurs… Tiens, je remercie Nadine Morano, qui est une grande dame pleine de classe, en plus d’être l’interprète des préoccupations populaires. Je pense aussi à Rachida Dati, cet exemple pour la France de la diversité, ce symbole de compétence et de désintéressement, que j’ai d’ailleurs toujours soutenue.
Mon producteur, Eric Woerth, c’est un gars honnête et droit, qui n’a toujours œuvré que dans l’intérêt des Français.
Et mes petites mains, mes financiers, Takieddine, Djourhi, Bourgi, mon service d’ordre, Guéant, Hortefeux, Squarcini, Péchenard : ce sont tout simplement de grands serviteurs de l’Etat.
Mes amis Bernard Arnault et Mme Bettencourt sont aussi des gens simples, des Français comme les autres. Comme tous les Français, ils doivent pouvoir transmettre à leurs enfants le petit pécule qu’ils ont accumulé au terme d’une vie de labeur.
J’entends des reproches sur le yacht de mon copain Bolloré… On a beaucoup exagéré, ce n’était qu’une barcasse austère, un optimist en à peine plus grand. D’ailleurs mes amis, étranglés par les charges et les conséquences des 35 heures, n’ont pas toujours les moyens d’entretenir leur matériel. On voit le résultat …
Et le Fouquet’s ? Bah, c’est un p’tit troquet sympa, où une bande de potes tue le temps en commentant les résultats sportifs autour d’un ballon de rouge et d’un bol d’apéricubes. Regarde Proglio. Toujours prêt à rendre service. Tiens, la semaine dernière, y’avait Jean-Louis, un pote à moi qu’avait perdu son boulot y’a quelques mois. Eh ben Riton il a lui a trouvé un nouveau boulot. Bon finalement ça s’est pas fait, mais le cœur y était. Y sont comme ça.
T’as qu’à voir l’industrie, fastoche, dès qu’une boîte coule, un de mes potes du Fouquet’s retrouve du boulot à tout le monde. On est comme ça, chez nous. C’est simple, c’est clair, je ne vous mentirai pas, je ne vous trahirai pas. Et je vais sauver Florange, comme j’ai déjà sauvé Gandrange, voilà tout…
C’est simple, chuis un gars simple et sympa, proche des gens et abordable, un grand garçon très calme, parfaitement apte à vous protéger des requins de la finance. Comme vous je prends le train, j’aime la France, les Français, les ouvriers , les paysans, les auxiliaires de vie scolaire (NDLR : voir aussi le dernier Fakir), ma boulangère… Sans oublier les journalistes. Les chômeurs ? On va les remettre au boulot, !
La semaine dernière, j’ai déclaré mon amour pour l’agriculture. Car c’est vrai, quoi, chuis un gars de la campagne : j’habitais à la lisière de la forêt (le bois de Boulogne). Question plantations, j’arrosais les géraniums de ma mère, et question élevage, je donnais du pain aux canards du jardin d’acclimatation, où j’allais le dimanche avec tous les paysans du coin. Un rural, quoi. Et entre ruraux, on se comprend, non ?
On va tout de même pas se laisser emmerder par des zécolos intégristes aux lunettes ridicules, à l’accent pas de chez nous, et qui savent pas se coiffer, hein ?
Mes réformes n’ont pas été bien comprises. La retraite à 62 ans, c’est pour le bien des ouvriers. Le bouclier fiscal, c’est pour le bien des boulangères. La baisse des droits de succession, c’est pour le bien des auxiliaires de vie scolaire. Et la hausse de la TVA, c’est pour le bien des Français. Un bienfaiteur, que je suis, c’est ça. »
Voilà, il est l’heure de rendre l’antenne, ici Hollywood, à vous les studios, je vous rappelle l’information de la soirée, l’oscar du pire navet de la campagne, remis à Nicolas Sarkozy pour son film « j’ai changé ».
Retrouvez Superno sur son blog.
Il s’agit de la remise de l’Oscar dans la catégorie « le pire navet de la campagne ». C’est Jacques Chirac, qui l’a souvent gagné dans le passé - son interprétation pathétique de « la fracture sociale », notamment, avait frappé les foules - qui le remet à Nicolas Sarkozy.
Les nominés dans la catégorie étaient :
- Jean-Louis Borloo, Christine Boutin, Frédéric Nihous et Hervé Morin pour « Finalement, je me rallie à Sarko ».
(Effectivement, c’est un nanard redoutable, au scénario complètement téléphoné. Mais les acteurs ont touché de gros cachets…)
- François Bayrou dans « Je suis différent des autres, mais il faut quand même payer la dette ».
(Oui, nous sommes dans la succession de « Je vais faire bouger les lignes », sorti en 2007. Totalement invraisemblable et ridicule. A se demander comment il fait pour trouver un producteur avec un scénario aussi peu crédible.)
- Marine Le Pen, dans « Je suis pour la laïcité et les ouvriers (blancs) » (précédé du court-métrage « j’aurai pas mes signatures »)
(Là encore, on est bien dans le foutage de gueule. C’est une resucée totale, malgré le renouvellement du générique et le rajeunissement de la distribution, tout le monde a reconnu les grosses ficelles déclinées par son père dans « Les bougnoles dehors » (1, 2, 3, 4 et 5, sortis respectivement en 1974, 88, 95, 2002 et 2007)
- Flanby, pour le triptyque « Je suis de gauche », « je vais réenchanter le rêve français » et surtout « je vais mettre la finance au pas », qui ont déjà fait se tordre de rire les critiques avisés.
Mais impossible de lutter, the winner is : Nicolas Sarkozy.
Il monte sur scène en roulant des épaules, et repousse fermement Enrico Macias et Mireille Mathieu qui veulent monter avec lui.
« Ah, merci, merci… Je suis ému, je ne m’y attendais pas. Guaino n’a pas eu le temps de me préparer de texte, mais je vais remercier toute mon équipe, sans laquelle rien n’aurait été possible.
Tout d’abord ma femme, Carla. Une vraie petite femme au foyer, simple comme tout, proche des Françaises. Tiens, j’vais vous faire une confidence (car maintenant je suis un mec sympa qui fait des confidences en souriant), je l’appelle Bobonne. Une ménagère de moins de 50 ans, qui passe ses journées en jogging bouloché et bigoudis, et qui regarde « Plus belle la vie » et « l’amour est dans le pré » en reprisant mes chaussettes et en repassant mes caleçons. Ah la brave femme…
Des femmes, j’en suis entouré, d’ailleurs… Tiens, je remercie Nadine Morano, qui est une grande dame pleine de classe, en plus d’être l’interprète des préoccupations populaires. Je pense aussi à Rachida Dati, cet exemple pour la France de la diversité, ce symbole de compétence et de désintéressement, que j’ai d’ailleurs toujours soutenue.
Mon producteur, Eric Woerth, c’est un gars honnête et droit, qui n’a toujours œuvré que dans l’intérêt des Français.
Et mes petites mains, mes financiers, Takieddine, Djourhi, Bourgi, mon service d’ordre, Guéant, Hortefeux, Squarcini, Péchenard : ce sont tout simplement de grands serviteurs de l’Etat.
Mes amis Bernard Arnault et Mme Bettencourt sont aussi des gens simples, des Français comme les autres. Comme tous les Français, ils doivent pouvoir transmettre à leurs enfants le petit pécule qu’ils ont accumulé au terme d’une vie de labeur.
J’entends des reproches sur le yacht de mon copain Bolloré… On a beaucoup exagéré, ce n’était qu’une barcasse austère, un optimist en à peine plus grand. D’ailleurs mes amis, étranglés par les charges et les conséquences des 35 heures, n’ont pas toujours les moyens d’entretenir leur matériel. On voit le résultat …
Et le Fouquet’s ? Bah, c’est un p’tit troquet sympa, où une bande de potes tue le temps en commentant les résultats sportifs autour d’un ballon de rouge et d’un bol d’apéricubes. Regarde Proglio. Toujours prêt à rendre service. Tiens, la semaine dernière, y’avait Jean-Louis, un pote à moi qu’avait perdu son boulot y’a quelques mois. Eh ben Riton il a lui a trouvé un nouveau boulot. Bon finalement ça s’est pas fait, mais le cœur y était. Y sont comme ça.
T’as qu’à voir l’industrie, fastoche, dès qu’une boîte coule, un de mes potes du Fouquet’s retrouve du boulot à tout le monde. On est comme ça, chez nous. C’est simple, c’est clair, je ne vous mentirai pas, je ne vous trahirai pas. Et je vais sauver Florange, comme j’ai déjà sauvé Gandrange, voilà tout…
C’est simple, chuis un gars simple et sympa, proche des gens et abordable, un grand garçon très calme, parfaitement apte à vous protéger des requins de la finance. Comme vous je prends le train, j’aime la France, les Français, les ouvriers , les paysans, les auxiliaires de vie scolaire (NDLR : voir aussi le dernier Fakir), ma boulangère… Sans oublier les journalistes. Les chômeurs ? On va les remettre au boulot, !
La semaine dernière, j’ai déclaré mon amour pour l’agriculture. Car c’est vrai, quoi, chuis un gars de la campagne : j’habitais à la lisière de la forêt (le bois de Boulogne). Question plantations, j’arrosais les géraniums de ma mère, et question élevage, je donnais du pain aux canards du jardin d’acclimatation, où j’allais le dimanche avec tous les paysans du coin. Un rural, quoi. Et entre ruraux, on se comprend, non ?
On va tout de même pas se laisser emmerder par des zécolos intégristes aux lunettes ridicules, à l’accent pas de chez nous, et qui savent pas se coiffer, hein ?
Mes réformes n’ont pas été bien comprises. La retraite à 62 ans, c’est pour le bien des ouvriers. Le bouclier fiscal, c’est pour le bien des boulangères. La baisse des droits de succession, c’est pour le bien des auxiliaires de vie scolaire. Et la hausse de la TVA, c’est pour le bien des Français. Un bienfaiteur, que je suis, c’est ça. »
Voilà, il est l’heure de rendre l’antenne, ici Hollywood, à vous les studios, je vous rappelle l’information de la soirée, l’oscar du pire navet de la campagne, remis à Nicolas Sarkozy pour son film « j’ai changé ».
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