Exclusif @si :
A chaque jour ses révélations. Aujourd'hui, c'est notre tour. @si avait installé depuis de nombreuses années un très discret dictaphone (photo ci-dessous), dans le cabinet particulier de Liliane Bettencourt. Nous venons d'entrer en possession des bandes, que nous mettons à la disposition du parquet des Hauts de Seine, de l'administration fiscale, et de nos confrères du Point, pour leur numéro de la semaine prochaine. Nous avons choisi de publier un extrait de conversation entre Liliane Bettencourt et son homme de confiance Patrice de Maistre, le jour de 2008 où l'on apprend que Bettencourt va bénéficier d'une restitution de 30 millions d'euros, au titre du bouclier fiscal.
P. de M. (enjoué) Bonjour Madame. J'ai une bonne nouvelle pour vous ce matin. Nous avons une restitution.
L.B. (suprise) Une contribution ?
P. de M. Non, une restitution. C'est beaucoup d'argent : trente millions d'euros.
L.B. (agacée) Ils veulent qu'on leur donne encore trente millions ?
P. de M. (jovial) Non madame. Ils nous les rendent. Les impôts nous les rendent. C'est le bouclier fiscal.
L.B. Un collier d'opales ?
P. de M. Non, un bouclier fiscal. C'est une loi de Sarkozy.
L.B. Comment ? Sarkozy me fait un cadeau ?
P. de M. Non madame, ce n'est pas à proprement parler un cadeau. C'est une loi. Votée par le Parlement. Mais c'est la même chose.
L.B. (un long silence). Les impôts nous donnent de l'argent ? C'est amusant. (Un long silence). Il est sympathique, ce Sarkozy. C'est si rare, qu'on me fasse des cadeaux.
P. de M. Très. Très sympathique.
L.B. (après un temps de réflexion) Mais pourquoi nous font-ils des cadeaux ?
P. de M. Parce qu'ils sont sympathiques. En fait, ce n'est pas seulement pour vous. C'est une mesure prise pour les artistes, comme Johnny. C'est pour qu'ils ne partent pas à l'étranger. Parce que le fisc leur prenait vraiment beaucoup.
L.B. (songeuse). Ah oui, c'est dur, pour les artistes. (Un long silence). Mais moi, je ne veux pas aller en Suisse. Ni à Bruxelles. Il pleut toujours, à Bruxelles. Presque autant qu'en Bretagne. J'en ai assez, de la Bretagne.
P. de M. Bien entendu, Madame, je suis d'accord avec vous sur la Bretagne. Mais c'est la loi. Nous ne pouvons pas refuser. Et donc, je viens d'avoir Woerth, vous savez, le mari de la dame que vous employez. Il demande sur quel compte il faut verser l'argent. Comme il semblait pressé de vous signer le chèque, pour vous être agréable, je lui ai conseillé la BNP. Après, une fois que ce sera sur le compte, on s'arrangera. Comme il vient dîner après-demain soir, il a proposé de l'apporter lui-même.
L.B. Ah oui, c'est une bonne idée. Vous me ferez bien penser à le remercier.
P. de M. Bien entendu, Madame.
L.B. : Comme ils sont sympathiques. Nous sommes tout de même entourés de gens symathiques.
Interruption de la conversation.
Daniel Schneidermann
A chaque jour ses révélations. Aujourd'hui, c'est notre tour. @si avait installé depuis de nombreuses années un très discret dictaphone (photo ci-dessous), dans le cabinet particulier de Liliane Bettencourt. Nous venons d'entrer en possession des bandes, que nous mettons à la disposition du parquet des Hauts de Seine, de l'administration fiscale, et de nos confrères du Point, pour leur numéro de la semaine prochaine. Nous avons choisi de publier un extrait de conversation entre Liliane Bettencourt et son homme de confiance Patrice de Maistre, le jour de 2008 où l'on apprend que Bettencourt va bénéficier d'une restitution de 30 millions d'euros, au titre du bouclier fiscal.
P. de M. (enjoué) Bonjour Madame. J'ai une bonne nouvelle pour vous ce matin. Nous avons une restitution.
L.B. (suprise) Une contribution ?
P. de M. Non, une restitution. C'est beaucoup d'argent : trente millions d'euros.
L.B. (agacée) Ils veulent qu'on leur donne encore trente millions ?
P. de M. (jovial) Non madame. Ils nous les rendent. Les impôts nous les rendent. C'est le bouclier fiscal.
L.B. Un collier d'opales ?
P. de M. Non, un bouclier fiscal. C'est une loi de Sarkozy.
L.B. Comment ? Sarkozy me fait un cadeau ?
P. de M. Non madame, ce n'est pas à proprement parler un cadeau. C'est une loi. Votée par le Parlement. Mais c'est la même chose.
L.B. (un long silence). Les impôts nous donnent de l'argent ? C'est amusant. (Un long silence). Il est sympathique, ce Sarkozy. C'est si rare, qu'on me fasse des cadeaux.
P. de M. Très. Très sympathique.
L.B. (après un temps de réflexion) Mais pourquoi nous font-ils des cadeaux ?
P. de M. Parce qu'ils sont sympathiques. En fait, ce n'est pas seulement pour vous. C'est une mesure prise pour les artistes, comme Johnny. C'est pour qu'ils ne partent pas à l'étranger. Parce que le fisc leur prenait vraiment beaucoup.
L.B. (songeuse). Ah oui, c'est dur, pour les artistes. (Un long silence). Mais moi, je ne veux pas aller en Suisse. Ni à Bruxelles. Il pleut toujours, à Bruxelles. Presque autant qu'en Bretagne. J'en ai assez, de la Bretagne.
P. de M. Bien entendu, Madame, je suis d'accord avec vous sur la Bretagne. Mais c'est la loi. Nous ne pouvons pas refuser. Et donc, je viens d'avoir Woerth, vous savez, le mari de la dame que vous employez. Il demande sur quel compte il faut verser l'argent. Comme il semblait pressé de vous signer le chèque, pour vous être agréable, je lui ai conseillé la BNP. Après, une fois que ce sera sur le compte, on s'arrangera. Comme il vient dîner après-demain soir, il a proposé de l'apporter lui-même.
L.B. Ah oui, c'est une bonne idée. Vous me ferez bien penser à le remercier.
P. de M. Bien entendu, Madame.
L.B. : Comme ils sont sympathiques. Nous sommes tout de même entourés de gens symathiques.
Interruption de la conversation.
Daniel Schneidermann