« Le financement du service public de l’audiovisuel devrait être clarifié. France Télévisions regroupe de nombreuses chaînes, dont trois réseaux nationaux hertziens analogiques et capte ses ressources à la fois par un financement public et par des recettes publicitaires. Ce groupe finance ses besoins à hauteur de deux tiers par des fonds publics (le Contrat d’objectifs et de moyens de France Télévisions prévoit d’ailleurs une augmentation de 3 % en moyenne par an de la ressource publique affectée à France Télévisions, et de plus de 3,5 % en 2008) et un tiers par des recettes publicitaires. Cette “ponction”, très significative sur le marché publicitaire, est pourtant minoritaire pour les besoins de financement du groupe public.
Le financement public dont bénéficie France Télévisions lui permet ainsi de mener une véritable politique de dumping entraînant une pression artificielle à la baisse du coût des écrans publicitaires et tirant l’ensemble du marché publicitaire vers le bas. Ce mode de financement mixte se révèle donc dangereux pour l’ensemble des acteurs commerciaux de la télévision. Afin de remédier au sous-financement structurel de la télévision, il conviendrait de prendre exemple sur le modèle britannique : celui d’un service public de l’audiovisuel fort, dont les missions sont clairement identifiées et qui est financé exclusivement par des fonds publics. Cette approche aurait le mérite d’assainir le marché publicitaire français soumis enfin aux seules lois de l’offre et de la demande. Toute augmentation de la redevance pourrait être perçue comme légitime par les Français si elle leur permet de bénéficier d’un réel service public émancipé des seules contraintes d’audience. »
Pure coïncidence ? Encore une fois, difficile à avaler. Dans cette note, TF1 demande également une dérégulation importante du marché publicitaire de la télévision en s’appuyant sur la directive européenne Services de médias audiovisuels. Cette revendication est rédigée en ces termes :
« Pour accroître l’investissement publicitaire en télévision, les pouvoirs publics doivent impérativement desserrer une réglementation malthusienne de la ressource. La publicité télévisée est, en effet, un véritable levier de relance de la consommation et, par conséquent, de la croissance économique ; elle stimule la demande, encourage la concurrence et développe l’innovation. Il apparaît, dès lors, paradoxal que, dans le même temps, les pouvoirs publics se montrent soucieux de relancer la croissance de notre pays sans chercher, par ailleurs, à libéraliser ce vecteur. Dès lors et afin de relancer d’une part la croissance et, d’autre part, le développement de son marché audiovisuel, la France, dont la réglementation se situe largement au-delà des règles minimales fixées par la Commission européenne, devrait s’aligner sur les règles régissant les marchés de nos voisins européens en adoptant les dispositions de cette directive.
Il s’avère donc nécessaire d’envisager :
- Le déplafonnement quotidien des 144 minutes afin de s’aligner sur le plafond européen de 12 minutes en moyenne par heure.
- Le passage de l’heure glissante à l’heure d’horloge : l’heure glissante est en effet une spécificité française en Europe qui complexifie la gestion de l’antenne.
- L’autorisation d’une seconde coupure publicitaire dans les œuvres, permettant notamment d’optimiser l’investissement dans les œuvres de 90 minutes, qui demeurent un genre apprécié du public mais extrêmement lourd à financer.
- Une libéralisation totale de l’accès du secteur de la distribution à la publicité.
- Un allègement des règles de parrainage. (...) »
Et qu’a décidé le gouvernement à partir de 2009 ?
- le déplafonnement de la publicité sur les chaînes privées en la portant de six à neuf minutes en moyenne par heure,
- le passage de l’heure glissante à l’heure d’horloge,
- l’autorisation d’une seconde coupure publicitaire dans les films et téléfilms.
Il n’a pas libéralisé totalement l’accès du secteur de la distribution à la publicité, qui aurait déstabilisé encore plus la presse quotidienne, déjà durement touchée par la crise, mais le projet de loi prévoit une petite cerise sur le gâteau : l’autorisation du placement de produits dans les programmes. Soit une nouvelle source potentielle de recettes publicitaires pour les chaînes.
Je vous signale qu'aux USA une telle collusion ferait l'objet immédiat d'au moins une commission d'enquête parlementaire. Voire d'un procédure d'empêchement. Chez nous, silence radio. Rien d'étonnant de la part des députés de la majorité. En revanche le silence assourdissant de l'opposition, qui se contente de faire de l'obstruction au lieu de s'attaquer au fond du problème, est pour le moins curieux, pour ne pas dire suspect. A mon humble avis le lobbying de TF1 ne vise pas que les députés de la majorité. Et apparemment, il est efficace.
Références de l'article de télérama :
NDLR
La loi est désormais votée. Les jeux sont faits, rien ne va plus !
Elle entrera en application en janvier 2009. En ce qui me concerne je déteste et la pub et la télévision ; je ne serai donc pas concerné. Mais je ne suis certes pas un échantillon représentatif de la population française (Dieu m'en garde !)
La collusion étant avérée il est maintenant évident que son but n'était pas, comme le proclame les féaux de Sarkozy, d'améliorer la qualité des prestations des chaînes publiques. Son but était de rendre service à TF1. Objectif atteint.
Quel est le maintenant souhait le plus vif de TF1 ? Tant il lest vrai que c'est de ce côté qu'il faut porter son attention. Que les chaînes publiques disparaissent ou soient tellement affaiblies que cela revienne au même. Ne doutez pas une seconde, que d'une façon ou d'une autre, dans les années qui viennent, ce souhait sera exaucé. La technique sera très simple : les chaînes publiques n'auront plus comme ressource que les subventions de l'Etat. Or, la subvention de l'Etat est garantie...pour 2009. Et encore ! A un niveau tel que les syndicats et la direction n'hésitent pas à parler d'une exécution programmée des chaînes publiques. En 2010 ce sera pire, évidemment. Fatalement, on finira par dire que les chaînes publiques ne sont pas capables d'assurer leur service public et on privatisera le tout. On est en train de faire la même chose avec l'Education.
Je vous rappelle qu'à l'époque l'Etat avait fait cadeau de sa chaîne publique principale à Bouygues, à la suite d'un simulacre de compétition, où Bouygues avait emporté le morceau parce cette société avait proposé le meilleur "mieux disant intellectuel" Permettez moi de pouffer. Bonjour le respect du cahier des charges !
A la suite de la déclaration de Sarkozy en début 2008 j'avais écrit dans ce blog :
"La bonne nouvelle : la publicité va être supprimée des chaînes publiques. La mauvaise nouvelle : il n'y aura plus de chaînes publiques..."