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Le Grand prix Matignon 2010 est finalement remporté par… François Fillon. Débarqué des écuries de Matignon la veille, il retrouve son enclos avec quelques nouveaux poulains et des purs-sangs bien connus
Ouf, fini ! 8 mois de courses. Une bonne centaine de partants. Des côtes qui varient au gré des courants. Des favoris qui trébuchent devant l’obstacle. Des vieilles gloires sur le retour. De jeunes étalons qui se rêvent en pur sangs. Le Grand Prix Matignon 2010 aura essoufflé jusqu’au plus fidèle de ses suiveurs. Et c’est soulagés que journaux, radios et télés ont pu écouter le patron des écuries du Palais, aussi appelé secrétaire général, Claude Guéant, égrener le nom des 31 arrivants.
Fillon
Enfin tirée, la photo finish du plus long tiercé du monde ne présente que peu de surprises. François Fillon, casaque triste, emporte une troisième fois la mise. Le Sarthois a laissé s’essouffler ses concurrents, le galopeur de Valenciennes Jean-Louis Borloo, avant de finir au trot. La victoire de la rigueur sur un terrain rendu très sec par la crise, l’asséchement budgétaire et le battage récurrent de pavé.
Habitué aux soubresauts de la rue, au point d’être éjecté du Grand Prix Matignon 1997, Alain "droit dans ses bottes" Juppé a sorti la tête dans la dernière ligne droite, pour terminer à une enjambée du vainqueur. Come back réussi et un box confortable. Ministre de la Défense, n° 2 du gouvernement et toujours maire de Bordeaux. La prime à l’expérience.
Donnée toujours partante, la pouliche basque Michèle Alliot-Marie a appris à marcher au pas. Et à déjouer les pronostics. En jouant placé. Dressée à la Défense, la trotteuse de la droite politique continue de tracer son chemin. Après l’Intérieur, la Justice, voici les Affaires étrangères. Un quasi grand chelem sur les grands hippodromes de l’État. Ne manque qu’un peu de panache, et un chouïa d’audace pour remporter une victoire de prestige. Peut-être l’entrée dans la cour du gouvernement de son compagnon, Patrick Ollier, saura-t-elle lui apporter ce petit supplément d’âme. Chargé des relations avec le parlement, "POM" pourrait au moins lui faciliter les relations avec les spectateurs du Parlement.
Peu intéressés par la victoire finale, les valeurs sûres Eric Besson, Brice Hortefeux, Christine Lagarde se sont contentés de regarder s’ébrouer la concurrence, à un train de sénateur. Loin devant les prétendants aux places d’honneur, les étalons du haras Sarkozy ont conservé leur casaque. Et de rallier leurs premiers pavillons. Besson retrouve l’économie numérique, Hortefeux reprend sur sa selle l’Immigration.
Prime aux hennissements, François Baroin, conservant sa place au Budget, devient même porte-parole du gouvernement. Solidement ancré à la corde de la Ruralité, Bruno Le Maire continue de faire fructifier son élevage villepiniste. Et entraîne dans son sillage deux coursiers sortis de l’écurie du Poète, Anne Marie Montchamp et Georges Tron. Qui alimentent la cohorte des secrétaire d’Etat pour services rendus ou à rendre, à l’instar de Thierry Mariani (Transport), ou Frédéric Lefèbvre (Artisanat).
Sur le fil, l’outsider Jeannette Bougrab parvient à figurer à accrocher ce dernier wagon. Profitant d’une énième foucade de l’indomptée Rama Yade, la présidente de la Halde emporte in extremis un strapontin à la Jeunesse. Dernière place disponible.
Non partant, Bernard "Factures Etrangères" Kouchner n’a semble-t-il pas même traîné aux alentours du champs des courses. La mort de feu Omar Bongo a ratiboisé sa cote. Pas un parieur pour miser sur lui.
Hésitant sur le bosquet Bettencourt, trébuchant dans la rivière Retraite, Eric Woerth a mal négocié le virage d’été. Affaibli, harassé, il n’a pas franchi la ligne d’arrivée. Une cure de soin à l’Assemblée, assortie d’une immunité parlementaire lui semble promise. Un repos auquel les 31 arrivants ne peuvent guère aspirer.
Car le grand jockey en chef, Nicolas Sarkozy, n’a qu’un objectif en tête. Le Grand Prix 2012 de l’Elysée. Ça va cravacher…
Lundi 15 novembre par XAVIER MONNIER
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